Dans cette page d’Évangile, Jésus envoie ses disciples en mission deux par deux. Jésus les invite à être « disciple-missionnaire », comme ne cesse de nous y inviter aujourd’hui le pape François ! Avouons-le, cette interpellation constitue une vraie question, assez dérangeante, pour chacun d’entre nous : cet envoi en mission, est-ce bien raisonnable ? Cet envoi en mission, est-ce que cela me concerne personnellement ? 
 Il nous faut ici réaliser combien c’est chacun d’entre nous, par la grâce de notre baptême, là où nous sommes, tels que nous sommes, qui est directement concerné.
 Être disciple-missionnaire, c’est témoigner d’une relation vivante avec le Seigneur Jésus. C’est prendre la mesure d’un indispensable chemin de conversion dans ma propre vie. Car je ne peux témoigner que d’une réalité que je vis personnellement. Car je ne peux libérer que si j’ai moi-même commencé à accueillir une grâce de libération. En d’autres termes, être disciple-missionnaire est comme l’expression de la réalité et de l’intensité d’une relation vivante et féconde de mon cœur avec le cœur du Christ.
 Cet envoi se fait toujours « deux par deux ». L’évangélisation n’est jamais une affaire personnelle, mais communautaire. Il s’agit de témoigner en Église de ma relation avec le Christ. Voilà le point clef, et voilà pourquoi cela me fait peur, parce que je sens que c’est moi-même, c’est ma vie, c’est l’authenticité de mon existence qui va se trouver être révélée. D’abord à mes propres yeux, puis aux yeux de ceux qui m’entourent. L’évangélisation et la mission sont ainsi comme des lieux providentiels de vérité et de conversion pour ma propre vie. Je ne peux annoncer le Christ qui si j’ai moi-même été touché par le Christ ! 
 Le texte grandiose de Paul aux Éphésiens nous dit combien Jésus est au centre de tout, au centre de l’histoire universelle comme au centre de chacune de nos vies. Il nous dit combien c’est par Jésus, avec Jésus, en Jésus, que tout s’accomplit : l’unité en nous, l’unité entre nous, l’unité avec Dieu. Il nous dit que Dieu nous bénit dans son amour infini dès avant la fondation du monde et à chaque instant du temps qui se déploie. C’est ici qu’amour et vérité se rencontrent, que justice et paix s’embrassent.
 
La question qui se pose est en définitive toute simple : comment est-ce que je réponds « oui » personnellement à l’Alliance offerte au jour de mon baptême ? Par mon baptême, j’ai été greffé sur le Christ, et le Christ m’envoie en mission. La question est de savoir comment ce baptême porte du fruit ? Comment, comme un sarment greffé sur la vigne, la sève de l’Esprit Saint fait de moi un être spirituellement vivant, comment l’Esprit Saint me donne de porter des feuilles, des fleurs et des fruits, d’une manière concrète, dans ma vie de baptisé ?
 Nous comprenons ici que nous sommes radicalement sur le registre de l’ « être avec » et non pas du « faire ». C’est ma relation à Dieu qui est fondamentalement en jeu, une relation qui se manifeste par la manière dont chacun se comporte vis-à-vis du pain, de la monnaie ou de la tunique de rechange… Il s’agit d’être libéré des tentations et des fausses sécurités. Il s’agit d’accepter d’être envoyé. Il s’agit d’accepter de prendre, très concrètement, une responsabilité au sein de nos communautés ecclésiales. 
 L’évangélisation ne se réduit pas à des méthodes de communication ou à des méthodes de management. On entend parfois dire : « Ah, si l’Eglise savait communiquer ! ». Mais, mes Frères, il ne s’agit pas de communication ! Il s’agit de conversion ! Et, nous le savons bien, ce qui est en cause, c’est la sainteté de nos existences… Voilà bien le seul vrai sujet de nos vies.
 Voilà une excellente interpellation au cœur de cet été pour chacun d’entre nous pour la prochaine rentrée de septembre ! 
 Je vous invite vraiment à considérer, au cours de cet été, ces « offres d’emplois » que nos paroisses et nos communautés ne cessent de nous offrir, en nous disant qu’il s’agit là de lieux privilégiés et providentiels pour déployer notre baptême, pour grandir dans notre relation avec le Christ. Soyons assurés que c’est Lui qui nous envoie, que c’est Lui qui nous donne sa grâce, et que c’est Lui qui est le Maître de la moisson.
 Alors véritablement n’ayons pas peur de cet appel à la mission ! N’ayons pas peur du Christ ! Il ne retire rien, et il donne tout ! 

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