Le Christ nous appelle ! « Lazare, viens dehors ! » Il nous appelle depuis l’autre côté, depuis la lumière ! Vous l’avez entendu, frères et sœurs : « Je vais ouvrir vos tombeaux et je vous ferai sortir, ô mon peuple. » Et, plus pressant encore : « Lazare, viens dehors ! ». De dimanche en dimanche, au long de ce Carême, d’étape en étape pour vous, catéchumènes qui vous approchez de votre baptême, l’appel du Christ retentit. D’abord lointain, comme la voix du berger sur les collines, puis de plus en plus proche de nous ; et voici que Jésus se tient sur le seuil ; et voici que sa main touche le rocher qui nous emprisonne…
Car oui, nous sommes un peu comme Lazare. Plongés dans une sorte de nuit, entravés par certains liens. La nuit du doute, pour certains d’entre nous ou de nos proches ; les liens du péché, de la déception, de l’erreur, de la crainte. Comme Lazare dans son tombeau, nous sommes retenus dans une tombe intime dont, par courage, ou par pudeur, ou par lassitude, nous nous accommodons plus ou moins. Mais je sais, par la confidence que je reçois de ceux que j’accompagne comme prêtre et frère dans la foi, et par ma propre vie, combien cette tombe parfois oppresse… Et c’est ce cri du psalmiste qui s’élève dans notre cœur : « Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur ! Mon âme attend le Seigneur, plus qu’un veilleur ne guette l’aurore ! »
Mais voici que Jésus nous appelle depuis la lumière. « Lazare ! Viens dehors ! » Yasmine, Perrine, Annick, Romain, Ismaël, vous tous, catéchumènes, baptisés, fils et filles de Dieu, venez dehors ! C’est tout le sens du Carême ; tout le sens des étapes qui mènent au baptême. Entendre la voix du Christ qui depuis toujours, et pour toujours, crie notre nom. Nous redresser à son appel. Ouvrir les yeux, nous qui, à force de guetter dans la nuit, avons fini par les fermer…
Et aujourd’hui, Jésus est sur le seuil. Et sa voix retentit. Voudrez-vous, dira le rituel du Scrutin dans quelques instants, être libérés « de cette force de mort qui habite votre cœur et qu’on appelle le péché ? » Voulez-vous dénouer le linceul de la solitude ou de l’angoisse, le linceul de la fragilité de la foi qui parfois nous enserre la gorge, le linceul du présent et du passé, de tout ce que vous avez et n’avez pas fait ? Voulez-vous quitter toutes ces petites morts qui ternissent votre jour ; voulez-vous que vos yeux et vos mains et votre cœur resplendissent de la lumière du jour véritable, de la splendeur de la vérité, de la gloire de l’unique amour ? Voulez-vous affronter sans crainte la grande mort qui vous angoisse peut-être, qui nous guette de toute façon ? Voulez-vous recevoir de l’Esprit la vie nouvelle du Christ ressuscité ?
Levons la tête. Sourions. La pierre commence de se fendre. Il faudra encore, pour qu’elle vole en éclats, que le Fils de Dieu descende parmi les morts et en rejaillisse, éternellement vainqueur ; mais alors que nous ne le voyons pas encore, déjà sa grande voix s’élève. Viens ! La lumière passe par la fissure. Lève-toi, viens à la vie, viens dehors ! Amen.
Références bibliques : Is 43, 16-21 ; Ps 125 ; Ph 3, 8-14 ; Jn8, 1-11
Référence des chants : Liste des chants de la messe du 170313 à nantes