Ecouter
« Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse ».
Dans les églises, on évoque souvent « Lâannonce faite à Marie ». Chaque année, le 25 mars, on fête lâAnnonciation. On ne compte plus les tableaux des plus grands peintres, les sculptures, les bas-reliefs qui évoquent la visite de lâAnge à Marie, dans sa maison de Nazareth, et sa réponse.
Rien sur « lâannonce faite à Joseph », rien sur lâAnge du Seigneur qui lui a pourtant dit, à lui aussi, des choses surprenantes, rien sur sa réponse. Qui est Joseph, cet homme dont lâÉvangile ne rapporte aucune parole ? Qui est-il ? Il nâest pas insignifiant, Joseph, et le peu de mots du récit dâÉvangile que nous venons dâentendre dit beaucoup plus que nous nâimaginons.
Cette dernière étape avant Noël, nous avions convenu, vous vous en souvenez peut-être, de réfléchir sur une quatrième attitude aussi essentielle que les trois autres : ECOUTER. Joseph peut nous servir dâexemple et nous y entraîner.
Prenez cette histoire de songe. Câest plusieurs fois dans la Bible que lâon évoque le songe. Dans la langue de la Bible, le songe nâest pas un rêve. Câest la façon imagée de rendre compte dâune aventure intérieure où quelque chose dâessentiel est engagé. Dire que Joseph, dans un songe, a entendu lâAnge du Seigneur, câest dire que Dieu lui a parlé au cÅur. Quâa-t-il entendu, Joseph, dans lâintérieur de son cÅur ? « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse. Lâenfant qui est engendré en elle vient de lâEsprit Saint ».
Comment comprendre lâincompréhensible ? Comment croire lâincroyable ? Comment faire confiance sur parole ? Ce qui allait de soi, câétait de répudier Marie, câétait conforme à la Loi, à la tradition. Prendre Marie chez lui, câétait, pour Joseph, faire fi du « quâen dira-t-on », des chuchotements sournois et de la risée de lâentourage. La parole de lâAnge, la parole de Dieu a été plus forte que ses réticences. Il a donné raison à cette parole de Dieu entendue dans son cÅur et il a eu le courage de changer de projet et de se faire serviteur dâun mystère quâil ne comprend pas.
Tout à lâheure, nous posions la question : « Joseph, qui est-il ? ». Eh bien ! câest un homme de silence, un homme intérieur, capable dâécouter Dieu lui parler et capable de changer sa vie, à la lumière de la parole quâil a entendue.
Quelle leçon pour chacun de nous, quel message utile pour nous tous en 2004. ! Dans un monde bruyant, dans nos vies bousculées, encombrées dâune foule dâactivités, qui sont toutes aussi utiles et indispensables, comment écouter ce qui se passe en nous, faire le point, prendre du recul, si nous ne prenons pas des moments de silence ?
Oui, il faut trouver des moments de silence, des lieux de silence pour écouter. Vous le faites sûrement et, ne soyons pas pessimistes, beaucoup le font, câest tellement important de descendre parfois dans la crypte de son cÅur, pour écouter.
Que pensez-vous quâils viennent faire, ces hommes, ces femmes qui sâarrêtent de temps en temps dans une église, après leur travail, avant de prendre le bus ? Un temps pour se taire, faire silence, faire le point. Comme le dit joliment un ami : « Tout se tait et le silence mâappelle vers lâintérieur, vers plus loin que lâintérieur ; vers où ? jâécoute ».
Que pensez-vous quâils viennent faire ces innombrables touristes ? Il nây en a jamais eu tant, paraît-il, à visiter les églises en toutes saisons. Ils font du tourisme, un peu de culture. Peut-être sont-ils sensibles aussi à un message, ceux qui écoutent avec le cÅur.
Que pensez-vous quâelles viennent faire, ces personnes, toujours plus nombreuses, dit-on, qui sâarrêtent dans les abbayes, une heure, un jour, trois jours. ? Elles viennent chercher le silence, écouter le silence créé par les moines ou les moniales, un silence habité dâune présence, une présence célébrée dans la prière.
Que pensez-vous quâils viennent faire ces millions de personnes qui montent ici, visiter Notre-Dame-de-la-Garde ? On dit que des chrétiens, qui se croient éclairés, se scandalisent de voir ici des non-croyants ou des croyants dâautres religions qui se contentent de faire brûler un cierge. Câest le cardinal Coffy qui a trouvé les mots pour leur répondre. Je le cite : « Vous avez tort de vous scandaliser. Monter à Notre-Dame-de-la-Garde et faire brûler un cierge, cette démarche peut bien être une réponse, mal formulée peut-être â mais, sommes-nous toujours au clair avec nos démarches de croyants ? â une réponse à un appel mystérieux de Dieu. Nây a-t-il pas dans cette démarche lâexpression dâune foi en une présence accueillante et aimante ? Il est important quâun tel lieu existe pour accueillir ceux qui croient et ceux qui cherchent, ceux qui savent prier et ceux qui voudraient savoir. Dans ce haut-lieu, il y a une présence qui souvent fait du promeneur un pèlerin. »
Prendre du temps pour se taire, pour faire silence, pour écouter, câest essentiel si lâon veut rester un homme. Que dire pour les chrétiens qui savent que Dieu nous parle au cÅur par son Esprit Saint ! On a beaucoup rappelé, et on doit beaucoup rappeler, quâêtre chrétien ne peut pas se concevoir sans un engagement résolu contre la misère, lâinjustice, la violence, qui dégradent lâhomme et offensent le projet dâamour de Dieu. Il faut dire aujourdâhui, aussi fort, quâêtre chrétien ne peut se concevoir sans un engagement aussi déterminé pour retrouver le chemin du cÅur. Car, hélas, il est parfois recouvert de broussailles, tel un sentier de randonnée quâon ne pratique plus et qui peut disparaître sous les ronces.
Bonne question à nous poser, en cette période de lâAvent : préparer Noël, câest donc prendre du temps pour le silence, la prière, la lecture de lâÉvangile, écouter une Parole et nous rendre dociles à ce que Dieu nous suggère et, nous aussi, comme Joseph, nous faire serviteurs dâun mystère qui nous dépasse.
Mes amis, câétait la 4e et dernière étape. Dans quelques jours, câest Noël. Nous fêterons lâanniversaire de la naissance de Jésus. Noël, ce nâest pas seulement le souvenir dâun événement passé, câest le Seigneur qui nous tend la main aujourdâhui, qui nous demande de lâaccueillir aujourdâhui. Il y a 2000 ans, il nây avait pas de place pour eux à lâhôtellerie. Est-ce que nous, nous lui ferons la place ? Avons-nous profité de ces quatre semaines pour lui faire la place ?
Oui, puisque nous avons pris le temps de veiller et de prier.
Oui, puisque nous avons décidé de préparer son chemin.
Oui, puisque nous osons espérer son salut contre toute espérance.
Oui, puisque nous voulons lâécouter.
Câest ce que nous pouvons nous souhaiter de meilleur en nous disant BON NOËL !
Références bibliques :
Référence des chants :