Chacun de nous peut se sentir concerné par la demande des disciples : « Augmente en nous la foi ! » Et Jésus, comme à son habitude, répond de façon déconcertante. La foi, ce n’est pas une affaire de taille, ni de volume ! Nous rêvons tous d’une foi qui serait grande et belle, comme cette magnifique église ou cette superbe chaire de prédication. Eh bien non ! Voyez, dit Jésus, combien une foi, même de la taille d’une graine de moutarde, peut donner une force inouïe à votre parole : « Arbre, déracine-toi et va te planter dans la mer. » Et l’arbre vous obéirait.
Mais, me direz-vous, comment grandir dans une telle confiance en Jésus ? Ce dimanche, la messe nous offre quatre possibilités concrètes. Vous verrez, ce sont quatre attitudes simples qui peuvent avoir de grands effets.
La première ? Les poèmes et le chant. Sainte Thérèse de Lisieux parle à Dieu comme les amoureux le font. Pour elle, prier, ce n’est pas lui réciter des formules, mais lui exprimer son amour tout simplement : « Jeter des fleurs pour Jésus… » Et lorsque le poème est chanté, comme nous l’entendrons tout à l’heure, lorsque le chant prend toute une vie, comme ce fut le cas pour Édith Piaf dont la vie spirituelle est sans doute trop peu connue – amis téléspectateurs français, vous le verrez dans le documentaire après la messe –, alors la foi « graine de moutarde » produit ses effets. Essayez chez vous : avec la force d’un chant, d’une musique fredonnée, d’un poème murmuré… vous verrez des arbres aller se planter dans la mer quand, par exemple, des visages tristes retrouveront la joie ou des cœurs brisés un peu de consolation…
La seconde manière de grandir en confiance ? Attendre. Comme Habacuc, dans la première lecture, nous pouvons nous étonner que le Seigneur soit sourd à nos appels au secours, comme s’il restait là « à regarder notre misère », « violence », « dispute et discorde », sans intervenir. Le Seigneur répond à Habacuc qu’il agira, « à son heure ». Et il lui demande d’attendre, d’espérer, de garder confiance… Cette attente, cette fidélité au Royaume qui vient, ne les avons-nous pas expérimentées lors de la journée de prière et de jeûne pour la paix en Syrie, dont nul ne conteste aujourd’hui les effets ?
La lettre de Paul à Timothée propose une troisième piste pour « grandir » dans la foi. Celle du réveil : « Réveille en toi le don de Dieu » que tu as déjà reçu. Ce sursaut nous saisit chaque fois que nous réalisons un peu plus la force de Dieu qui est en nous depuis le jour de notre baptême. Une parole entendue – une lettre reçue, un SMS, ou encore un synode, comme ici dans la région du Nord-Pas-de-Calais – réveille brusquement ce qui dormait en nous : « un esprit de force, d’amour et de raison ». Et ce que nous croyions impossible, le devient d’un seul coup.
Enfin, l’évangile lui-même ouvre une quatrième possibilité. Prendre la tenue du serviteur, et du serviteur qui se sait quelconque, c’est-à-dire ordinaire : garder les bêtes, labourer. On pourrait dire aujourd’hui : élever ses enfants, visiter des malades, aider les personnes fragiles… Ou encore travailler, chercher un emploi sans se décourager, donner de son temps à ses amis, comme à des pauvres qui n’ont plus d’amis… Les petits gestes de service balisent le chemin d’une foi qui produit de grandes choses et fait entrer dans la joie de Dieu. La joie d’aimer et de servir.
Chanter, attendre, se réveiller, servir… La foi n’a jamais été une question de taille. Peu de foi produit beaucoup d’effet. Je vous en prie : essayez, vous verrez !
Références bibliques : Ha 1, 2-3 ; 2, 2-4 ; Ps 94 ; 2 Tm 1, 6-8.13-14 ; Lc 17, 5-10.
Référence des chants : Liste des chants de la messe à Lille 061013