Un roi modeste
Le Christ entre à Jérusalem, la ville royale, sous les signes prophétiques du nouveau roi annoncé par les prophètes : « humble, monté sur un ânon, le petit dâune ânesse ». Beaucoup des gens, venus à Jérusalem pour la fête, se joignent à la petite caravane et lui font une ovation. Dans quelques jours, les mêmes â ou leurs semblables â se joindront à la foule pour le huer et demander sa mise à mort à lâinvitation de leurs chefs.
Faut-il ne voir ici quâun signe supplémentaire de lâinstabilité des foules promptes à suivre des mots dâordre ou quâun signe de lâinconséquence humaine ? La fête que nous célébrons aujourdâhui nâest pas une sorte de carnaval. Câest la mise en scène annoncée du grand mystère qui va se jouer dans quelques jours à Jérusalem. Celui que lâon acclame comme le Roi dâIsraël sera arrêté et mis à mort cruellement. Celui qui est honoré est bien le même qui sera jugé et exécuté comme nous en entendrons le récit tout à lâheure par la lecture de la Passion.
Câest aussi, dâune certaine façon, le résumé du drame qui a traversé toute la vie publique de Jésus. Écouté et suivi quand il manifestait sa puissance par des signes et des miracles, il sera peu à peu abandonné à mesure quâil annoncera le chemin dans lequel il sâengage. Oui, Frères et SÅurs, nous sommes bien disposés à écouter et à suivre un beau parleur ou un faiseur de miracles, celui qui pourrait satisfaire toutes nos aspirations, même les plus inimaginables, surtout sâil ne nous en coûte rien. Mais sommes-nous prêts à suivre Celui qui nous appelle à prendre avec lui le chemin de lâoffrande par amour, le chemin du sacrifice de la Croix ?
Nous ne sommes pas devant une représentation de lâinconstance humaine qui ferait succéder la pluie au beau temps, comme dans une fatalité cyclique. Nous sommes devant le Mystère de lâamour. Ce qui est lâaspiration de tous les hommes : connaître des jours heureux et surmonter les misères de lâexistence, câest cela qui nous est proposé. Mais cela ne nous est pas offert par une formule magique qui comblerait lâhomme sans quâil y ait aucune part.
Il y a vraiment une espérance et une certitude que lâhumanité nâest pas abandonnée par Dieu et quâil continue dâen être le Roi, le Pasteur et le Père. Il va bien sauver le monde et chacun des hommes qui auront confiance en lui. Mais ce salut sera payé au prix fort : le prix de lâamour. Il lui coûtera la vie de son Fils unique. Et ceux qui veulent entrer dans ce chemin dâamour doivent savoir quâils auront à suivre Jésus par le don dâeux-mêmes jusquâau bout. Nous avons eu raison de lâacclamer à pleine voix. Mais si nos chants et nos acclamations nâétaient pas une mascarade, sâils étaient un véritable cri du cÅur, alors, nous devons aussi le suivre, entrer avec lui à Jérusalem et lâaccompagner jusquâau bout de son épreuve.
La célébration de ce jour évoque à la fois lâentrée triomphale dans Jérusalem et lâentrée dans lâépreuve ultime. Pour nous aujourdâhui, elle est lâentrée dans la Semaine Sainte durant laquelle nous serons invités à suivre le chemin de lâamour et du sacrifice jour par jour et heure par heure, depuis la Cène du Jeudi Saint jusquâà la mort sur la Croix et la Résurrection du matin de Pâques.
Emplissons nos yeux et nos cÅurs de la vision du Roi de Gloire entrant dans sa ville de façon que, au moment où il nâaura « plus figure humaine », nous puissions encore reconnaître le Fils de Dieu dans le supplicié. Ne nous contentons pas de lâacclamer aujourdâhui. Soyons encore là au moment du dernier repas, la Cène, que nous célébrerons jeudi soir, et soyons là vendredi au pied de la Croix avec Marie et le disciple que Jésus aimait pour recueillir la vie qui jaillira de son côté transpercé !
Frères et SÅurs, dès aujourdâhui fixons nos yeux sur cette croix dâoù viendra le salut du monde et préparons-nous à acclamer dans la foi celui qui sâest livré par amour pour nous ! Oui, béni soit Celui qui vient au nom du Seigneur !
Prière
Prions maintenant pour toutes les intentions qui nous sont proposées. Durant ce carême, nous avons exprimé par écrit la prière qui habitait notre cÅur. Prière pour nous-même ou pour dâautres, Prière pour la paix dans le monde et lâentente dans nos familles, Prière de demande de pardon, Prière dâaction de grâce. Seigneur, souviens-toi de nous, et de nos prières.
Seigneur, nous te présentons cette branche dâolivier, symbole universel de la paix.
Nous te confions tous les peuples de la terre particulièrement ceux qui souffrent et aspirent à la paix.
Seigneur, nous te présentons ce cierge, symbole de ta Lumière. Illumine nos chemins. Conduis-nous par ta Lumière.
Seigneur, nous te présentons lâeau, le symbole de la vie. Elle nous rappelle notre baptême. Nous te prions pour tous ceux qui se préparent à être baptisés à Pâques.
Seigneur, nous tâoffrons ces épis, la plus belle fleur de nos champs, arrosée par la sueur du travail humain.
Un grain planté dans la terre meurt, mais donne beaucoup de grains formant le pain qui nous nourrit.
Souviens-toi de tous les affamés et de tous les pauvres !
En présentant ce vin, Seigneur, nous nous souvenons de ta passion. Que ton sang versé apporte le salut au monde.
Références bibliques :
Référence des chants :