Tout va de plus en plus vite. On ne prend plus le temps, oubliant le sens profond de notre existence. Nous avons aussi perdu la patience nécessaire pour qu’advienne ce Royaume de Dieu qui se donne à découvrir à qui le cherche, tels la perle ou le trésor dont Jésus parle dans la parabole. Bon nombre d’entre nous est tenté de sombrer dans une sorte d’indifférence spirituelle : il faut laisser les choses évoluer d’elles-mêmes… Tout s’arrangera. Et à l’excès de hâte succède ainsi un laisser-faire non moins dangereux.
Tout autre est l’attitude de Jésus. Il sait la lenteur de nos cheminements et combien il est nécessaire de reprendre sans cesse la tâche. Plein d’amour, il accepte ce que nous sommes. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir hâte de nous voir nous engager dès maintenant dans la bonne direction.
Regardez Salomon, le grand roi du début du 1er millénaire avant Jésus Christ. Il s’était laissé griser par le pouvoir et avait sombré dans bien des fautes. Pourtant, le Seigneur lui fait cette proposition : « Demande-moi ce que tu veux et je te le donnerai ». Heureusement, contrairement à une intention de prière que j’ai lue il y a quelques années et qui demandait à Dieu de pouvoir gagner au loto, Salomon s’oriente sur l’essentiel et demande : « Un cœur attentif, sachant discerner le bien du mal ».
C’est avec un sentiment d’urgence que le Christ appelle ses disciples à se mettre immédiatement en route. Se mettre en route vers l’essentiel ! Et si cette route est longue, c’est une raison de plus pour que nous fassions tout de suite le choix radical absolument nécessaire. Nos retours en arrière, nos arrêts sur le chemin, ne doivent jamais remettre en cause ce choix impératif. C’est à notre manque d’enthousiasme et d’acharnement que nous mesurons toute la distance qui nous sépare de notre vocation : la distance qui nous sépare du but auquel l’amour de Dieu nous destine. Si seulement nous pouvions être amoureux de Dieu ! Si seulement, après avoir découvert ce véritable trésor qu’est la présence divine, nous pouvions tout faire pour qu’il soit nôtre. La parabole le dit : « Le Royaume des cieux est comparable à un trésor caché dans un champ ; l’homme qui l’a découvert le cache de nouveau. Dans sa joie, il va vendre tout ce qu’il possède et il achète ce champ. »
Quand Paul déclare aux chrétiens de Rome que Dieu donne sa gloire à ceux qui aiment Dieu et répondant à son appel, se sont engagés à sa suite, voilà qu’il nous stimule, nous aussi ! La gloire telle que Dieu la donne est notre but. N’est-elle pas notre trésor véritable ? Ne suscite-t-elle pas en nous courage et enthousiasme, quand les pesanteurs, au cœur de nos sociétés, ont terni l’espérance ?
Nos ancêtres dans la foi l’ont compris. À travers le splendide patrimoine chrétien qu’ils nous ont transmis, ils exprimaient leur désir de s’abreuver aux sources de la vraie vie. Ils jalonnaient leur recherche de ces églises et de tous ces lieux symbolisant la Jérusalem céleste, réalisation parfaite de l’intimité avec le Seigneur. Dans notre paroisse, pendant cette semaine des « Rencontres d’art sacré », nous allons trouver de nombreuses perles, à travers du neuf et de l’ancien. Mais chez vous aussi, en Belgique et en France, comme partout dans le monde, redécouvrez les lieux de foi et les grandes pièces de musique sacrée ! Donnez-leur la possibilité de vous redire que le Royaume est un bien qui mérite que l’on consacre toute sa vie à l’acquérir. Par leur beauté, apprenez à entrer dans la contemplation du véritable trésor, cet amour qui nous précède et qui nous destine à l’éternité de Dieu ! Oui, frères et sœurs, vivons ! Contemplons ! Aimons ! Espérons !
Références bibliques : 1 R 3, 5.7-12 ; Ps. 118 ; Rm 8, 28-30 ; Mt 13, 44-52
Référence des chants :