Mes bien-aimés, prenons une petite leçon de résurrection !
Premièrement: qu’est-ce que le Carême ? On vous a dit que c’était cette période un peu particulière pendant laquelle les chrétiens pratiquaient l’ascèse. Et pourquoi donc ? Pour devenir, si possible, plus moches et plus tristes que d’habitude ? Comme a dit le pape François : « des mines de Carême sans Pâque… » Ça ne donne pas envie : ça sent un peu le renfermé comme dans le tombeau de Lazare ! On vous a dit que le Carême était le temps du jeûne, de la prière et de l’aumône, un temps de combat spirituel pour se débarrasser de nos penchants mauvais ou au moins en prendre conscience.
OK ! Mais ceci n’est pas une fin en soi. S’il n’y avait que ça, le Carême se réduirait à une sorte de régime alimentaire, une psychothérapie de groupe, un redressement de notre volonté tordue… oui ? Et alors ? Serions-nous sauvés par des préceptes ? Sauvés par des questions de nourriture et de boisson ? N’importe quoi ! Tout ceci ne serait plus la religion de Jésus Christ !
Frères et sœurs, le Carême est une préparation à « célébrer les fêtes de Pâques qui approchent… » Mais ce n’est pas une Pâque de plus dans notre existence, une Pâque qui passe : c’est un comble ! Car « Pâques », le passage de la Mer rouge, le passage du tombeau, « Pâque », la résurrection, ne passe pas, « Pâques » est l’éternité. C’est pourquoi le Carême est essentiellement une préparation à la résurrection. La résurrection, la vraie, non pas une fête annuelle dans le calendrier, mais celle qui nous concernera chacun, un jour, personnellement. Entrer en Carême, c’est offrir sa vie entière, pour vivre vraiment et vivre pleinement, là où on en est, comme un désir de la résurrection.
Mais alors qu’est-ce que la résurrection ?
Vous croyez peut-être que la résurrection est un dogme, un article de foi, une croyance comme une autre. Il suffirait de fermer les yeux, de serrer les poignées et de penser très fort en disant : « j’y crois j’y crois ». La résurrection ne serait alors qu’une idée… allons plus loin toute la foi de l’Église ne serait donc qu’une idéologie ! Mais ce n’est pas une idéologie qui a fait sortir Israël de ses tombeaux, ce n’est pas une idée qui a ramené Lazare à la vie…
Quelque chose s’est passé ce jour-là à Béthanie. Un évènement s’est déroulé sous les yeux de centaines de personnes. Ce n’était pas un discours, mais un fait. Un homme mort depuis quatre jours est sorti du tombeau. Mais l’essentiel de cet épisode n’est pas dans la merveille qui, malgré l’effet « waouh », n’aurait qu’un caractère anecdotique. Ça ne changerait pas grand à notre vie à nous ! Ce n’est pas l’évènement spectaculaire qu’il faut admirer mais ce qu’il révèle profondément. Attention notre vie peut en être changée, les catéchumènes en savent quelque chose !
Le retour à la vie de Lazare nous dit que, de même que le Carême est entièrement tendu vers les fêtes de Pâques, notre vie est toute illuminée par la Pâque éternelle. Il nous révèle surtout qui est l’auteur de toutes les résurrections.
La résurrection est une œuvre de Miséricorde du Père qui ne supportera jamais aucune de nos morts ; la mort de nos âmes : le péché, la damnation, la mort de nos corps, la pourriture… La résurrection est une alliance, une union même avec l’Esprit Saint qui donne vie à nos corps mortels, dès ici-bas, pour être lui-même notre vie dans l’Éternité.
La résurrection c’est le Christ. Il est la Résurrection et la Vie. Vous avez entendu, la résurrection n’est pas une idée, elle est bien plus qu’un évènement, plus qu’un miracle. La résurrection, c’est quelqu’un et ce quelqu’un est venu donner sa vie par les sacrements de son Église. Les sacrements que nous renouvellerons solennellement à la fin du Carême.
La résurrection c’est le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Amen.
Références bibliques : Ez, 37, 12-14 ; Ps. 129 ; Ro, 8, 8-11 ; Jn, 11, 1- 45
Référence des chants : Liste des chants de la messe du 22 mars 2015 à l’église Saint-Dominique (Paris)