Aujourd’hui, en cette fête des marins de Miquelon et de notre archipel, la Parole de Dieu de ce dimanche, peut éclairer notre fête et donner sens à notre célébration.
Dans l’Évangile que nous venons d’entendre, Jésus Christ après avoir fait le tour des villes et des villages, fait un constat : « les foules sont fatiguées et abattues » et lui-même « voyant les foules, eut pitié d’elles ». Oui, le Seigneur n’aime pas les hommes tristes, découragés, il n’aime pas voir des hommes dans le malheur ; il nous a créés pour être heureux, il nous a créés pour la vie, « la vie en abondance » .
Pour remédier à cette situation, le Seigneur invite ses disciples et ceux qui l’écoutent « à prier ». Il leur dit : « La moisson est abondante, et les ouvriers sont peu nombreux. Priez le maître de la moisson… ». Priez pour changer cette situation, priez pour que des hommes et des femmes se lèvent pour redonner espoir, redonner force à cette foule qui se sent comme un troupeau de brebis sans berger… Il ne faut pas oublier que Jésus parle dans un pays de pasteurs, le berger c’est celui qui rassemble, qui donne sens à la vie. Eh bien, le Seigneur nous demande aussi que l’on prie pour que se lèvent dans notre archipel des hommes et des femmes qui donnent sens à notre vie, qui donnent espoir, qui éveillent à l’espérance.
Il y a plusieurs niveaux en quelque sorte où nous avons à travailler pour que dans notre archipel aussi renaisse l’espoir, renaisse l’espérance. Souvent, j’entends parler des hommes et des femmes, qui disent : « Nous ne sommes pas bien nombreux à l’église ». Certes, il n’y a pas foule comme ce matin… Mais ce que le Seigneur recherche d’abord ce n’est pas le nombre. Le Seigneur a fait choix seulement de douze Apôtres pour les envoyer et les charger de redonner courage et force, d’abord seulement aux foules de son pays et pourtant sa mission était pour le monde entier ! C’était à eux ensuite, puis à travers eux et par eux, à tous ceux qui ont reçu son message d’amour et d’espérance de le faire passer auprès des hommes et des femmes de tout le pays et du monde.
Dans le passé il y eut beaucoup de vocations sur l’archipel, les prêtres, religieux et religieuses étaient nombreux. À l’occasion du centenaire de la cathédrale, je me suis renseigné et j’ai pu voir qu’il y avait eu une quinzaine de prêtres et religieux originaires de l’archipel et une trentaine de religieuses. Ici à Miquelon, nous avons la joie d’en avoir trois pour être témoins de l’appel toujours actuel du Seigneur.
Prier le maître de la moisson, c’est aussi ce qu’ont fait nos ancêtres. Nos ancêtres, et spécialement à Miquelon, ont souvent été obligés de quitter l’archipel, d’abandonner leur terre, d’abandonner leur maison pour aller recommencer ailleurs et repartir à zéro. Pensons à ces hommes et ces femmes partis aux Îles de la Madeleine – la stèle des Acadiens sur la place nous le rappelle. S’ils ont laissé leur pays, c’est pour rester fidèles à la foi de leurs ancêtres, fidèles à la foi de l’Église catholique. D’autres ont été dispersés aux quatre coins du monde, ils sont toujours revenus malgré les difficultés. Ils savaient où puiser la force et le courage, ils savaient que leur force, leur courage leur venait de cette foi en ce Dieu d’amour qui veut leur bonheur. Ils n’ont jamais lâché prise. Ils ont prié pour que le Seigneur leur donne cette force de faire revivre cet archipel, de redonner espoir à leurs enfants pour vivre sur cette terre.
Aujourd’hui encore, l’archipel comme beaucoup de pays, connaît des difficultés de toutes sortes : la baisse dramatique de la pêche, les jeunes qui peinent à envisager un avenir sur nos îles… Parfois nous avons envie de baisser les bras, nous ne savons pas comment faire pour trouver des solutions d’avenir. Mais le Seigneur nous dit aussi à nous aujourd’hui, comme dans l’Évangile de ce jour : « Priez, priez le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers » . « La moisson », c’est aussi de faire le vrai bonheur des hommes et des femmes d’aujourd’hui. Humblement, car le Seigneur ne peut écouter que la prière de celui qui reconnaît sa pauvreté et ses limites, disons notre confiance au Seigneur, demandons-lui de susciter encore et toujours et d’éclairer des hommes et des femmes de notre archipel, de notre pays, qui aient le souci du bien commun pour éclairer notre route et qui nous conduisent sur le chemin de l’union, de l’entraide et sachent ainsi ouvrir des portes sur l’avenir et nous redonner l’espérance.
Les Apôtres n’étaient que douze, et encore l’un d’entre eux a fait comme nous avons souvent tendance à le faire, chercher seul son bonheur au mépris des autres et de son maître. Pourtant leur amour, leur foi dans le Ressuscité leur a permis de transformer le monde. C’est encore possible aujourd’hui. Il veut avoir besoin de chacun, de chacune de nous pour témoigner aujourd’hui de notre foi en son amour source de notre espérance.
Humblement et avec confiance, prions le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson.
Références bibliques :
Référence des chants :