Frères et sœurs, vous avez bien écouté la première phrase de Jésus dans ce passage de l’Évangile : « Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vie, il ne peut pas être mon disciple. »
Mais qui peut, donc, être disciple de Jésus ? Pour le suivre, faut-il « haïr » tous ses proches ? Puisque tel est le sens du verbe grec traduit ici par « préférer ». Un jour, un imam que je connais m’a dit en citant ce verset : « Tu vois, dans l’Évangile aussi, il y a le verbe haïr. » Alors que je lui disais que Jésus n’appelait jamais à la haine, mais continuellement à l’amour, y compris des ennemis.
Alors, comment comprendre cet appel du Christ ? D’abord, nous ne pouvons pas isoler ce verset de l’ensemble de l’Évangile, de l’obligation d’honorer ses parents, d’être fidèle à sa femme, en bref, de ce que répond Jésus à ses interlocuteurs : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu et ton prochain comme toi-même. » Ensuite, même avec l’emploi du verbe « préférer », l’interpellation de Jésus reste forte et provocante. Il nous invite à faire un choix, celui d’être son disciple. Être chrétien, être disciple de Jésus, c’est choisir de fonder sa vie d’homme ou de femme sur le Christ ; c’est mettre ses pas dans les siens ; c’est « aimer comme je vous ai aimés. »
Ce choix comporte un risque, celui de la croix, c’est-à-dire de la souffrance, de l’incompréhension, voire des persécutions ou de la mort. Des chrétiens témoignent aujourd’hui encore de l’Évangile au risque de leur vie ! Jésus pose donc à chacun et chacune d’entre nous une question : qui tient la première place dans ta vie ? De qui es-tu, au quotidien, le disciple ? Et c’est plutôt bien d’entendre cet appel radical en ce dimanche de rentrée pour beaucoup d’entre nous : rentrée des scolaires et des étudiants, retour au travail pour ceux et celles qui ont pu prendre des vacances, moment de décisions à prendre pour une nouvelle année d’activités, de projets, d’engagements.
Comment allons-nous vivre cette année en disciples de Jésus, en chrétiens ? Jésus nous propose une méthode ou plutôt une attitude pour faire ce choix, à travers les deux petites paraboles de celui qui veut bâtir une tour ou du roi qui part en guerre : « commencer par s’asseoir » pour pouvoir aller jusqu’au bout de notre projet. S’asseoir ou « se poser » comme nous disons familièrement, c’est-à-dire prendre le temps de la réflexion, de la prière, pour nous mettre d’abord à l’écoute du Christ, de ses appels, avant d’être à l’écoute de nous-mêmes. Comme le disait la première lecture : « Qui aurait connu ta volonté si tu n’avais pas donné la sagesse et envoyé d’en haut ton Esprit Saint ? » S’asseoir aussi avec d’autres frères et sœurs chrétiens pour, en Église, écouter la Parole de Dieu, discerner les appels de son Esprit et nous aider ainsi les uns les autres à devenir disciples. Comme le disait Tertullien : « On ne naît pas chrétien, on le devient. »
Nous sommes invités par le Christ, chacun et ensemble, à devenir chrétiens dans une société française peu soucieuse de Dieu ou de l’Évangile, devenir chrétiens parmi d’autres croyants en Dieu, en particulier nos voisins musulmans, aux Mureaux et ailleurs en France. N’ayons pas peur d’être parmi eux des hommes et femmes, disciples du Christ, fondant notre vie sur l’Évangile, rendant compte de l’espérance qui nous habite, enracinés dans la prière. N’ayons pas peur d’être avec eux au service de nos frères humains les plus en difficulté. Car, selon les mots de Benoît XVI : « Le fait d’être intérieurement soutenus par la main du Christ nous rend libres et en même temps pleins d’assurance. Libres car, si nous sommes soutenus par lui, nous pouvons ouvertement et sans peur, entrer dans tout dialogue. Pleins d’assurance, nous le sommes, car le Christ ne nous abandonne pas si nous ne nous détachons pas de lui. » Amen !
Références bibliques : Sg 9, 13-18 ; Ps. 89 ; Phm 9b-10.12-17 ; Lc 14, 25-33
Référence des chants : Liste des chants de la messe aux Mureaux 8 sept. 2013