Chers frères et sœurs, autorités diplomatiques et consulaires d’Haïti, ici présents, chers téléspectateurs de France 2, Dieu est Amour et Miséricorde !
Pourquoi, selon vous, Jésus Christ, tout Fils de Dieu et tout saint qu’il est, a voulu se soumettre au rite du baptême de repentance ?
Jean Baptiste, lui-même, le Précurseur, était surpris ! En voyant Jésus, il lui disait : « C’est moi qui ai besoin de me faire baptiser par toi et c’est toi qui viens à moi ! » Nous sommes surpris nous aussi ! Faudrait-il lier cette manifestation de Jésus à sa vocation de Serviteur et à sa mission de salut de tous les humains ? Pour notre vie de chrétiens, chrétiennes, à la suite du Christ, qu’est-ce que l’Eglise nous propose à travers cette grande fête ?
Tout d’abord, le baptême du Christ n’est pas notre baptême ! Dans l’Église, le baptême est un signe qui manifeste, de façon visible, ce qui se réalise avec efficacité dans le cœur du chrétien. Or, Jésus est Dieu, « né de Dieu » ! Il n’a pas reçu le baptême pour la rémission de ses péchés, encore moins pour recevoir la vie divine. À la lumière de sa vocation, illustrée par le poème isaïen, son baptême se situe dans le cycle de ses manifestations, qui a commencé à Noël par sa naissance à Bethléem, dans l’humilité de la crèche. C’est, pour ainsi dire, une anticipation du mystère pascal avec ses aspects d’humiliation et d’exaltation, d’ensevelissement et de vie nouvelle, d’accomplissement des Écritures et de révélation du Messie.
Ensuite, Dieu ne fait pas acception entre les humains ! Jésus a répondu à Jean Baptiste qui voulait l’empêcher de se faire baptiser : « Pour le moment, laisse-moi faire ; c’est de cette façon que nous devons accomplir parfaitement ce qui est juste. » Cette parole de Jésus est révélatrice de ses sentiments les plus profonds. Il est venu pour s’humilier, pour se solidariser avec tous ces pécheurs (publicains, prostituées, honnêtes gens) qu’il veut sauver. Par le baptême de Jean Baptiste, Jésus, le Fils de Dieu, celui qui est sans péché, se place parmi les pécheurs. « Il est l’Agneau de Dieu, qui doit enlever le péché du monde ! »
Enfin, mes biens chers frères et soeurs, méditer sur le baptême de Jésus, c’est arriver à comprendre que Dieu est Amour et Miséricorde ! C’est choisir en effet de marcher sur le chemin de la solidarité et de la réconciliation à la suite du Christ Jésus. Comme vous pouvez sans aucun doute le constater, il est actuellement difficile de résister à la logique du profit comme fin en soi. Il est difficile de résister aux abus, aux tricheries, aux « exploitations subtiles », dans un monde de libéralisme capitaliste, où l’écart entre les pays riches et les pays pauvres se creusent de plus en plus. Pourtant, nous autres chrétiens, ou encore mieux nous autres chrétiens haïtiens, ne sommes-nous pas appelés aujourd’hui, plus que jamais, à être témoins du Dieu, Amour et Pardon ? Ne sommes-nous pas appelés à être pour nos frères et soeurs, dont plus de 1,5 million de sans-abri, vivant dans le mépris, la souffrance et la honte, après la catastrophe ayant coûté la vie à plus de 200 mille personnes, sans compter les victimes des ouragans et du choléra importé ? "Renmen se kle !" (L’amour vrai est la clef) Jésus-Christ est tout l’amour reçu, le Père est tout l’amour donné, et l’Esprit saint est l’amour échangé entre le Père et le Fils. C’est ainsi qu’il faut comprendre l’annonce joyeuse de l’Evangile, l’écho de cette voix qui vient d’en Haut : "Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; en lui, j’ai mis tout mon amour".
Références bibliques : Is 42, 1-4.6-7 ; Ps. 28 ; Ac 10, 34-38 ; Mt 3, 13-17
Référence des chants :