Semaine de prière pour lâunité des chrétiens
Frères et sÅurs en Christ,
Saint Paul vient de nous rappeler que le Christ, et le Christ seul, est le fondement, le fondement de notre vie en Église, le fondement de notre vie chrétienne personnelle. Mais que signifie cette expression « être le fondement » ? On peut, bien sûr, penser au fait que le Christ est à lâorigine de lâÉglise, est à la source de la foi chrétienne. Mais Paul, dans ce chapitre 3 de la première épître aux Corinthiens, ne parle pas du Christ uniquement comme dâun personnage du passé. Il en parle comme dâun Vivant qui communique aujourdâhui sa vie à toute lâÉglise. Il désigne ainsi le Ressuscité qui vient à nous, qui se porte à notre rencontre, qui nous rassemble, qui nous éclaire de sa Parole, qui nous unit à lui dans lâEucharistie et nous envoie dans le monde pour être son corps, pour être les témoins du Salut quâil vient offrir à tous les hommes. Dâailleurs, dans lâévangile de Matthieu que nous avons entendu, le roc, le fondement qui permet à la maison de tenir bon et de ne pas sâécrouler quand souffle le vent et tombe la pluie, ce sont lâécoute de la Parole agissante du Seigneur et sa mise en Åuvre dans nos vies : « Ainsi tout homme qui entend ces paroles que je viens de dire et les met en pratique, peut être comparé à un homme avisé qui a bâti sa maison sur le roc. » (Mt 7,24)
Accueillons donc aujourdâhui cette présence du Ressuscité qui surgit dans nos vies, qui fait une brèche dans nos habitudes, nos routines, nos jugements tout faits, nos lourdeurs, nos peurs et nos lassitudes. Il vient avec le souffle de son Esprit, pour créer du neuf, pour nous donner un esprit nouveau, un cÅur nouveau, un regard renouvelé. Laissons-le agir dans nos vies, même sâil nous dérange, même sâil nous déroute, même sâil nous invite à des conversions que nous redoutons. Laissons-le agir dans nos vies personnelles, dans la vie de nos familles, de nos communautés, de chacune de nos Églises. Comment pouvons-nous témoigner de ce monde nouveau quâoffre le Ressuscité si nous ne laissons pas lâEsprit faire surgir de neuf dans nos relations personnelles ou dans la vie de nos Églises ?
Permettez-moi ce matin de faire retentir deux appels que le Seigneur adresse à nos Églises et à chacun dâentre nous aujourdâhui.
Tout dâabord, cet appel à lâunité que Jésus demande au Père pour ses disciples dans la prière : « Que tous soient un comme toi, Père, tu es en moi et que je suis en toi, quâils soient en nous eux aussi, afin que le monde croie que tu mâas envoyé. » (Jn 17,21) LâÅcuménisme nâest pas une mode et le travail Åcuménique nâest pas matière à option pour les disciples du Christ. Il nâest pas non plus une affaire de politesse ecclésiastique ou un code de bonne conduite à usage interne entre nos Églises. LâÅcuménisme est lié intimement à la mission, au témoignage quâensemble nous avons à porter au Ressuscité. En effet, beaucoup sâinterrogent : « Peut-il y avoir une brèche dâespérance dans un monde qui semble inéluctablement marqué par la violence, la haine, les conflits dâintérêt, les préjugés, les contentieux séculaires dont on pense ne pas pouvoir sortir ? Peut-il y avoir du neuf ? Comment dans ce contexte annoncer la puissance salvifique du Christ ressuscité si on ne donne pas à voir quelque chose de sa puissance de transformation ? ». Certes, les chrétiens ne sont tissés dâune autre trame que le restant de lâhumanité. Nous le savons bien. La violence et lâintolérance ont pu sâemparer de leur cÅur lors de moments sombres de leur histoire. Mais ils doivent pouvoir manifester que, grâce au Christ, la réconciliation est en marche, que les ennemis deviennent des frères, que les différences ne sont pas forcément meurtrières, quâune guérison des mémoires et une relecture commune de nos histoires sont possibles. Lâengagement Åcuménique est plus que jamais vital pour lâévangélisation aujourdâhui.
Mais ce témoignage à rendre au Ressuscité passe également par le service de tous ces frères et ces sÅurs qui ont besoin de nous. Et câest là le deuxième appel du Seigneur. Vous connaissez bien la parabole du jugement dernier dans lâévangile de saint Matthieu où Jésus nous dit : « En vérité, en vérité, je vous le déclare, tout ce que vous avez fait à lâun de ces plus petits qui sont mes frères, câest à moi que vous lâavez fait. » (Mt 25,40) À la suite de Jésus nous avons à témoigner de cet amour de Dieu qui rejoint avec une prédilection toute particulière ceux qui ont le plus de mal à se sentir aimés tant la dureté de leur vie peut leur faire douter de cet amour : ceux qui souffrent, ceux qui se sentent rejetés ou méprisés, ceux qui sont entrés dans la spirale infernale de lâexclusion. Témoigner du Ressuscité ne peut sâaccompagner que dâun engagement concret pour une plus grande fraternité, pour une plus grande solidarité. Nos Églises sont invitées à vivre ce compagnonnage concret avec tous, et à le vivre ensemble. Ce compagnonnage ne fera dâailleurs que renforcer leurs liens dâunité et de fraternité en Christ.
Finalement, cette présence du Christ au milieu de nous, ce surgissement du Ressuscité, nous invite à un double décentrement : nous mettre ensemble à lâécoute du Christ et de sa Parole et nous mettre ensemble également au service de tous nos frères. Merci à tous ceux qui au jour le jour vivent cet Åcuménisme dans les groupes bibliques, dans les groupes de prière ou dans toutes ces actions de solidarité. À travers vous, câest Dieu qui nous appelle à avancer. Puisse le Seigneur faire du neuf dans nos vies et dans celle de nos Églises.
Amen.
Références bibliques :
Référence des chants :