À l’aube de sa vie éternelle, le cadeau que ma grand-mère maternelle appréciait le plus, était qu’un de ses descendants se rende à la messe du dimanche matin, à laquelle elle ne pouvait plus assister vu son âge. Nous y allions muni de sa custode. La voici, c’est ce qui me reste d’elle aujourd’hui. Puis nous rentrions à la maison familiale pour lui préparer une petite table décorée d’un napperon, d’une petite croix, de quelques fleurs et de la custode contenant l’hostie. Avec elle, nous regardions ensuite la messe télévisée, comme certains d’entre vous le font aujourd’hui. Elle avait son chapelet dans les mains et elle priait les yeux fixés sur l’écran.
Au moment, où commençait la procession de communion, elle nous faisait un petit signe pour que nous la lui donnions. Nous l’accompagnions de la sorte dans sa démarche de croyante et nous étions tous fortement impressionnés par la ferveur de sa foi. Un témoignage qu’aucun de ses descendants qui a eu le bonheur de vivre ce moment privilégié n’a pu oublier jusqu’à ce jour. À sa manière, malgré la fragilité de la vie, elle nous conduisait à Dieu. C’est d’ailleurs ce qui est frappant, tant dans le récit entendu dans la première lecture, que dans celui de l’évangile de Jean.
Samuel et les apôtres ne sont pas allés directement à Dieu par eux-mêmes. Alors que Samuel ne connaissait pas encore le Seigneur, le prophète Élie le conduit à Dieu le Père en l’invitant à répondre à son appel par ses mots : « parle, ton serviteur écoute ». Et il en va de même pour les premiers apôtres. Jean-Baptiste ayant posé son regard sur Jésus, les deux disciples se mettent à le suivre puis c’est André qui amène Pierre au Christ. C’est comme s’il y avait une sorte triangulation entre Dieu et nous. Voilà une des merveilles des lectures de ce jour.
À notre tour, nous sommes conviés à conduire celles et ceux qui le souhaitent, à découvrir et à rencontrer ce Dieu qui s’est révélé à nous en Jésus Christ. Peu importe notre condition. Que nous soyons assis, debout ou couchés, en pleine santé ou fragilisés par la vie, toutes et tous, nous avons cette possibilité de devenir de véritables témoins de cette foi qui vit au plus profond de chacune et chacun d’entre nous et ce, jusqu’à notre dernier souffle. Il ne s’agit pas de faire de grands discours, mais plutôt d’être ajusté à la volonté divine par la manière dont nous vivons nos vies. Cette volonté divine s’exprime dans la douceur de nos mots, dans la tendresse de notre regard, dans la bienveillance de nos actes. C’est à cet endroit précis que Dieu continue de se révéler à nous aujourd’hui. Il a donc bien besoin de nous. Non seulement, nous sommes images de Dieu, mais également, chacune et chacun, à notre manière, nous sommes les témoins vivants de la présence divine sur cette terre.
L’Esprit Saint est à l’œuvre dans notre monde et il agit par nous. Telle est notre responsabilité de croyantes et croyants. Puisque nous sommes appelés à nous conduire les uns les autres auprès du Père, dans le Fils et par l’Esprit, nous sommes invités à devenir des êtres contagieux de cette foi joyeuse qui nous habite. Il s’agit cette fois d’une contagion saine, d’une contagion heureuse, d’une contagion qui nous dépasse puisqu’elle trouve sa source en Dieu. Nous n’avons pas à la planifier, juste à rayonner par notre manière d’être. Et si le doute se mettait à nous traverser, ne cherchons pas Dieu en levant les yeux vers le Ciel, mais prenons plutôt le temps de le rencontrer dans le cœur de celles et ceux de qui nous nous faisons proches. Grâce à eux, comme les premiers disciples, nous pourrons dire, « nous avons trouvé le Messie. Ce qui veut dire : Christ ». Amen.
Références bibliques : 1 S 3, 3b-10.19 ; Ps. 32 ; 1 Co 6, 13c-15a. 17-20 ; Jn 1, 35-42
Référence des chants :