Pour l’anniversaire, que nous fêtons ce matin avec Le Jour du Seigneur, du texte du Concile Vatican II sur la liturgie, la façon de célébrer la messe, est-ce que vous auriez préféré que nous soyons dans une cathédrale ? Dans une de nos magnifiques cathédrales, avec ses piliers et ses voûtes qui prônent la grandeur de Dieu, plutôt que dans cette petite église où nous sommes proches de Jésus ? Les cathédrales ont l’avantage de la grandeur. Elles donnent une impression de puissance, un sentiment de sécurité.
Zachée était à l’opposé : il était petit et détesté. Son métier était de ramasser les impôts pour l’occupant romain : il était riche et méprisé. S’il avait été de belle stature, il aurait été moins mal vu. Nous sommes jugés sur les deux, sur le physique et sur l’argent. L’histoire de Zachée nous touche parce qu’il s’était perdu dans sa propre vie. Il avait perdu le sens de sa vie. Perdu comme le fils prodigue, perdu et retrouvé lui aussi. Jésus s’est arrêté devant Zachée. Il l’a appelé : « Il faut que j’aille demeurer chez toi. » Et depuis ce jour, nous savons que tout homme, toute âme, peut être transfigurée par le Christ, par les sacrements de l’Église.
Dans l’entretien que le Pape a accordé aux revues jésuites début octobre, il cite cette maxime de saint Ignace, disant que ce qu’il y a de merveilleux avec Dieu est qu’il ne se laisse pas enfermer par ce qu’il y a de plus grand, mais il consent à être contenu par le plus petit. C’est ce que Jésus fait avec Zachée. C’est ce que Jésus fait avec nous à la messe. Bien sûr qu’il est magnifique de célébrer dans une cathédrale. Mais la beauté de la liturgie ne tient pas à son apparence : elle tient à la venue de Jésus dans nos âmes, pour que nous devenions des saints.
Tel est le sens de la réforme liturgique du Concile Vatican II. Le pape François dit qu’elle fut « une relecture de l’Évangile ». Elle s’applique à Zachée. Le Concile dit en effet que le rôle de la liturgie est de « fortifier les énergies ». Fortifier et canaliser quand on voit Zachée qui court, qui grimpe, qui descend, qui donne, avec un empressement un peu désordonné. L’énergie est divine quand elle est une ardeur à faire le bien, quand elle sert à proclamer les merveilles de Dieu, à soigner ce qui est blessé, réparer ce qui est faussé.
Ensuite, le Concile dit que « la liturgie n’épuise pas toute l’activité de l’Église » : elle suppose une conversion, comme pour Zachée. « Il est nécessaire, avant que les hommes puissent y accéder, qu’ils soient appelés à la foi et à la conversion. » Elle implique alors un changement de vie, comme pour Zachée : la vérité de la liturgie, le critère de la prière, c’est la charité. Voilà, dit Zachée, je vais donner aux pauvres la moitié de mes biens et réparer le mal que j’ai fait.
Autrement dit, cette venue de Jésus chez Zachée fut sa première communion. Il fait l’expérience du mystère de la messe : elle est « le sommet vers lequel tend l’action de l’Église, et en même temps, la source d’où découle toute sa vertu. » Dans l’hostie, ce qu’il y a de plus grand est contenu dans ce qu’il y a de plus petit : le Christ est venu chercher et sauver ce qui était perdu.
Références bibliques : Sg 11, 23-12, 2 ; Ps 144 ; 2Th 1, 11-2, 2 ; Lc 19, 1-10
Référence des chants : Liste des chants de la messe du 03 11 2013 à Paris