Frères et sÅurs,
Amis en Christ,
Une des plus belles histoires de Pâques vient de nous être offerte.
De plus, la foi de ces millions dâhommes et de femmes, qui sâest exprimée ces jours-ci, lors du retour vers le Père du pape Jean-Paul II, nous permet de mieux relire lâévénement dâEmmaüs.
Et comment pourrais-je ne pas souhaiter que lâexemple de Jean-Paul II et de ce peuple ardent à proclamer la ferveur de sa foi suscite un nouvel enthousiasme auprès de tous ceux qui, en ce moment même, connaissent amertume, découragement et déception.
Voilà deux disciples déçus par lâespérance quâils avaient placée en Jésus de Nazareth. Leur maître et Seigneur avait été crucifié, quant à Dieu il ne se manifestait toujours pas. Cléophas et son compagnon ouvrent la longue marche de ceux qui espéraient et qui se trouvent déçus…
« Et moi qui espérais que Dieu mâaide à réussir ma vie affective⦠»
« Et moi qui espérais que Dieu me guérisse⦠»
« Jâai placé mon espoir dans le Seigneur, mais en vain⦠»
Dâailleurs chers amis, soyez sincères. Qui dâentre vous nâa jamais été déçu par Dieu et qui dâentre vous nâa jamais eu le sentiment dâavoir été désappointé par lâÉglise !
Peut-être même avez-vous gardé secret votre déception et votre désillusion au point de vous dire : « je me suis fait avoir une fois, on ne mây reprendra plus. »
Avant de prendre la parole lui-même, Jésus écoute longuement et patiemment, sans préjugés, notre histoire et nos questionnements.
Avec un grand calme et beaucoup de douceur, il nous fait relire et interpréter les événements de nos vies à la lumière de lâÉcriture et de la foi. La clef pour sortir de notre désespoir câest, à lâimage des disciples dâEmmaüs, manifester une certaine ouverture du cÅur, un simple geste dâhospitalité, une invitation : « Reste avec nous⦠déjà le jour baisse. »
Aujourdâhui encore cette même clameur ne cesse de résonner dans la bouche de lâhumanité souffrante et de monter vers Dieu comme un appel à lâaide.
« Il entra pour rester avec eux. » Jésus rejoint toutes nos croix, aucune ne lui est étrangère, car lorsquâun être humain respire mal, Dieu lui-même étouffeâ¦
Amis malades, lorsque tout à lâheure, après vous avoir imposé les mains, les prêtres traceront sur vos fronts et vos mains le signe de la croix avec lâhuile sainte, lâÉglise vous offre un bien des plus précieux : la présence de Jésus à vos côtés.
Lorsque la maladie compromet le rythme de la vie quotidienne, empêchant de travailler, de servir les autres, de se rendre utile, elle ouvre parfois la porte à la mauvaise humeur, à la tristesse, à lâangoisse, à la crainte dâêtre abandonné de Dieu.
Précisément, lâonction des malades confère à celui qui la reçoit la force de traverser lâépreuve et de croire que, malgré la fragilité et lâaccablement liés à la maladie, Dieu façonne son cÅur. Frères et sÅurs malades, handicapés, âgés, dans une société qui, malgré les belles paroles, ne vous donne pas votre juste place, vous nous démontrez, que votre présence est importante dans lâÉglise et dans le monde, non pas en faisant des choses, mais en étant ce que vous êtes : des personnes précieuses aux yeux de Dieu.
Cette conviction animait le pape Jean-Paul II. Il nâa cessé de la calligraphier dans le cÅur de lâhumanité souffrante. Elle lui a permis, même prisonnier de son corps, de rester serein jusquâà lâheure ultime de la rencontre avec son Seigneur. Bien des malades, jâen ai été le témoin cette semaine, ont saisi son exemple pour assumer, eux aussi, leur état de santé.
Oui, câest auprès de vous, frères et sÅurs malades et handicapés, que jâai recueilli les témoignages les plus merveilleux de confiance, de joie, dâespérance. Certains dâentre vous ont su me dire quâils avaient la certitude profonde que Dieu les aimait dâun amour exceptionnel. Comment peut-on dire cela, alors même que la maladie est souvent éprouvée comme un rejet ? Câest peut-être cela le secret dâamour qui fait battre le cÅur de lâÉglise et que Jean-Paul II, pèlerin de lâespérance vous a confié. Sans doute dans le dépouillement auquel vous réduit la dépendance dâautrui, vous avez mis de côté le superflu. Alors lâessentiel apparaît avec dâautant plus de force et de simplicité.
Amis, vous qui êtes blessés dans vos cÅurs et dans vos corps, lâespérance qui vous habite transfigure votre épreuve en enfantement, comme le Christ avait transformé la croix en signe dâamour : « Ne fallait-il pas que le Messie souffrit tout cela pour entrer dans la gloire⦠? »
Amis, qui que tu sois, tu es sûrement quelque part sur la route dâEmmaüs⦠Le Seigneur en personne fait route avec toi, même si tu ne lâas pas encore invité à lâauberge.
Jâen suis sûr, un jour tu le reconnaîtras dans tous les gestes de tendresse. Quelle Pâque alors, car seul lâamour fracasse les tombeaux !
Références bibliques :
Référence des chants :