Le pauvre Amos ! Il était tranquillement installé dans son métier. Il s’occupait des vaches, c’est déjà un métier difficile ! Et voilà qu’il va risquer le « burn-out » : le Seigneur l’appelle à devenir prophète. Il n’a pas reçu de formation spécifique, il ne se trouve aucune qualité particulière.
Sommes-nous si différents d’Amos ? Plus exactement : et si nous étions comme d’autres Amos ? Appelés à devenir ce que le pape François nommerait des « disciples missionnaires » ! Qu’est-ce que cela peut vouloir dire ? Jésus, a vécu avec ses disciples et on a l’impression qu’après un bon moment avec lui, une bonne formation, ils deviennent missionnaires et partent dans les quatre directions. Un peu comme un envol de pigeons voyageurs. Ce n’est pas ce que nous avons entendu dans l’Évangile selon saint Marc. Dès le premier tiers de son Évangile, Marc présente la mission de l’Église. Les disciples sont missionnaires. D’où l’expression : « Disciples-missionnaires ».
Lorsque nous rencontrons Jésus, la joie de cette rencontre est si forte que l’on a le désir de la partager ! Une grande joie se partage : Je pense à Henri, un paroissien marié depuis un an qui était dans un état second. Il me rejoint après une messe et me dit : « Mon père, je suis papa ! Ça fait trois kilo cinq et je vais devoir en faire un homme ! » Au moment où il devenait papa, il était si heureux qu’il voulait l’annoncer au plus vite ! Le disciple, qui rencontre Jésus, annonce sa joie comme missionnaire. Marie-Madeleine a rencontré celui qu’elle a pris pour un jardinier et dans sa joie de reconnaître Jésus le Christ, elle part l’annoncer ! Et nous ? Comment pourrions-nous devenir « disciples-missionnaires » ? Ce n’est pas très compliqué ! Concrètement, être disciple-missionnaire, c’est vivre en « 3D » notre vie chrétienne. Les trois dimensions de la vie chrétienne sont connues : nous sommes, par le baptême, entrés dans le peuple sacerdotal, prophétique et royal… Nous pouvons le dire avec trois verbes : célébrer, croire et vivre dans le style de Jésus, en continuant sa vie comme dirait Jean-Eudes.
Célébrer, traduire la dimension sacerdotale de notre baptême : c’est tout simplement prier et célébrer les sacrements. Une relation vivante avec Jésus s’exprime toujours dans la prière. Mais notre prière est-elle centrée sur notre nombril ou ouverte à tous nos frères humains ? Lors de la messe, nous disons la raison de notre présence : « Pour la gloire de Dieu et le salut du monde. ». Comment dire « mon Père » alors que Jésus nous a appris le « Notre Père » ? Être disciple-missionnaire, ce sera alors puiser une espérance pour tous les hommes dans la prière. Croire, traduire la dimension prophétique de notre baptême : c’est ouvrir la Bible, la méditer, approfondir notre foi. En Jésus, nous découvrons un Père qui fait de nous des frères. Lorsque nous approfondissons notre foi, nous mesurons qu’il a plu à Dieu de nous sauver, non pas comme des individus juxtaposés, mais comme un peuple. Jésus nous a appris qu’il n’y a qu’un seul commandement : aimer Dieu et son prochain. La foi nous ouvre aux autres.
Vivre, traduire la dimension royale de notre baptême : c’est agir, mener sa vie dans le style de Jésus. Continuer la vie de Jésus, partager ses sentiments dirait Jean-Eudes. Plus je laisse le Christ agir en moi, plus je désire travailler à un monde plus juste et fraternel. Que serait une foi sans les actes de la foi ? Dans l’Évangile de ce jour, les disciples sont envoyés pour annoncer la Bonne Nouvelle et prendre soin des personnes. Le disciple continue la Charité de Jésus.
Ainsi, dans toutes les dimensions de la vie baptismale nous sommes des « disciples-missionnaires ». Pauvre Amos disions-nous… et c’est bien vrai : pour vivre la mission ensemble, comme des « disciples-missionnaires », il nous faudra être pauvres à la suite des apôtres… pour n’être riches que de l’amour de Dieu le Père, forts de l’Esprit de Jésus.
Références bibliques : Am 7, 12-15 ; Ps. 84, 9-14 ; Ep 1, 3-14 ; Mc 6, 7-13
Référence des chants : Liste des chants de la messe du 12 juillet 2015 à Ouistreham