Mes frères et sœurs, vous avez remarqué comme les lectures d’aujourd’hui semblent contradictoires. Isaïe annonce un rassemblement digne des Journées Mondiales de la Jeunesse; tandis que l’évangile prend un air franchement sévère.
Y a-t-il contradiction ? Non bien sûr, c’est toujours la parole de Dieu, mais parfois elle nous oblige à faire le grand écart, et pour nous y aider je voudrais profiter des animaux ! Isaïe nous fait le plaisir d’évoquer les chevaux, les mulets et les dromadaires, je voudrais y ajouter des dauphins et des baleines.
Il y a peu, je me suis inscrit à un safari de découverte des mammifères marins. Tôt le matin, nous étions douze en face d’un petit bateau. Si les participants avaient tous voulu monter en même temps, le canot se serait retourné et personne ne serait parti. L’unique accès était une étroite passerelle entre le quai et l’embarcation, avec le bras de notre guide comme seul appui. Une personne à la fois.
Que s’est-il passé ? Il y avait des enfants : sans même nous concerter, on les a invités en premier pour qu’ils s’installent aux meilleures places. Ensuite, les membres d’une famille se sont installés; enfin les personnes seules ont occupés les derniers sièges, en prenant soin que deux amoureux ne soient pas séparés. Tous nous partagions le même désir de découvrir la vie marine et on avait envie que chacun y participe au mieux. Nous avons eu beaucoup chance : des dauphins communs, des dauphins bleus et enfin deux baleines rorquals étaient au rendez-vous. Vous savez, de telles rencontres sont impressionnantes, surtout les baleines.
L’accès au salut ressemble à ce récit. On ne se connaît pas, mais une même passion pour Dieu nous rassemble. Le bateau, c’est l’Eglise, fragile et sûre à la fois. Le Christ est cette passerelle, si étroite qu’il faut de l’aide pour y poser le pied. Les plus petits ont toujours la préséance selon le principe des béatitudes. Ensuite, on part à la recherche de Dieu, comme on part à la recherche de la baleine. On n’est pas certain de la rencontrer. Dans l’immensité de la mer, on sait qu’elle est là, mais croiserons-nous son chemin quand elle remonte des profondeurs ? Les dauphins, plus nombreux, sont les témoins du géant. Ils sont comme les saints dans l’Eglise, et leurs présences nous encouragent à chercher le souffle qui s’échappera des eaux. Si on ne le voit pas, ce n’est pas grave car on a tous participé à la même route en mer, on s’est respecté, on a vécu la même passion, le même espoir, tous âges et toutes vies confondues.
Et si tout à coup vous voyez le souffle, si vous rencontrez Dieu, sachez que ce n’est pas le bonheur qui est au rendez-vous, mais le respect devant ce monument de vie qui vous laisse sans parole. Le bonheur, c’était avant, quand on avait laissé passer les petits, quand on scrutait ensemble l’horizon, et le bonheur était déjà sur la passerelle.
Mes frères et sœurs, nous sommes invités à participer à cette recherche de Dieu. La porte étroite c’est le Christ tel qu’il apparaît enseignant les béatitudes, s’adaptant à l’étroitesse de chacun mais pour nous ouvrir à son bonheur. La porte étroite c’est aussi le Christ tel qu’il apparaît sur la croix, souffrant, mais pour nous offrir le salut et la vie.
« Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens à être sauvé ? » Peu de gens ou beaucoup de monde, je ne sais pas ; mais chacun qui le demande, oui.
Références bibliques : Is 66, 18-21 ; Ps. 116 ; He 12, 5-7.11-13 ; Lc 13, 22-30
Référence des chants :