Hélène, Martin, Rose, Gérard, catéchumènes présents en cette cathédrale, vous faites partie des 2 500 adultes qui, en France, seront baptisés à Pâques. Depuis des mois, des années parfois, vous marchez vers le baptême. Merci des lettres que vous m’avez envoyées. Merci au service diocésain du catéchuménat qui accompagne, avec les chrétiens des communautés, votre engagement dans l’Église.

Selon la tradition, c’est l’évêque qui, dans le cadre de sa responsabilité et de sa mission, invite les catéchumènes à intégrer la communauté. Chacun de vous va être appelé personnellement et, en présence de ses parrain et marraine, invité à inscrire son nom sur le registre diocésain du catéchuménat. Ce sera un nouveau pas en avant vers le baptême.

La nuit de Pâques et chaque dimanche dans nos paroisses, les célébrations du baptême sont autant de signes que l’Église se construit, que l’Église se développe, que l’Église est vivante. Souvent, j’entends cette question : « Comment va l’Église ? »

Je revois alors la rivière de mon pays de Bigorre. Elle vient de haut, tantôt d’une clarté limpide de montagne, tantôt couleur de rouille des lendemains d’orage, je la regarde courir vers d’autres horizons. Ainsi, depuis près de 2 000 ans, traversant les paysages variés de l’histoire, la rivière chrétienne féconde notre terre, y dépose sables et alluvions, change d’apparence selon la nature du temps. Ainsi, l’Église devenue fleuve, s’en est allée lentement mais sûrement rejoindre l’immense océan de notre humanité.

Être chrétien aujourd’hui, c’est être une goutte d’eau de ce fleuve. Car la petite rivière initiale est désormais un fleuve large, profond, puissant.

À travers les murmures, les grondements de ses eaux mêlées que nous dit ce fleuve qu’est désormais l’Église ? Il nous remonte à la Source, nous rappelle les commencements, nous rafraîchit sans cesse au parcours de sa longue histoire, nous amenant ainsi à l’estuaire, qu’est le terme promis où tout sera source et soleil.

Chers amis catéchumènes, vous allez, vous-mêmes, très bientôt être de ce fleuve. En cela, vous êtes une chance pour l’Église.

Vous êtes un cadeau que Dieu lui fait pour croître et se renouveler de sang neuf. Votre arrivée sur ses berges, ne ressort pas d’un « plan de recrutement ». Elle est réponse à un appel, une invitation. Vous venez d’ailleurs, de tous les horizons sociaux, culturels, religieux, professionnels. Vous interrogez les communautés chrétiennes qui vous accueillent, ceux qui entendent vos témoignages.

Votre démarche qui est pour vous un aboutissement, ouvre un avenir à l’Église qui vous reçoit. Aux prochaines fêtes de Pâques, vous naîtrez avec d’autres membres à la vie nouvelle du Christ, et serez appelés à vivre l’aventure de la foi.

L’aventure de la foi, ce sera pour vous, non pas l’octroi de droits sur Dieu, mais un cheminement vers lui qui nous a placés dans le jardin du monde, pour avancer et progresser dans notre humanité avec ses limites et ses fragilités, ses grandeurs et ses promesses.

Pour nous chrétiens, cette aventure de la foi se vit avec une intensité particulière dans ce temps privilégié de Carême qui nous mène aux fêtes pascales.
 Dans l’Évangile de ce jour, Matthieu nous conduit à la rencontre de Jésus retiré au désert pendant quarante jours, de Jésus tenté par le démon, de Jésus qui refuse les compromissions avec les puissances terrestres, de Jésus qui accueille les voies déconcertantes de l’Esprit.

Ensemble, anciens et nouveaux, nous voilà en marche vers Pâques.

Nous avons besoin les uns des autres pour mieux vivre en commun le dynamisme de la foi et pour faire émerger dans la lenteur des germinations secrètes, le visage de notre Église joyeuse de porter à notre terre le message de vie et d’espérance du Christ Ressuscité.

Amen.

Références bibliques :

Référence des chants :

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