Mes chers frères, j’entends souvent dire : « Je crois, mais je ne pratique pas », ou encore : « je pratique comme je veux. » Autant de raisons que l’on se donne pour s’éloigner de Dieu. « Je ne pratique pas » : Quel serait le couple ou la famille qui tiendrait sans pratiquer l’échange, sans se parler, sans vivre quelque chose ensemble ? Si on ne pratique rien, en fait, on ne construit rien.
Le livre de l’Exode et Moïse nous invitent à revisiter notre relation à Dieu, notre manière de voir, de le voir. Le peuple d’Israël était prisonnier en Égypte et affirme que Dieu l’a libéré. Moïse reçoit alors la Parole de Dieu, l’Alliance, les commandements. Tout le peuple et Moïse s’engagent à pratiquer, à mettre en pratique cette Parole reçue, ces commandements. Mais nous savons bien, par expérience, combien il est difficile de respecter la parole donnée, combien il suffit de faire une promesse pour que cette dernière soit rapidement oubliée.
Comment, pour les croyants, rester branchés sur l’essentiel de la Parole qui vient de Dieu ? Quelle est, parmi toutes ces paroles, celle qui compte vraiment ? La question fut posée à Jésus avant nous. Un jour, quelqu’un vint le trouver pour lui demander : Quel est le grand commandement ? Quel est l’essentiel dans la vie ? Qu’est-ce qui commande ma vie ? Et la réponse de Jésus fut immédiate, il reprit le premier commandement, ou la première parole donnée par Dieu à Moïse sur la montagne : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu » et il ajoute un second commandement qui lui est semblable : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. »
Il s’agit d’aimer. C’est là l’essentiel. Et pourtant, s’il y a bien une chose qui ne se commande pas, c’est d’aimer. Personne ne pourra jamais nous obliger à aimer. Il y a là une liberté, liberté d’aimer ou de ne pas aimer. De la même façon, personne ne pourra jamais nous obliger à croire en Dieu.
Et pourtant, la vie, la souffrance ou la maladie peuvent nous enlever bien des libertés et parfois, il ne nous reste plus que ces libertés-là, gravées au fond du cœur, cette liberté de croire, d’aimer et aussi de prier. Jésus n’a rien fait d’autre tout au long de sa vie.
J’ai rencontré certains, parmi nous, qui désespèrent d’être aimés ou de pouvoir aimer, qui ont peur de ne pas y arriver ou qui craignent que les choses soient éphémères. Avez-vous entendu cette phrase lors de la seconde lecture : « Le Christ est le grand prêtre du bonheur qui vient. » Ce bonheur est promis à tous, à tous ceux qui voudront bien l’accueillir.
Pressentez-vous, chers frères, ce bonheur qui vient ?
Tout n’est pas écrit d’avance, Dieu n’a pas décidé d’avance qu’un tel serait malheureux et prisonnier, que tel autre mourrait à 80 ans et le troisième à 20 ans d’une maladie. Quel genre de Dieu serait-il, s’il faisait de nous ses marionnettes et décidait, en bien ou en mal, par avance, du sort des gens ?
Cependant, il est vrai que Jésus voit par avance toute une série de choses, en particulier dans ce chapitre 14 de Marc ; Il envoie ses disciples chercher une salle et leur dit par avance comment cela va se réaliser. Et tout se réalise. Il annonce la trahison de Judas dans ce même chapitre, il annonce aussi le reniement de Pierre. Mais, si Dieu voit tout et sait tout, il n’est pas forcément celui qui décide de tout, dans le sens où il nous laisse libres d’avancer ou pas vers le Royaume. Il veut notre liberté. Cette liberté constitue toute notre dignité, mes frères, mais aussi toute notre responsabilité.
Fêter le Corps et le Sang du Seigneur, c’est fêter celui qui ne nous veut que du bien, celui qui nous a aimés le premier, qui a donné sa vie pour nous. Le sang pour les hébreux, c’est la vie. Donner son corps et son sang, comme l’a fait Jésus, c’est donner toute sa vie, c’est tout donner. Fêter ce don de la présence réelle de Dieu et en faire mémorial, dimanche après dimanche, dans chaque eucharistie, c’est comprendre que la mort n’a plus le dernier mot, car elle est vaincue par l’Amour.
Mes frères, pour ceux qui croient, la fête de ce jour est vraiment celle de l’espérance que nous pouvons mettre dès maintenant en Jésus et dans le Père, par l’Esprit. Amen.
Références bibliques : Ex 24, 3-8 ; Ps. 115 ; He 9, 11-15 ; Mc 14, 12-16.22-26
Référence des chants :