Frères et sœurs,
Nous sommes entrés dans cette célébration eucharistique en traçant sur notre corps le signe de la croix et en prononçant ensemble ces paroles : « Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit », confessant ainsi notre foi chrétienne en Dieu-Trinité. Nos frères chrétiens d’Orient ajoutent après « Père, Fils et Saint-Esprit », « Dieu unique, pour les siècles des siècles », témoignant ainsi devant ceux et celles avec qui ils vivent, musulmans en majorité, que nous ne croyons pas en trois divinités mais bien en un seul Dieu, comme nous le dirons au début du Credo.
Ainsi, dès le premier geste de la prière chrétienne, qu’elle soit personnelle ou collective, nous confessons que Dieu est Un et qu’il est Trinité. Célébrer le mystère de la Trinité, ce n’est pas évoquer quelque chose d’incompréhensible pour l’intelligence humaine. C’est accepter que Dieu lui-même nous guide avec notre intelligence et notre cœur pour nous révéler son nom et son mystère. C’est Lui l’origine de notre foi : « Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés. » (1 Jn 4,10)
La première lecture, tirée du livre de l’Exode, nous rapporte que Moïse s’était laissé guider par Dieu lui-même pour entendre la révélation de son nom et de son mystère. Un nom que les Juifs ne prononcent pas pour respecter le « tout-autre ». Un nom qui dit aussi sa relation aux hommes puisqu’il est « tendre et miséricordieux, plein d’amour et de fidélité. »
C’est aussi l’expérience des disciples de Jésus et de l’Église. Si nous confessons que Dieu est Trinité, ce n’est pas d’abord à la suite de raisonnements théologiques, même s’ils ont leur place dans la tradition de l’Église. C’est avant tout par fidélité à l’expérience des apôtres.
Cette expérience de Dieu, les apôtres l’ont faite au contact de Jésus de Nazareth, en marchant avec lui, en vivant avec lui, en se laissant bousculer et guider par sa parole. « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique », dit, ici, Jésus à Nicodème. Il révèle ainsi qu’au cœur de Dieu il y a l’amour, un amour pour toute l’humanité. Il révèle que le mystère de sa personne et celui de Dieu ne font qu’un. Jésus témoigne d’une telle intimité avec Dieu dans sa prière, comme dans son être, que Jean écrit au début de son Évangile : « Dieu, nul ne l’a jamais vu, le Fils unique qui est tourné vers le Père nous l’a révélé. » (Jn 1,18)
Si les chrétiens utilisent les mots de Père et de Fils pour parler de Dieu, mots qui choquent, parfois, les croyants d’autres traditions religieuses ou spirituelles, c’est parce que Jésus les utilise pour évoquer l’intimité de sa relation à Dieu. D’une certaine manière, ces mots sont trop humains mais les chrétiens n’en ont pas d’autres pour s’exprimer. En fait, ces mots sont tout simplement humains car « le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous. »
Si comme Nicodème, nous nous laissons guider par le Christ, nous serons conduits du mystère de Dieu-Trinité reçu de l’Écriture à sa contemplation dans la vie de l’humanité, aujourd’hui.
En un sens, le mystère de la Trinité est « pratique » ou plutôt est à « mettre en pratique ». Vivre le mystère de Dieu-Trinité qui est Verbe, c’est d’abord recevoir et porter la Parole de Dieu dans le langage des hommes d’aujourd’hui. C’est aussi reconnaître et contempler l’Esprit de Dieu à l’œuvre bien au-delà de ce que nous imaginons. Vivre le mystère de Dieu-Trinité qui est Père, c’est enfin tisser des liens de fraternité avec tout homme, quelle que soit sa race, sa nationalité sa religion ou sa condition sociale.
Vous qui faites partie des Focolari, ce mystère de la Trinité, présent dans votre spiritualité, vous le mettez en pratique dans vos engagements.
Frères et sœurs, en refaisant sur nous le signe de la croix au moment de l’envoi, nous confesserons le mystère d’amour de Dieu exprimé par la Trinité et nous nous engagerons à suivre le chemin du Christ, lui qui a donné sa vie par amour « pour nous et pour la multitude ».
Références bibliques : Ex 34, 4b-6.8-9 ; Cantique Daniel 3 ; 2 Co 13, 11-13 ; Jn 3, 16-18
Référence des chants :