La mort de Jésus, que nous venons de revivre, serait-elle la fin de tout ? Serait-elle l’échec de son message et de sa mission ?
Cette question, nous nous la posons après la mort d’un proche ou quand nous pensons à notre propre mort : la mort nous fait-elle tout perdre… ou nous fait-elle tout gagner ? (*)
II n’y a pas de demi-réponse à cette question pour notre propre mort et encore moins pour celle de Jésus.
Sa mort est-elle l’effondrement de toute l’espérance que nous avions mise en lui ? « La mort de Jésus est-elle un échec ou est-elle une victoire » ?
Pour la foi chrétienne, c’est sans appel : la mort de Jésus est une victoire.
Ce qui pour nous, ressemble à un échec, Jésus en fait une victoire.
Et ma conviction c’est que nous pouvons non seulement comprendre cette transformation mais plus encore y participer.
1 – Que se passe-t-il sur la croix ?
Pourquoi les chrétiens ont-ils choisi la croix comme marque de reconnaissance, comme emblème de leur religion. Pourquoi en traçons-nous le signe quand nous commençons à prier ?
Un prophète ne peut pas mourir de cette façon et pour les autres religions la croix de Jésus est un non-sens. Saint Paul dit même que pour les sagesses païennes, elle a tout d’une folie (1 Co 1, 23) ; tout le contraire du bonheur.
Alors, que se passe-t-il sur la croix ? Sur la croix, se réalise le changement le plus radical qui soit : Jésus transforme le Mal en Bien.
Dans le cœur de Jésus, le mal subi se transforme en amour donné.
La violence se transforme en non-violence.
En Jésus, "vrai Dieu et vrai Homme", la vie humaine est tout entière entrainée dans la résurrection.
Cette transformation radicale, l’Église l’appelle la Rédemption, le Salut du genre humain.
2 – Et dès maintenant, nous-mêmes pouvons participer à cette transformation.
– Quand nous convertissons en nous des sentiments de révolte en une décision non violente constructive, nous transformons le monde.
– Quand nous faisons de notre souffrance physique ou morale, une prière, nous transformons le monde.
– Lorsque dans des situations de confusion ou de mensonges nous avons le courage de dire les choses telles qu’elles sont, nous transformons le monde.
– Quand chacun de nous s’engage personnellement dans l’Église pour faire de l’Amour de Jésus une force historique, nous transformons le monde.
– Quand nous faisons une démarche de réconciliation avec quelqu’un et quand nous vivons le sacrement de réconciliation, nous transformons le monde.
– Quand le pain et le vin de la messe deviennent le Corps et le Sang du Christ, avec l’Église, nous accueillons Jésus qui transforme le monde.
Frères et sœurs, aujourd’hui, par cette célébration, nous entrons dans la grande Semaine Sainte. Proclamons notre foi en Jésus qui transforme l’échec en victoire. Vivons intensément chaque jour de cette semaine comme un passage – une Pâque – de la mort à la Vie.
(*) Christian Bobin in "Ressusciter" – éd. Gallimard
Références bibliques : Mt 21, 1-11 ; Is 50, 4-7 ; Ps. 21 ; Ph 2, 6-11 ; Mt 26, 14-27, 66
Référence des chants :