L’Évangile est un tissu de rencontres et chaque rencontre révèle en même temps la divinité de Jésus et sa profonde humanité. En chaque rencontre, Jésus révèle l’homme à lui-même, à sa vocation, à sa liberté, à sa dignité. C’est ce qui s’est passé avec Marie Madeleine, que nous fêtons particulièrement en ce jour et en ce lieu qui lui est consacré. Ce sanctuaire porte la trace indélébile de sa présence et de son témoignage. Celui d’une femme qui a rencontré Jésus et dont le cours de la vie a été bouleversé par ce contact. Tout particulièrement, Marie Madeleine nous livre quatre secrets que je voudrais vous partager. La foi, comme la vie d’un être humain est en effet scandée par quatre étapes.
La première étape de la vie, c’est la conception, fruit d’un amour entre deux êtres. Les évangiles sont très laconiques, mais ils indiquent que Marie Madeleine a été libérée par Jésus de sept esprits mauvais (Lc 8, 2-3). Nous savons que le chiffre 7, dans l’Écriture, souligne la plénitude. Marie Madeleine était sous l’emprise du Mal. Son attachement au Christ a été le fruit de la délivrance. La libération intérieure est la signature de Dieu, depuis le temps de l’exode. Marie Madeleine est une miraculée. Désormais, elle lie son existence à celle du Christ. Elle trouve en lui sa liberté. Dorénavant, sa vie ne se comprend que par la sienne.
Après la fécondation, la deuxième étape de la croissance d’un être humain est celle de la gestation. À peine conçue comme un cadeau de Dieu, la foi doit grandir, mûrir, se déployer. C’est ce qui s’est passé avec Marie Madeleine. L’Évangile nous rapporte qu’elle faisait partie de l’entourage de Jésus, porteuse du témoignage vivant de la miséricorde de Dieu. C’est le temps de la catéchèse. Après l’ébranlement initial (que dans les Actes des Apôtres, on appelle le kérygme), Marie Madeleine doit « apprendre le Christ » (je reprends là une expression chère à Jean Paul II). Sa foi doit la configurer de jour en jour à celui que « son cœur aime ».
Arrive alors un moment décisif dans l’expérience de Dieu : la foi parvient à un sommet, à une renaissance. L’Évangile le nomme « le Golgotha ». Pour donner la Vie, Jésus, librement, donne sa vie. On notera la présence fidèle de Marie Madeleine à la liturgie pascale de Jésus (Mc 15, 47). Son attachement à Jésus est sans réserve, alors que les apôtres trahissent, renient ou abandonnent le Christ. Elle doit faire le deuil de Jésus, mais par un pressentiment prophétique, elle ne se résout pas à sa perte. La dépossession physique de Jésus relance sa quête de le trouver. Comme le tombeau, sa foi était devenue vide mais à l’appel de son nom, « Marie », voici qu’elle renaît.
Jésus lui enjoint alors d’annoncer aux apôtres qu’il est vivant. La Madeleine entre dans la quatrième étape de la foi, celle de la maturité. En effet, la foi n’est pas simplement un renouveau au contact de Jésus ressuscité, elle doit se faire annonce, témoignage. Elle est appelée à s’exposer à tous. Le tombeau devient pour Marie Madeleine, un berceau. Celui d’une vocation insolite. Elle devient « l’Apôtre des apôtres », selon l’heureuse expression, et sa foi au Ressuscité grandit, tandis qu’elle la professe tout alentour. En cette terre de Provence où l’évangélisation de notre pays a commencé, Marie Madeleine nous offre encore un itinéraire de foi pour la nouvelle évangélisation, qu’appelle de ses vœux le pape Benoît XVI. Au contact de celle qui a touché le Ressuscité, puissions-nous être gagnés par l’ardeur et la joie de témoigner de notre foi !
Références bibliques : Jr 23, 1-6 ; Ps.22 ; Ep 2, 13-18 ; Mc 6, 30-34
Référence des chants :