Un jour je fais de bonnes actions et je marche dans la bonne direction ; le lendemain, j’abandonne mes bonnes résolutions, je retourne en arrière et je me laisse entrainer là où je ne voudrais pas. Pourquoi ces alternances ? Pourquoi suis-je inconstant ?
Un adulte qui demandait le sacrement de confirmation m’exprimait la douloureuse alternance qu’il expérimentait… malgré lui. « Je me suis fait baptiser l’année dernière. /…/ Ma vie spirituelle a toujours connu des hauts et des bas, mais depuis mon baptême j’ai l’impression que ce balancement s’est accéléré et a pris une amplitude plus grande. /…/ Le Seigneur m’a octroyé de grandes grâces, mais il permet aussi que je sois parfois tenté violemment, et je passe parfois plusieurs semaines dans la nuit totale ».
Frères et sœurs, il y a au profond de nous une aspiration à la paix. Y compris chez celui dont le comportement est violent ou pervers, il y a, en profondeur, une aspiration à la paix. Nous aimerions harmonie, croissance et pureté… Trop souvent dans nos familles, la dispute prend la place de la l’harmonie, dans le développement de notre vie personnelle ou professionnelle, la régression prend la place de la croissance et l’opacité cache la pureté. Douleur ! Comment gérer ces incohérences ? Dois-je subir cette fatalité ou puis-je trouver un chemin. Chemin, c’est bien le mot car dans la Bible nous observons une évolution.
Au commencement, nous voyons Eve, l’épouse d’Adam. Ayant connu à l’origine l’harmonie avec ses proches, ayant expérimenté la croissance et la pureté, elle a enfreint l’interdit. Conséquence : disharmonie, régression, opacité. De cela, elle est à la fois coupable, et victime : « c’est le serpent qui m’a trompée et j’ai mangé ». Douloureux visage de la première Eve. Pesant fardeau qu’elle nous transmet en héritage.
Il fallait une nouvelle Eve ! Afin d’inverser la logique de la suspicion et de sortir de la fatalité. Ce fut Marie, la Mère de Jésus. En Marie tout est oui. En Marie, harmonie et pureté. Non pas statique comme un beau lac de montagne, mais dans le mouvement, comme un torrent fougueux. Par la prévenance de Dieu et l’action de l’Esprit Saint, Marie inventa la confiance. Désormais la confiance est possible. Absolument.
Lève ton regard vers la statue de ND de Liesse. C’est l’éducatrice ! Elle tient son enfant debout sur ses genoux, car elle a pour mission de le guider vers son autonomie. Et déjà le Fils a les bras en croix : l’annonce de sa destinée future. A Liesse, la Vierge porte un manteau. Le manteau de l’innocence. « Je tressaille de joie dans le Seigneur, /…/Car il m’a enveloppée du manteau de l’innocence » (Isaïe). Cher téléspectateur, pas plus que moi tu n’es innocent. Mais aujourd’hui, tu as le droit d’aspirer à l’innocence perdue. Viens vers Marie, viens te cacher sous le manteau d’innocence dont elle est enveloppée. Laisse Marie déposer ce manteau sur ton âme, pour une purification.
Heureusement, Marie nous est proche. Heureusement, car pour nous, l’alternance continue. La douleur persiste, même si la joie est première et nous entraine ! « Nous ne perdons pas courage, – exhorte St Paul – et même si en nous l’homme extérieur va vers sa ruine, l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour ». En puisant dans sa propre expérience, Paul éclaire très concrètement notre expérience. « L’homme intérieur se renouvelle ! »
Il y a bien un combat. Un combat rude. Un combat obscur. « Comment Satan peut-il expulser Satan ? Si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume ne peut pas tenir. Si les gens d’une même maison se divisent entre eux, ces gens ne pourront pas tenir ».
Aucun de nous ne sera jamais capable de se battre seul contre Satan, même si nous devons mettre toute notre énergie à le faire. Seul Jésus en est vainqueur. Sur la croix, Jésus s’est affronté au royaume des ténèbres. À Satan, le prince de ce monde. Osant même affirmer à l’heure de Gethsémani : « le prince de ce monde est jugé » (Jn 16, 11).
Marie Mère de Dieu, Marie Notre Mère, Marie Nouvelle Eve, toi qui écrasas la tête du serpent, réjouis-toi !
Réjouis –toi, en qui resplendit la joie du Salut
Réjouis –toi, en qui s’éteint la sombre malédiction
Réjouis –toi, en qui Adam est relevé de sa chute
Réjouis –toi, en qui Eve est libérée de ses larmes
Réjouis-toi, Epouse inépousée !