Vous qui nous regardez ou vous qui êtes venus ici, ce matin, amenés par les bénévoles de l’Ordre de Malte, vous êtes peut-être comme ce paralysé qu’on porte. Jésus guérit cet homme. Il vous donne ce matin une espérance. À nous tous, il donne une espérance. Il répond à l’attente des porteurs comme du malade.
Mais remarquez le bien : Jésus ne fait pas que guérir le paralysé. Il lui pardonne aussi ses péchés. Le Seigneur nous donne les grâces que nous n’attendons pas.
Le Seigneur nous donne toujours davantage que ce que nous demandons. Ceux d’entre vous qui vont à Lourdes le savent bien : souvent, ce n’est pas avec une guérison physique que vous revenez, mais tellement remplis de grâces que chaque année vous voulez y retourner.
Pourtant, ce n’est pas facile d’être portés, comme on le fait ici, pour le paralytique. Pour certains d’entre nous, ce n’est jamais facile de devoir attendre l’aide des autres, pour accomplir les gestes les plus élémentaires. Mais, pour recevoir les grâces que donne le Seigneur, il nous faut accepter d’être portés. Il faut commencer, avec humilité, par reconnaître que nous avons besoin d’être guéris. Que nous avons besoin d’être pardonnés. Que nous avons besoin d’être portés.
Mais, il nous faut trouver les porteurs et les membres de l’Église reçoivent un appel tout particulier à cela. En fait, nous avons mission de porter les autres. De nous porter les uns les autres. Vous-mêmes, membres de l’Ordre de Malte, vous avez accepté de porter d’une manière ou d’une autre les plus fragiles. Vous êtes brancardiers à Lourdes. Vous rendez visite à des personnes qui résident dans des maisons spécialisées ou dans des maisons de retraites et vous organisez pour elles des sorties. Vous soutenez des personnes qui vivent dans la précarité. Vous apportez votre aide. Et votre expérience vous a fait découvrir qu’il s’agit parfois d’aider physiquement une personne dépendante. Mais souvent, aider, c’est aussi apporter un peu de joie, un peu de charité. Apporter le petit plus qui n’est pas indispensable mais qui fait vivre.
Et il ne faut pas l’oublier, frères et sœurs. D’une manière ou d’une autre, tous nous sommes paralysés et avons besoin d’aide. Mais aussi, d’une manière ou d’une autre, tous nous pouvons porter les autres. C’est notre mission commune.
Certains me demandent : « Mais comment pouvons- nous le faire, nous porter tous les uns les autres ? » Par la prière ! Tous peuvent le faire. Tous en ont la mission. Et même si nous sommes malades. Même ceux qui ne peuvent jamais sortir de chez eux. Même si vous ne pouvez, ni marcher, ni parler. Vous pouvez prier. Nous pouvons prier les uns pour les autres. Et au fond de notre découragement, nous pouvons nous souvenir qu’il y a la prière des autres ; et nous pouvons aussi nous souvenir qu’il y a la prière des saints du ciel, avec nous et pour nous. Ce grand mouvement de la foi partagée, qui nous rapproche de l’amour de Dieu et que l’on appelle la communion des saints.
Parfois, dans votre immobilité, vous vous demandez pourquoi le Seigneur vous laisse sur cette terre. Je crois en tout cas qu’il a une mission pour vous. À l’heure où il y a moins de contemplatifs sur cette terre, le Seigneur peut compter sur les personnes âgées et sur les personnes malades, pour prendre le relais de la prière. Sans la prière, le monde irait encore plus mal. Sans vous, qui avez à cœur de prier, le monde irait à sa perte.
Frères et sœurs, animés de cette foi que Jésus reconnaît chez les porteurs, dans l’Évangile de ce jour, croyons que nous pouvons nous porter les uns les autres. Dans un mouvement de charité. Dans la ferveur de la prière. Dans l’élan de l’amour qui nous tient tous en communion. Croyons que nous pouvons, les uns les autres, secourir les pauvres, quels qu’ils soient.
Oui, Seigneur, fais grandir en nous la foi. Afin que nous fassions monter vers toi une immense prière d’intercession, pour les pauvres que nous sommes tous, d’une manière ou d’une autre.
Références bibliques : Is 43, 18-19.21-22.24c-25 ; Ps. 40 ; 2 Co 1, 18-22 ; Mc 2, 1-12
Référence des chants :