Une maman, exaspérée par les bêtises à répétition de son fils, décida de lui adresser la parole en utilisant uniquement des citations bibliques. Un matin, le gamin n’était toujours pas levé pour aller à l’école. En colère, elle ouvrit la porte de sa chambre et voyant son fils toujours couché, lui dit avec force : « Luc, chapitre 8, verset 54 : "Lève-toi et marche." » L’enfant la regarda, médusé, laissa retomber sa tête sur l’oreiller puis, tout en remontant la couette, dit à sa mère : « Jean, chapitre 2, verset 4 : "Femme, mon heure n’est pas encore venue." » Elle claqua alors violemment la porte de la chambre et redescendit pour se calmer.
Dans la vie, il y a de multiples colères colorées. La colère blanche qui se vit sans hausser le ton. La colère noire qui se marque par le tonnerre des cris. La colère grise qui se décline par un regard fermé. La colère rouge, tellement passionnelle qu’elle part en tous sens. Et il y a enfin la colère arc-en-ciel, c’est-à-dire la colère de Dieu, cette fois, une sainte colère.
La colère peut effectivement nous envahir face à des situations injustes. Ne la réfrénons pas. Laissons-lui toute sa place et hurlons-la. D’une certaine manière, à l’instar de Job, Dieu nous autorise à la laisser éclater pour que nous puissions nous libérer de nos incompréhensions, de ces sentiments négatifs qui nous assaillent jusqu’à parfois nous faire trébucher, voire tomber.
Toutefois, la colère n’a pas de finalité en elle-même. Elle ne peut être qu’un moyen, un mode d’expression, nous permettant de devenir capables d’écrire une nouvelle page de notre histoire. Je me demande alors si la colère qui a traversé le Christ dans le Temple, n’était pas un peu de cet ordre. En effet, une relation, cela ne s’achète pas, cela ne se négocie pas. Et il en va de même avec Dieu. Il ne s’achète pas. Il ne se négocie pas. Qui d’entre nous, n’est pas au moins une fois entré dans une dynamique de négociation par des mots tels que ceux-ci : « Seigneur, si tu me permets d’obtenir ceci et bien moi, en contrepartie, je te promets de faire cela. »
Nous entrons de cette manière dans une relation contractuelle avec obligation de part et d’autre. Or, Dieu ne se négocie pas, Dieu ne s’achète pas. Il se laisse rencontrer, il se laisse aimer. Dans la foi, nous prenons conscience que nous ne sommes jamais seuls. L’Esprit Saint vit en nous et nous sommes le temple vivant de Dieu ici-bas. S’il en est ainsi, arrêtons de regarder le ciel. Nous sommes le Ciel de la Terre, c’est-à-dire des femmes et des hommes inhabités de la présence divine. Dieu se laisse ainsi rencontrer au plus profond de notre être, au plus intime de notre intimité. Il est là, en nous. Il est cette fondation à partir de laquelle nous pouvons construire notre propre destinée inspirée par l’Esprit dans le Fils.
Et de temps à autre, comme en ce temps de passionnément carême, il vient mettre de l’ordre en nous, pour que nous puissions à nouveau vivre en plénitude la foi, l’espérance et l’amour. Dieu est avec nous. Dieu est en nous. Partons à sa rencontre. Nous sommes les tabernacles vivants de sa présence.
En tant que temple de Dieu, c’est notre être tout entier qui devient à jamais sacré. Puissions-nous ne jamais trahir cette réalité qui nous a été donnée et permettre ainsi à Dieu, de continuer de nous façonner chaque jour un peu plus dans la vérité de nos relations, afin de devenir sacrement sur terre, c’est-à-dire signe visible de sa présence au cœur de notre humanité. De la sorte, être « temple » de Dieu n’est pas un titre honorifique. Être « temple » devient un état de vie, mieux encore un état de foi. Amen.
Références bibliques : Ex 20, 1-17 ; Ps. 18 ; 1 Co 1, 22-25 ; Jn 13-25
Référence des chants :