Dans les évangiles, certains aiment donner à Jésus le titre de « Maître » : « Maître, explique-nous ? », « Maître, qui peut être sauvé ? ». Jésus forme ses disciples, il les instruit dans la compréhension des Écritures, il leur donne les fondements de la vie… Il leur donne ce qui va leur permettre de parler en toute assurance, lorsqu’il leur faudra courir la terre pour annoncer son message. Jésus est un maître et les disciples le suivent. Aujourd’hui, ce titre de « Maître » est particulièrement approprié alors que nous sommes reçus chez les Frères de l’Instruction chrétienne de Ploërmel, une congrégation au service de l’éducation des jeunes, fondée par l’abbé Jean-Marie de La Mennais, mort il y a cent cinquante ans. L’abbé Jean-Marie fut un magnifique éducateur et fut immensément aimé.
Être maître n’est pas toujours facile ! Quel enseignant, entendant cet évangile, ne mettrait pas des noms d’élèves sur les deux fils de cette parabole : il y a ceux qui résistent, qui sont durs à former… Mais en fin de compte, ils font ce qu’on leur dit. Je me souviens de l’admiration que j’avais devant le directeur d’un établissement scolaire qui trouvait rapidement la combine employée par des élèves indociles ; il me dit : « Mon père, j’ai fait tout ça avant eux ! » Je lui répondis : « Alors, je ne désespère pas pour leur avenir ! Ils tourneront bien ! » Les élèves qui disent toujours « oui ! », sont-ils vrais ? Là est le souci de l’éducateur.
Quelle est la pédagogie de Jésus ? Il donne une parabole, un cas concret, ici celui des deux fils. Et il pose la question de tout éducateur : « Quel est votre avis ? » Jésus attend de chacun qu’il prenne position. Dans l’enseignement, il convient d’apprendre bien des choses mais à la longue, la question vient : que penser de ceci ? Que dois-je faire ? Chacun, au cours de son éducation, rencontre cette question fondamentale.
Mais cela ne suffit pas. En maître, Jésus tourne le regard de ceux qui sont devant lui, vers Dieu, vers son Père. Pour grandir dans la vie, et cette éducation se fait à tout âge, il faut des modèles, des références, un maître. Des générations de jeunes ont grandi avec Jean Paul II comme référence pour leur vie. Les frères de Ploërmel enseignent, ils aident les jeunes à se poser la question fondamentale : « Que penser de la vie ? Comment se situer dans ce monde ? » Mais ils font davantage : ils veulent donner aux jeunes un maître, Jésus, et leur faire découvrir ceux et celles qui ont témoigné de lui. L’éducation chrétienne, comme toute éducation, cherche à donner aux jeunes l’occasion d’épanouir toutes leurs possibilités intellectuelles, morales, physiques, artistiques… Mais l’éducation chrétienne cherche aussi à donner aux jeunes la joie de rencontrer Jésus, le Maître ! Un maître qui éclaire la profondeur de nos vies, un maître qui reçoit les pécheurs à sa table et qui les libère de la lourdeur de leurs fautes, un maître qui met chacun debout, libre, capable à son tour de libérer les autres.
Comment se situer en ce monde ? « Que pensez-vous de ceci ? » En écho à cette question de Jésus, l’abbé Jean-Marie de La Mennais, juste avant de mourir, posa à ses frères de Ploërmel cette question qui touche toute vie : « Où en est l’affaire de notre salut ? Sommes-nous plus à Dieu et moins à nous-mêmes et à notre amour-propre ? Quel est notre zèle et notre dévouement pour le salut des âmes ? » L’abbé Jean-Marie de La Mennais est lui-même à l’école de Jésus, le Maître, qui nous apprend à grandir en fils de Dieu et en humanité.
Heureux ceux qui consacrent leur vie à l’éducation des jeunes ! Initiateurs de vie, de la vie sous tous ses aspects, ils sont à l’image de Jésus, le Maître bien aimé.
Références bibliques : Ez 18, 25-28 ; Ps. 24 ; Ph 2, 1-11 ; Mt 21, 28-32 ;
Référence des chants :