Tenez bon !
Nous connaissons la sagesse populaire : "Il ne faut pas se prendre pour un martyr !" Nous le disons avec un sourire pour relativiser les difficultés qui nous assaillent et qui encombrent nos vies. C’est vrai, il ne faut pas se prendre pour des martyrs. Nous ne connaissons pas la persécution comme sainte Foy qui en fut victime, ici, à Agen en 303, il y a 1700 ans. Nous ne subissons pas non plus la persécution comme certains chrétiens dans le monde aujourd’hui. Ne nous prenons pas pour des martyrs, pourtant il nous arrive parfois de connaître bien des épreuves.
Lorsque, dans l’Évangile, le Seigneur parle de guerres, de soulèvements, de tremblements de terre, de destructions, il décrit le quotidien de ce monde, sans parler des secousses de l’âme, des trahisons, de ce qui nous rend parfois la vie insupportable. Une nausée nous monte à la gorge "Qu’est-ce que je fais dans ce monde ?" Jésus décrit notre réalité. Qu’il soit clair. L’adversité est le lot de toute vie. Tout homme doit un jour affronter les ténèbres ; ne pas les fuir est sa dignité. À propos de ces épreuves Jésus dit : "Ce sera pour vous l’occasion de rendre témoignage." Le chrétien manifeste son attachement à Dieu. Combien ont montré aussi leur fidélité aux valeurs humaines ! Écoutons le Seigneur : il nous donne une clef pour vivre, une lumière qui a guidé sainte Foy et lui a permis de témoigner jusqu’au bout.
"Vous n’avez pas à vous soucier de votre défense. Moi-même, je vous inspirerai." Que nous dit le Seigneur ? Quelles que soient les persécutions ou les épreuves ordinaires de notre vie, Jésus est toujours avec nous, près de nous, en nous. Il est là ! Les tempêtes peuvent souffler, il est là, solide et miséricordieux. Beaucoup d’entre nous le disent. Lorsque j’entends certaines personnes décrire les tragédies par lesquelles elles sont passées, je demande : "Comment avez-vous tenu ?". Et la réponse vient, d’une manière ou d’une autre : "C’est grâce à Dieu". Voilà la clef de la vie au milieu de nos épreuves, guerres ou tempêtes intérieures : le Christ vit en nous. Jésus est là, lui le Crucifié, lui le Ressuscité. Il inspire nos pensées et nos actes, il tient fort notre main quand elle tremble, il aide à faire le pas difficile, il apaise. Sainte Foy avait douze ans au moment de son martyre. Sa force était le Seigneur en elle. Quel que soit l’âge, qui peut tenir sans le Seigneur ?
Présence apaisante, fortifiante Jésus vit en nous. Deux conséquences. D’abord, si Jésus vit en nous, laissons-le agir et aimer en nous. Constamment, il nous faut choisir d’orienter nos pensées, nos actes, nos émotions vers lui. Face aux difficultés, il ne s’agit pas d’avoir des attitudes héroïques, mais simplement de faire confiance au Seigneur qui agit en nous. Comme tout le monde, nous sommes pauvres, alors, pauvres, tournons-nous vers Dieu. "Pas un cheveu de notre tête ne sera perdu !" dit Jésus. Il veille sur nous.
Puisque Jésus vit en nous, ajoutons aussi : il faut tenir bon ! Jésus conclut cet Évangile : "C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie." Là encore, nous ne pouvons tenir tout seul. Le Seigneur est là, mais il nous donne des frères et des soeurs pour nous aider. Sainte Foy a été martyrisée. Bernard d’Angers, le chroniqueur de sa vie, rapporte que des chrétiens étaient là, autour d’elle, simples témoins priants ; arrêtés, ils moururent eux aussi pour le Christ. Nous-mêmes allons jusqu’au bout, portés les uns par les autres. Nous pouvons tomber, mais tenir bon, c’est accepter d’être relevé, de prendre la main tendue.
Bernard d’Angers raconte aussi que, plus tard, de nombreux prisonniers ont été délivrés de leurs chaînes en ayant invoqué la jeune martyre, que ces prisonniers aient été innocents ou coupables. Innocents ou coupables, nous aussi nous cherchons à être délivrés de la peur, de la guerre, de la méchanceté qui enchaînent ce monde et nos vies. N’ayons pas peur ! Tenons bon ! Le Seigneur est là, en nous, avec nous ! Et nous pouvons compter les uns sur les autres.
Références bibliques :
Référence des chants :