Mes sœurs, après 400 ans, est-ce que vous vous y êtes enfin mis ? Laissant de côté les vieux paniers en osier, êtes-vous passées au panier de quête électronique, tellement plus tendance ? Croyez-en l’économe de mon couvent, l’effet carte bleu est bon pour les finances. On compte ses piécettes avec parcimonie, mais effleurer du doigt un écran tactile nous semble coûter moins. C’est que l’on y tient à nos pièces. On les scrute, on les chérit. On finit par se reconnaître dans leur effigie. Et finalement on s’évalue, on s’estime, en montant de monnaie. A force de fixer ses sous, on en oublie de regarder les autres, les visages non faits d’or, ou de métal mais de chair et de sang.
Car enfin, notre vraie richesse, toujours, c’est le visage de l’autre. Le sourire que nous y aurons semé, les larmes que nous y aurons séché. Le baiser, peut-être dont nous l’aurons effleuré. Je suis riche de la face de l’autre lorsque, grâce à moi, elle s’éclaire. Aussi bien, ceux qui tendent un piège à Jésus se trompent. Ils disent : « Ce n’est pas selon l’apparence que tu considères les gens ». Grossière erreur. J’espère, moi, que Jésus me regarde et qu’il me dévisage. Qu’il lit la détresse de la mère effrayée protégeant son enfant sous une pluie de bombes. Jésus se fiche bien du sourire béat du césar métallique sur la pièce, ses traits sont trop parfaits pour être vraisemblables. Oui, détrompez-vous pharisiens, Jésus se laisse influencer. Compatissant jusqu’à l’extrême, il n’a d’yeux que pour nos visages.
Oh certes, le regard du Christ est bien exigeant. Alors que la Bienheureuse Agnès se lamentait intérieurement de ne rien faire de bon avec ses novices, sentiment qui, ma foi, m’est assez familier, Jésus lui répondit : « Travaille, travaille, travaille ! » – on a connu plus consolante parole – mais il poursuivit « …et je suppléerai à tout ». Voilà toute l’affaire. Tant que Jésus ne verra pas clair en nos visages. Tant que nous ne lui ressemblerons pas tout à fait, il suppléera en nous ce qu’il manque de sa beauté. Aussi, ce que nous devons faire, c’est de le laisser œuvrer, acceptant de s’abandonner avec confiance à son amour dévorant. Le Christ qui lui-même nous a forgés, frappe à certaines heures comme on frappe un métal pour imprégner sa face sur nos âmes rebelles. Amour dur comme nos cœurs…
Pas de temps à perdre. Jésus sait que nous sommes faits pour être donnés. Ou plutôt rendus, à Dieu son Père qui veillera en recevant son trésor qu’il n’y ait nulle contrefaçon. Dieu n’accepte que la monnaie à l’effigie de son fils. C’est ce que dit le psaume que nous avons chanté : « Rendez au Seigneur la gloire et la puissance, rendez au Seigneur la gloire de son nom. » Comment rendre au Dieu tout puissant une gloire hors d’atteinte, si nous ne nous laissons pas conquérir par Jésus ? Lui seul peut glisser en nos mains vides l’offrande agréable à son Père. Lui seul peut faire briller sur nos faces son propre visage, pour que Dieu contemple sur nos traits l’effigie de son Fils. « Qui a Dieu a tout », disait encore Agnès ; or, c’est tout qu’il faut donner.
Il importe donc que dès ici-bas nous fassions notre part pour que nos frères resplendissent du visage sacré. Que ferai-je cette semaine pour éclairer la face de ceux que je croiserai ? Que ferai-je pour rendre à mon frère son effigie première, sa part la plus sainte ? Agnès s’y est bien employée, rendant aux pauvres leur dignité, aidant les mères à enfanter, exhortant ses sœurs à la sainteté. Comment aider Dieu à œuvrer dans mes frères ? Et comment aussi me laisser, par eux, éclairer ?
