Pour entrer dans le mystère de la Passion, permettez-moi de reproduire des interrogations à la manière des Dupont. L’un de dire : « Tu crois qu’on peut comprendre ? » et l’autre d’ajouter : « Je dirais même plus, tu comprends qu’on puisse croire ? » En effet, par la mort du Christ, les disciples sont comme abasourdis, anéantis. Les mots leur manquent pour exprimer l’indicible. Nous aussi nous pouvons vivre ce type d’expérience lorsque nous sommes confrontés à la douleur de la maladie, aux échecs récurrents, à la mort d’un être aimé parti bien trop tôt. Nous sommes alors comme déchirés en nous. Nous pouvons aller jusqu’à nous sentir abandonnés par ce Dieu qui nous semble tellement absent, tellement impuissant à transformer le cours des événements que nous traversons. Il nous reste alors la confiance et surtout l’espérance.
En effet, durant ces dernières semaines nous nous sommes « passionnément carêmisés », c’est-à-dire que nous avons accepté de nous laisser transformer par ce Dieu qui s’agenouille face à nous. La grammaire de notre foi nous a conduits à découvrir que le langage de l’amour se décline sous de multiples formes : sourire d’amitié, regard de douceur, geste de tendresse, parole réconfortante. Le Christ est mort par amour pour nous, c’est pourquoi nous ne pouvons entrer dans ce mystère que par notre cœur.
Laissez-moi, alors, vous conter l’histoire suivante : Sentant sa mort venir, un roi convoqua ses trois fils et leur dit : « Je donnerai mon royaume à celui qui sera capable de remplir la grotte se trouvant au fond du parc. Pour ce faire, je donne à chacun une pièce d’or ». Le fils aîné qui était grand et fort, acheta du bois et le coupa. Mais hélas, il ne remplit qu’une moitié de la grotte. Le deuxième acheta des plumes mais la grotte ne fut remplie qu’au trois-quarts. Le troisième avait quant à lui un grand cœur. En chemin vers le magasin, avec sa pièce d’or, il acheta de la nourriture pour les uns, des vêtements pour les autres et il offrit encore mille et une autres choses à toutes ces personnes de qui il se faisait proche. Arrivé au magasin, il ne lui resta qu’une toute petite piécette avec laquelle il acheta une bougie. Il revint vers la grotte, alluma la bougie et la lumière de la flamme emplit toute la pièce. C’est lui, grâce à l’élan de son cœur, qui hérita du royaume.
Cette histoire n’est qu’un conte que j’ajoute au grand récit de la Passion du Christ. Mais justement, nous aussi, aujourd’hui, nous contemplons une grotte, celle où Dieu le Fils a été déposé. Par sa mort, il nous appelle à embraser le monde par des actes d’amour, des gestes d’amitié, des paroles de tendresse et des regards de douceur. Nous deviendrons ainsi œuvre divine au cœur de notre humanité. Puissions-nous ne jamais oublier que c’est par la flamme de notre cœur que nous entrerons dans le mystère de Pâques. Amen.
Références bibliques : Mac 11, 1-10 ; Is 50, 4-7 ; Ps. 21 ; Ph 2, 6-11 ; Mc 14, 1-15, 47
Référence des chants :