A plusieurs reprises, Abraham dit dans sa prière à Dieu : « Oserai-je ? ». Le ton est donné, chers frères et sœurs. Jusqu’où va notre audace et, pour le dire autrement, jusqu’où va notre confiance en Dieu et en nous-même ? Avec les JMJ, je crois que, depuis 27 ans, le bienheureux pape Jean-Paul II, les papes Benoît XVI et François, s’appuient sur l’audace des jeunes. Alors, louons Dieu pour tant d’audace avec tous ceux qui célébreront la messe, tout à l’heure, à Rio de Janeiro !
Dans l’Évangile, Jésus donne un nom surprenant à cette audace. Il parle de « sans-gêne ». De cet homme à qui le voisin demande en pleine nuit de lui donner trois pains, Jésus explique : « Même s’il ne se lève pas pour les donner par amitié, il se lèvera à cause du sans-gêne de cet ami. » D’ordinaire, nous avons le souci de ne pas agir inconsidérément, de ne pas déranger, et le « sans-gêne » n’est pas bienvenu ! Mais ici, il l’est ! Et c’est même parce que l’homme est « sans-gêne » que Jésus dit que rien ne lui résistera. Jésus nous invite à agir sans façons et sans complexes. Vraiment, j’admire les jeunes chrétiens lorsqu’on dit qu’ils ont une foi décomplexée ! Et je pense que c’est une chance pour notre Église. Je n’avais pas la même audace, quand j’étais jeune !
Parfois, nous regrettons d’avoir dit telle ou telle parole. Mais au fond, le plus souvent, nous regrettons ce que nous n’avons pas eu le courage de dire. C’est parfois le cas, à la mort d’un proche. « Pourquoi n’ai-je pas osé lui dire cela quand il était vivant ? » Il y a des gens qui me confient leur détresse quand leur époux, leur épouse, leur père, leur mère ou leur ami sont morts sans qu’ils aient pu leur dire un pardon nécessaire, ou un « je t’aime ». Ensuite, ils ont du mal à sortir de leur remord, car l’autre n’est plus là.
Qu’est-ce qui peut nous retenir de dire quelque chose ou de faire quelque chose ? La pudeur ? La timidité ? La modestie ? Les égards dus à la personne qui est en face de nous ? Le respect des choses religieuses ? Ce sont toutes de vraies raisons. Mais il faut savoir les faire voler en éclat ! Je me réjouis que beaucoup voient en notre pape François un bel exemple d’homme de foi qui n’arrête pas en lui l’audace du geste, de la parole ou de la rencontre.
Et Jésus donne deux réponses. Les mots du « Notre Père » et l’invitation à être sans-gêne. Mais c’est là une vraie question : est-ce que cela s’apprend, le sans-gêne dont parle Jésus ? Je pense à un jeune monsieur qui, voyant que j’étais un religieux, me disait avec fierté et regret à la fois : « Moi, je suis baptisé ! Mais je n’ai rien fait d’autre. » Il ajouta pourtant : « Mais je prie tous les soirs ; seulement, cela ne vaut rien, car je ne connais pas les vraies prières. » J’étais ému. Je lui ai dit qu’en fait, il savait peut-être mieux prier que moi. Et je crois que c’est déjà cela, le « sans-gêne » dont parle Jésus. Et avez-vous conscience que ce « sans-gêne » porte un nom ? Il s’appelle Esprit Saint. Du reste, si Jésus enseigne ici le « Notre Père », ailleurs, saint Paul dira bien : « C’est l’Esprit qui crie en nous : ‘Abba, Père’. » (Romains VIII, 15) Notre Dieu nous donne deux conseils de prière. Le « Notre Père » et le « sans-gêne ». Comme s’il nous disait : apprenez le langage de la foi mais ayez aussi l’audace des amoureux ! Connaître les mots de la prière mais aussi oser parler à Dieu. Notre religion n’est pas qu’une affaire de croyances qui s’enseignent. C’est aussi une question de qualité de relations.
Nous avons reçu du Sauveur des mots pour prier ? Disons-les. Tout bas, à haute voix, seuls, à plusieurs. Quand cela va bien, quand cela va mal. Ce n’est pas dans les missels que le « Notre Père » a sa place. C’est dans notre cœur, puis dans notre bouche ! Et Dieu a libéré les mots de notre amitié ? Alors parlons-lui sans gêne.
Et ne limitons pas ce sans-gêne à la prière. L’audace de la prière éveille aussi en nous l’audace de la mission. Parlez de votre foi à vos voisins ! C’est bien l’appel que le Christ a fait entendre aux jeunes pendant les JMJ : « Allez ! De toutes nations, faites des disciples ! » Je repense à ce jeune homme qui, lors de la veillée des JMJ de Rio, a demandé au pape de consacrer le monde à l’Esprit Saint. Car l’Esprit du Christ nous fait oser appeler Dieu « Abba, Père ». C’est pour notre prière. Mais il nous fait aussi dire autour de nous : « Ami, frères ». C’est pour notre élan missionnaire. Pour que nous osions rencontrer les autres comme ils sont, là où ils en sont. Amen.
Pour tout ce qui concerne la liturgie et les chants, veuillez vous adresser à :
Monsieur Marc Brissy
132 rue de la Bouillibaye
83140 SIX-FOURS-LES-PLAGES
Je vous propose comme méditation, un extrait d’une prière à sainte Anne, Sainte patronne de cette église, qui provient du sanctuaire Sainte-Anne de Pointe-au-Père au Canada.
Ô bonne sainte Anne,
Toi qui apprenais à Marie à se mettre à l’écoute de la Parole de Dieu et à prier, aide-nous à être de bons témoins de l’Évangile.
Toi qui as tant aimé ton petit-fils Jésus, aide-nous à accompagner et guider les jeunes que nous aimons.
Toi qui as si souvent accueilli les personnes éprouvées dans leur corps, leur esprit et leur cœur, manifeste-leur la tendresse de Dieu.
Sois attentive aux faveurs que nous te demandons… Reste avec nous afin que nous marchions dans l’amour jusqu’à la patrie céleste.
Amen.
Références bibliques : Gn 18, 20-32 ; Ps 137 ; Col 2, 12-14 ; Lc 11, 1-13
Référence des chants : Liste des chants de la messe à Six-Fours