Chers frères et sœurs, tout d’abord, merci à vous qui nous accueillez aujourd’hui.
Pendant toute cette année, le synode des évêques sur la famille a suscité des débats. N’avons-nous pas eu la tentation de penser que notre Église a deux visages ? Une « Église – Institution » et une « Église – Peuple de Dieu ». Et nous pourrions opposer la première qui serait trop figée sur les lois et la doctrine à la seconde qui serait celle de la liberté évangélique et de la miséricorde. Mais au fond, toute l’histoire de l’Église est marquée de cela. Le drame, c’est justement d’opposer ces deux visages. Comment cela donnerait-il envie de croire au Christ ? Or, Jésus ne veut-il pas aujourd’hui réconcilier avec la loi ceux qui oublient pourquoi Dieu l’a donnée ?
On lui demande quel est le plus grand commandement. Sa réponse tourne autour d’un mot : « l’amour ».
Aimer, dit Jésus. Le premier commandement : Aimer Dieu de tout son cœur, de toute son âme et de toute sa pensée. Et il va plus loin car il associe à ce commandement un second : Aimer son prochain comme soi-même. Aimer Dieu « de tout son être » et aimer son prochain « comme soi-même ». Cela signifie d’abord qu’aimer, cela ne se fait pas à temps partiel. C’est quelque chose de dynamique : cela signifie que toute ma vie est indissociable de l’amour dont parle le Christ. Saint Augustin disait que « l’amour de Dieu et l’amour du prochain sont comme les pas que nous faisons sur la route du bonheur. » Aimer Dieu ou aimer le prochain n’est pas une bonne action à côté des autres. Ce n’est pas une loi parmi les autres. Avec ce passage de l’Évangile, nous ne pouvons plus lire la Bible comme nous lirions le code pénal. Jésus ne donne pas une règle, il donne le critère de compréhension de toute loi. Jésus dit qu’aimer Dieu et aimer le prochain, c’est une manière d’être. C’est une manière d’être croyant et c’est une manière d’être plus humain. C’est une manière d’être chrétien, d’être théologien, d’être mère, d’être fils, d’être prêtre ou encore d’être pape.
Bienheureuse réponse de Jésus à cette question qui au départ était faite pour le piéger ! Cela nous rappelle pourquoi nous faisons toute chose. Le but, c’est d’aimer non pas de faire ce que dit la loi de Moïse. Mais cette loi qui vient de Dieu et que l’Église prolonge aujourd’hui encore dans sa tradition, dans sa doctrine et dans sa liturgie, n’est-ce pas aussi en nous appuyant sur elle que nous parvenons à mieux aimer ?
Pourquoi suis-je fidèle à la messe le dimanche ? Parce qu’il y a une obligation ? Pour être avec mes amis ? Pour me sentir appartenir à une certaine classe sociale ? Comme pour toute pratique chrétienne, c’est le moment de voir si je peux dire à Dieu et aux autres : « J’y vais, parce que je t’aime, et j’y vais pour mieux t’aimer ? »
La liberté évangélique et l’humble fidélité à la loi ne s’opposent pas. Mais il ne faut jamais oublier que l’une et l’autre sont l’œuvre de l’Esprit de Dieu en nous. S’il est pour nous difficile d’aimer, nous nous appuyons sur celui qui nous a aimés en premier : le Dieu d’amour. C’est lui qui a fait se lever des Martin de Porrès, des Mère Teresa et des Vincent de Paul !
Et je suis ému de me rappeler qu’ici, il y a plus de 60 ans, dans un confessionnal de cette église San-Jose, le pape François a fait l’expérience de cet amour de Dieu. Et c’est ainsi qu’il découvrit sa vocation. Car c’est bien l’amour de Dieu qui féconde notre amour. Amen.
Références bibliques : Ex 22, 20-26 ; Ps. 17 ; 1 Th 1, 5c-10 ; Mt 22, 34-40
Référence des chants : Liste des chants de la messe du 26 octobre 2014 à Buenos Aires