Dans la salle du trésor du Temple de Jérusalem, se jouait, comme ailleurs, la comédie humaine. Jésus observait, nullement impressionné par la manière ostentatoire dont les riches mettaient de leur superflu pour soigner leur propre image ! Il appelle ses disciples pour poursuivre leur formation. Il leur fait remarquer les deux petites pièces de monnaie qu’une pauvre veuve vient de déposer dans le trésor et se met à louer cette femme : « elle a mis tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre. » Chez les premiers tout est calculé pour eux-mêmes et leur propre gloire. Chez la veuve, le calcul est depuis longtemps remplacé par la confiance et l’abandon à Dieu. Et le prophète Élie a vécu la même expérience avec la veuve de Sarepta qui donne tout ce qui lui reste pour vivre afin de le nourrir. Cet acte de charité et de confiance la sauve du désespoir qui l’habitait : « Nous mangerons et puis nous mourrons. »
Jésus a l’art de débusquer nos intentions, nos bonnes et nos mauvaises. Il connaît le cœur de l’homme. Sans cesse, il pose à nos consciences ces questions simples mais si profondes : Que cherches-tu ? Que fais-tu ? Quels calculs se cachent derrière tes actes ? Que fais-tu de ton frère ? Sur qui comptes-tu ? Dans quel but te tournes-tu vers moi ?
À la fin de sa vie, lui-même expérimentera la médiocrité des calculs humains : pour gagner trente deniers, Judas le livrera. Les grands prêtres et les scribes cacheront leurs ambitions et leurs calculs derrière le scénario le plus ignoble de l’histoire des hommes : tuer le juste pour ne plus entendre sa voix.
Mais le Christ à ce moment précis va triompher de tous les calculs hypocrites, cruels et trompeurs. Il va donner tout ce qu’il avait pour vivre, son corps et son sang offerts en supplique fraternelle de pardon pour que l’homme se convertisse et vive, pour que la haine et le péché soient vaincus, pour que la confiance et l’abandon au Père apparaissent comme le véritable et fructueux calcul de nos vies.
Chers frères et sœurs, quand on calcule pour soi-même, quand tout tourne autour de soi et de ses intérêts, on se perd : « Qui veut sauver sa vie la perdra. »
Voilà qu’aujourd’hui, en un temps plus difficile au plan économique, social, familial, international, nous sommes invités à la confiance, à l’accueil, à la générosité, au don de l’essentiel de nous-même et non de notre superflu. Nous sommes invités à nous rassembler autour de Jésus pour qu’il nous apprenne à bien regarder les choses de la vie avec ses yeux, illuminés par la confiance en son Père, l’amour des hommes, l’oubli de soi et le don de soi-même.
Notre Église aussi est invitée à oser se détourner des mauvais calculs qui la centrent sur elle-même et non sur l’essentiel de sa mission : le témoignage au Dieu qui aime tout homme et le service généreux de nos frères humains, quels qu’ils soient en commençant par les plus éprouvés.
« Là où est ton trésor, là aussi est ton cœur. »
Amen.
Références bibliques : 1 R 17, 10-16 ; Ps.145 ; He 9, 24-28 ; Mc 12, 38-44
Référence des chants : Liste des chants de la messe à Lourdes du 8 novembre 2015