Vous n’êtes pas des coiffeurs ! C’est ce qu’a dit le pape François lors d’une homélie à la maison Sainte-Marthe, à Rome, le 17 juin. Il commentait l’Évangile du bon pasteur qui laisse les 99 brebis pour aller chercher la brebis perdue : « Aujourd’hui, l’Église a une brebis et il en manque 99. Il est donc urgent que les chrétiens sortent pour trouver les 99. Mais cela demande un effort, une générosité, car il est beaucoup plus facile de rester chez soi avec la brebis unique. On la caresse, on la coiffe… Mais le Seigneur nous veut pasteurs, pas coiffeurs ! »
Je reviens de Rio de Janeiro, où le pape nous a bouleversés par ses paroles et par son sourire. Là-bas, il est revenu sur le thème de la foi, thème de sa première encyclique, « Lumen fidei », et thème de la première lecture de ce jour qui nous présente la foi d’Abraham pour modèle. Avec le pape François, je voudrais donc aborder dans un premier point l’écoute de la foi, puis la proclamation de la foi.
La foi est liée à l’écoute. Au début de l’encyclique, le pape nous explique qu’Abraham n’a pas vu Dieu mais qu’il a entendu. « Abraham entend la voix de Dieu qui l’invite à quitter son pays. La foi a donc un caractère personnel. Dieu n’est pas lié à un lieu, mais à une personne, précisément le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ». Le Dieu de Thérèse, de Robert, de Nathalie… de chacun d’entre vous !
Oui, mais me direz-vous, nous n’avons jamais entendu Dieu nous parler à haute voix ! L’encyclique nous explique que « dans de nombreux domaines de nos vies, nous faisons confiance à d’autres personnes qui ont de meilleures connaissances que nous. Nous avons confiance dans l’architecte qui construit notre maison, dans le pharmacien qui nous présente le médicament pour notre guérison. Nous avons donc besoin de quelqu’un qui soit digne de confiance et expert dans les choses de Dieu, cette personne, c’est le Christ ! »
Aux JMJ, le pape François est revenu sur ce point en citant l’Évangile où Dieu le Père dit : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi, écoutez-le ! » Jésus nous porte Dieu et nous porte à Dieu. Avec lui, toute notre vie se transforme, se renouvelle, et nous pouvons regarder la réalité avec un regard nouveau, du point de vue de Jésus, avec ses yeux à lui.
Chers téléspectateurs, si vous avez l’impression d’avoir une foi traditionnelle et non personnelle, c’est peut-être parce que vous n’écoutez pas suffisamment Jésus ! Faites silence, lisez les Évangiles et vous entendrez sans doute sa voix !
Venons-en maintenant à notre second point : La foi vient de la proclamation. Lors de l’homélie de la messe finale des JMJ, le pape a encouragé les jeunes à aller sans peur proclamer l’Évangile et servir. Il a repris le verset 14 de l’épitre de Paul aux romains déjà cité dans son encyclique : « Comment croire sans d’abord l’entendre ? Et comment entendre sans quelqu’un qui proclame ? »
Si vous êtes dans cette Église ou devant votre poste de télévision pour vivre cette messe, c’est sans doute parce que quelqu’un a semé en vous la semence de la foi. Votre grand-mère, vos parents, vos catéchistes, un prêtre, un ami… Est-ce que, à votre tour, vous êtes soucieux de redonner cette foi que vous avez reçue ?
Les prédicateurs citent souvent Claudel : « Ne parle du Christ que si on te le demande, mais vis de telle manière qu’on te le demande. » Cette phrase a le mérite de nous inviter à la cohérence entre notre vie et notre témoignage. Mais elle a aussi un grand inconvénient : elle semble nous dispenser de l’effort de l’annonce. Il faudrait attendre que les gens nous questionnent pour parler de notre foi. Mais vous avez beau vivre le plus chrétiennement possible et faire de beaux sourires à tout le monde, personne ne vous arrête en pleine rue en vous disant : « Oh, vous êtes tellement rayonnant, dites-moi, d’où ça vient ? » Et puis il faudrait refaire la fin de l’Évangile de Matthieu, au chapitre 28, qui était d’ailleurs le thème des JMJ de Rio : « Allez, et de toutes les nations faites des disciples… mais attendez qu’on vous pose des questions ! »
Non, face à notre société qui baigne dans l’indifférence et l’individualisme, nous devons retrouver l’audace de partager notre foi. La proposer sans jamais l’imposer, mais la proposer tout de même. Nous en serons les premiers bénéficiaires car, comme le disait Jean Paul II : la foi « se fortifie quand on la donne ! » Et le pape François a conclu les JMJ en disant : « Vous expérimenterez que celui qui évangélise est évangélisé, celui qui transmet la joie de la foi, reçoit la joie. »
En conclusion, nous qui avons expérimenté l’écoute de la foi, je vous invite, vous et moi, à faire un effort concret cette semaine : il y a certainement quelqu’un de notre entourage à qui nous n’avons pas encore osé parler de notre foi. Eh bien, c’est l’occasion de mettre en pratique l’invitation du pape François en sortant à la rencontre de cette brebis sortie de l’enclos !
Références bibliques : Sg 18, 6-9 ; Ps32 ; He 11, 1-2.8-19 ; Lc 12, 32-48
Référence des chants : Liste des chants de la messe à Pluduno du 11 aout 2013