Frères et sœurs, oubliez donc les pièces, les cartes bleues, et si vous y tenez vraiment pensez au billet pour nos sœurs. Mais la véritable offrande, dans toute eucharistie, c’est aussi nous. Et comme à chaque quête, chaque don compte, même le plus modeste. En ces temps de disettes et de guerres, le monde saigne, mais la gloire de Dieu ne s’est pas retirée. Elle couve sous les croix, plantées, nues, en mille et un calvaires. Agnès nous l’avait annoncé : il faudra beaucoup d’amour pour les porter. Alors, aimons, et laissons-nous aimer, éblouissant le monde par tant de sainteté.
Car enfin, notre vraie richesse, toujours, c’est le visage de l’autre. Le sourire que nous y aurons semé, les larmes que nous y aurons séché. Le baiser, peut-être dont nous l’aurons effleuré. Je suis riche de la face de l’autre lorsque, grâce à moi, elle s’éclaire. Aussi bien, ceux qui tendent un piège à Jésus se trompent. Ils disent : « Ce n’est pas selon l’apparence que tu considères les gens ». Grossière erreur. J’espère, moi, que Jésus me regarde et qu’il me dévisage. Qu’il lit la détresse de la mère effrayée protégeant son enfant sous une pluie de bombes. Jésus se fiche bien du sourire béat du césar métallique sur la pièce, ses traits sont trop parfaits pour être vraisemblables. Oui, détrompez-vous pharisiens, Jésus se laisse influencer. Compatissant jusqu’à l’extrême, il n’a d’yeux que pour nos visages.
Oh certes, le regard du Christ est bien exigeant. Alors que la Bienheureuse Agnès se lamentait intérieurement de ne rien faire de bon avec ses novices, sentiment qui, ma foi, m’est assez familier, Jésus lui répondit : « Travaille, travaille, travaille ! » – on a connu plus consolante parole – mais il poursuivit « …et je suppléerai à tout ». Voilà toute l’affaire. Tant que Jésus ne verra pas clair en nos visages. Tant que nous ne lui ressemblerons pas tout à fait, il suppléera en nous ce qu’il manque de sa beauté. Aussi, ce que nous devons faire, c’est de le laisser œuvrer, acceptant de s’abandonner avec confiance à son amour dévorant. Le Christ qui lui-même nous a forgés, frappe à certaines heures comme on frappe un métal pour imprégner sa face sur nos âmes rebelles. Amour dur comme nos cœurs…
Pas de temps à perdre. Jésus sait que nous sommes faits pour être donnés. Ou plutôt rendus, à Dieu son Père qui veillera en recevant son trésor qu’il n’y ait nulle contrefaçon. Dieu n’accepte que la monnaie à l’effigie de son fils. C’est ce que dit le psaume que nous avons chanté : « Rendez au Seigneur la gloire et la puissance, rendez au Seigneur la gloire de son nom. » Comment rendre au Dieu tout puissant une gloire hors d’atteinte, si nous ne nous laissons pas conquérir par Jésus ? Lui seul peut glisser en nos mains vides l’offrande agréable à son Père. Lui seul peut faire briller sur nos faces son propre visage, pour que Dieu contemple sur nos traits l’effigie de son Fils. « Qui a Dieu a tout », disait encore Agnès ; or, c’est tout qu’il faut donner.
Il importe donc que dès ici-bas nous fassions notre part pour que nos frères resplendissent du visage sacré. Que ferai-je cette semaine pour éclairer la face de ceux que je croiserai ? Que ferai-je pour rendre à mon frère son effigie première, sa part la plus sainte ? Agnès s’y est bien employée, rendant aux pauvres leur dignité, aidant les mères à enfanter, exhortant ses sœurs à la sainteté. Comment aider Dieu à œuvrer dans mes frères ? Et comment aussi me laisser, par eux, éclairer ?
Frères et sœurs, oubliez donc les pièces, les cartes bleues, et si vous y tenez vraiment pensez au billet pour nos sœurs. Mais la véritable offrande, dans toute eucharistie, c’est aussi nous. Et comme à chaque quête, chaque don compte, même le plus modeste. En ces temps de disettes et de guerres, le monde saigne, mais la gloire de Dieu ne s’est pas retirée. Elle couve sous les croix, plantées, nues, en mille et un calvaires. Agnès nous l’avait annoncé : il faudra beaucoup d’amour pour les porter. Alors, aimons, et laissons-nous aimer, éblouissant le monde par tant de sainteté.