Chers amis du Jour du Seigneur, Jésus parle de bergers et de brebis, et la Corse qui nous accueille aujourd’hui, résonne bien à cela, car, comme me le disait l’Abbé Frédéric, c’est une terre pastorale.
Mais j’aurais bien appelé ce dimanche du Bon Pasteur le dimanche de la Bonne Porte, car Jésus nous surprend en disant d’abord : « Je suis la porte ».
D’ailleurs, n’avez-vous jamais été embarrassés lorsqu’il dit qu’il est le Bon pasteur ? Ne craignez-vous pas d’être perdus dans la masse et conduits là où nous ne voulons pas aller ? Alors voyons si l’image de la porte nous aidera à nous sentir plus à l’aise !
Jésus propose une parabole qui parle des bergeries de son temps. C’était des enclos fermés par des murs avec une ouverture pour accéder à l’intérieur. La nuit, les bergers mettaient les brebis à l’abri dans ces enclos. Jésus dit qu’elles reconnaissent la voix de leur berger, car au moment de quitter l’enclos, chaque berger devait retrouver ses brebis parmi celles des autres bergers : elles réagissent à son cri et, s’il le faut, il appelle celles qui traînent en utilisant le petit nom qu’il leur a donné. Cette reconnaissance mutuelle semble un peu optimiste, mais elle dit tellement bien que lorsque s’est créée la confiance et la familiarité, nous sommes prêts à suivre ! C’est la différence avec ceux qui escaladent les murets pour rentrer dans l’enclos : ils ne pourront jouer que de la séduction, de la manipulation ou de l’intimidation.
Jésus dit ensuite qu’il est la porte. L’image renvoie à une autre pratique des bergers. Pour fermer l’enclos, le berger s’asseyait en travers du passage. Il veillait à ce que les brebis ne sortent pas de l’enclos et à ce que des bêtes sauvages ou des gens mal-intentionnés n’y entrent pas. Il expose donc sa vie pour qu’il n’arrive pas un malheur ! En même temps, certains diront peut-être que cela empêche l’aventure et l’audace, elles aussi porteuses de vie.
A la fois rassurante et frustrante, cette image de Jésus, « Porte des brebis », nous convient-elle ? Toute image a ses limites. Mais Jésus ne reste pas prisonnier de l’image. S’il accepte de se tenir à la porte, c’est qu’il est prêt à donner sa vie pour ceux qu’il aime. Et il dit ici qu’il est venu « pour que les hommes aient la vie, et qu’ils l’aient en abondance ». Et justement, ce n’est pas une vie confinée. Il nous dit qu’il a accepté de se tenir à la porte pour qu’en passant par lui, nous soyons sauvés. Et il donne une définition du salut : aller et venir et trouver un pâturage.
C’est bien ce que nous cherchons. A la fois un lieu de repos et la liberté d’aller et venir. Mais il y a plusieurs manières d’aller et venir, et certaines sont épuisantes, voire destructrices. Le prophète Isaïe le dit : « Nous étions tous comme des brebis égarées : chacun suivait son propre chemin » (Is 53, 6). Pour entrer dans la bergerie comme pour sortir dans le vaste monde, passer par Jésus, porte des Brebis, nous fait discerner les chemins à prendre et donc trouver notre vocation. Ce week-end, je dois dire que j’ai découvert avec admiration celle des confréries corses ! Saint Augustin disait : « Aime et fais ce que tu veux ». Il ne disait pas : Fais ce que tu veux et aime ça. Mais plutôt : va loyalement à la source de l’Amour, et alors tu agiras selon le bien. De la même façon, en passant par la porte qu’est Jésus, nous pouvons aller et venir en vue du bien de ce monde souffrant et de notre propre bien. Comment passer par la porte qu’est le Christ ? En sachant nous en remettre à lui, avant de nous engager. Quand nous changeons de cap. Quand la peur nous retient.
Le regard porté sur le monde et ses besoins est l’œilleton de cette Porte. La Parole de Dieu en est la serrure. Et la prière en est la clé. Amen.
Références bibliques : Ac 2, 14a.36-41 ; Ps.22 ; 1 P2, 20-25 ; Jn 10, 1-10
Référence des chants : Liste des chants de la messe à Porto Vecchio 11 mai 2014