« Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint. » (Lv 19, 2)
« Soyez parfaits, comme votre Père céleste est parfait. » (Mt 5, 48)
Parfois, nous avons du mal à comprendre la Parole de Dieu, à repérer ce qu’elle nous demande. Ce dimanche, ce n’est pas le cas. Le message est très clair : c’est un appel à la sainteté, un appel à la perfection, comme Dieu l’est lui-même.
La perfection ? Nous pourrions avoir tendance à nous en méfier. La sagesse populaire ne dit-elle pas que la perfection n’est pas de ce monde ? Nous en faisons tous l’expérience : être perfectionniste, rechercher le zéro défaut, vouloir être au sommet, au top, nous met une telle pression, nous charge d’un tel fardeau, que nous n’y arrivons pas, que nous nous épuisons et surtout, épuisons les autres. La sainteté ? Pareil. La sagesse populaire dit bien le risque d’une recherche idéalisée de la sainteté : qui fait l’ange… fait la bête ! Alors, comment entendre de manière juste l’appel du Seigneur à la sainteté et à la perfection ?
Tout d’abord, en ne nous trompons pas sur ce qu’est la sainteté de Dieu ou sa perfection. Car ce n’est sans doute pas ce que nous croyons. La perfection de Dieu ? Le pardon des offenses, la tendresse, la pitié, nous dit le psaume. La lenteur à la colère : jamais de haine, ni de rancune. La sainteté de Dieu ? Aimer les pécheurs, aimer ses ennemis. Donner à qui demande et même à ceux qui sont injustes.
La perfection pour Dieu n’est pas quelque chose de dur. Au contraire, c’est tout tendre. La sainteté pour Dieu ne rend pas intransigeant. Bien au contraire, elle rend doux et conduit à des comportements renversants : « Il n’agit pas envers nous selon nos fautes. »
Tendresse et douceur, compassion et bonté, miséricorde à l’égard des imparfaits, pitié à l’encontre de ceux qui se trompent… Mais alors, me direz-vous, cela change tout ! Être saint comme Dieu l’est, c’est d’abord accepter d’être couronné d’amour et de tendresse par Dieu, alors que nous sommes pécheurs, c’est-à-dire indignes de ce don. Et c’est, ensuite, agir de la même manière envers les autres et aussi, vous l’aurez remarqué, envers les méchants.
Être parfait comme notre Père l’est, c’est d’abord réaliser que je suis, avec toutes mes imperfections, « le Temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite » en moi. Et c’est, ensuite, habité par cet Esprit, plonger dans le monde, entrer en relation avec tout homme, toute femme, et les aimer malgré leurs imperfections. Même ceux qui ne sont pas dans l’Église sont des Temples de Dieu en construction.
Finalement, la Bonne Nouvelle qu’est le Christ nous fait démentir notre proverbe, trop sage aux yeux du monde et pas assez fou aux yeux de Dieu. La perfection est bien de ce monde. Un signe ? Saluez, à la fin de cette messe, une personne que vous ne connaissez pas. Un indice ? Ne ripostez pas la prochaine fois que vous vous sentirez agressés. Une confirmation ? Essayez de pardonner, de ne pas avoir de rancune, au moins une fois. Alors, vous verrez et l’autre verra, que la perfection est de ce monde et qu’elle porte un nom tout simple : amour.
La flamme des Jeux olympiques d’hiver s’éteint aujourd’hui. Mais pas celle de l’amour. L’amour continuera d’être lumière et d’embraser le monde grâce à notre conversion.
Références bibliques : Lv 19, 1-2.17- ; Ps. 102 ; 1 Co 3, 16-23 ; Mt 5, 38-48
Référence des chants : Liste des chants de la messe à Gémenos du 23 février 2014