Lorsque j’ai eu le Père Jérôme au téléphone, j’ai été touché par le projet original de sa paroisse en ce dimanche. À chaque messe télévisée, nous pensons tout particulièrement aux malades ou aux personnes âgées qui ne peuvent plus se déplacer. Mais les paroissiens de Méru ont voulu aller plus loin : ils ont décidé d’aller les visiter chez eux, dans leurs maisons après la messe ! Ainsi, les paroissiens ont entendu l’appel du pape François qui nous invite à devenir tous des « disciples missionnaires » !
Commençons par le premier mot : « disciples ».
Tous les chrétiens pratiquants essaient, tant bien que mal, de devenir de bons disciples de Jésus. La relation personnelle au Christ éclaire les différentes situations de la vie. L’évangile de ce jour nous présente la belle-mère de Simon confrontée à la maladie. Peut-être qu’elle priait sur son lit de douleurs avec les versets de Job : « Je ne compte que des nuits de souffrance. À peine couchée, je me dis : quand pourrai-je me lever ? ». Jésus vient à elle, dans sa maison, et il la guérit. Mais il aurait pu aussi ne pas la guérir. Ce qui est important, c’est qu’il soit venu auprès d’elle, comme il vient en ce moment, dans la maison de tous ceux qui nous écoutent. La personne « malade disciple de Jésus » doit s’enraciner dans l’espérance et lutter contre toute forme de désespoir. Elle doit tenir cet équilibre entre d’un côté, combattre la maladie par tous les moyens, et d’un autre côté, être convaincue que si elle ne guérit pas, son chemin de souffrance est un lieu privilégié d’union à Dieu. Connaissez-vous la vénérable Marthe Robin décédée le 6 février 1981 ? Elle est restée 50 ans clouée au lit dans de grandes souffrances et une union à Dieu extraordinaire. Elle disait : « la douleur, la souffrance ne viennent pas du Ciel, mais le secours en vient, le bonheur en est ». Devenir disciple, c’est percevoir avec de plus en plus de certitudes que Jésus est là, à nos côtés, dans tout ce que nous vivons.
Venons-en à notre second mot : « missionnaires ».
Dans son exhortation apostolique « La joie de l’Évangile » le pape François nous dit clairement que tout disciple doit être forcément missionnaire. C’est un raisonnement qui nous bouscule car depuis des décennies, nous avons plutôt l’habitude de raisonner ainsi : nous sommes tous disciples, mais pas tous missionnaires. La mission est comprise comme un appel particulier qui concerne quelques-uns seulement. Le disciple lambda vit en bon chrétien et il pense avec raison que c’est déjà un bon témoignage. Mais il reste très discret sur sa foi qui relève de la sphère du privé. Pourtant, si votre voisin a découvert un régime alimentaire qui lui fait beaucoup de bien, cela aussi relève de sa vie privée. Est-ce qu’il va hésiter à vous en parler de peur que vous pensiez qu’il veut vous imposer son régime ? Alors, je vous demande : est-ce que votre foi n’est pas plus précieuse qu’un simple régime ? N’ayez pas peur de partager les valeurs qui vous font vivre, faites-le en toute simplicité, avec audace et retenue, soyez convaincu et convaincants sans pour autant faire du prosélytisme. Jean Paul II disait : « La foi se propose, elle ne s’impose pas ». Et Benoit XVI précisait : « Toute personne a le droit d’entendre le message de l’Évangile. À ce droit est lié un devoir, celui du chrétien à l’annoncer. » Les évènements récents nous montrent combien un pays chrétien qui ne propose plus la foi sous prétexte de laïcité, crée un désert spirituel sur lequel poussent de dangereux cactus.
Pour conclure, je vous propose de prendre exemple sur les paroissiens de Méru qui vont sortir à la périphérie. Nous aussi, essayons cette semaine de parler de notre foi avec au moins un non-croyant. Devenir disciples missionnaires nous rendra heureux, car si saint Paul s’est écrié : « Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile », il nous dirait aujourd’hui : « Bonheur à vous, si vous l’annoncez ! »
Références bibliques : Jb7, 1-4 ; 6-7 ; 19) Ps. 146 ; 1Co9, 16-19 ;22-23 ; Mc 1, 29-39
Référence des chants : Liste des chants de la messe à Méru le 8 février 2015