Frères et Sœurs,
Au début du livre de la Genèse – qui relate en quelque sorte l’Histoire du début de l’humanité – il y a cette Parole de Dieu qui retentit dans le récit de la Création : "Il n’est pas bon que l’homme soit seul." Et aujourd’hui, en cette fête de la Trinité, on pourrait dire "qu’il n’est pas bon que Dieu soit seul". En fait, nous croyons en un seul Dieu, mais nous ne croyons pas en un Dieu seul ! Et c’est la révélation de ce mystère de la Trinité qui est le mystère de l’Amour porté à sa perfection divine.
Dieu est Amour. Dieu n’est qu’Amour… et l’on peut dire que rien n’est plus contraire à ce qui fait le cœur de l’homme que la solitude. En effet, on sait combien la solitude est source de souffrance et de désespérance. Aujourd’hui, la fête de la Trinité vient nous redire que si l’homme est créé à l’image et à la ressemblance de Dieu (et telle est notre foi), c’est que nous sommes faits pour la communion et non pas pour la solitude, pour l’unité et non pas pour la division.
Frères et Sœurs, chers amis de la messe télévisée,
Durant plus de 20 ans, les messes télévisées et les messes radio m’ont permis de faire l’expérience de ce qu’est l’Église comme aucune autre mission pastorale ne me l’aurait permis. Et cela, d’abord grâce à vous, amis téléspectateurs de tous pays et de toutes situations sociales, religieuses, intellectuelles et culturelles. Tout le monde a sa place devant le petit écran de la messe télévisée. Il n’y a ni exclu ni privilégié… et mon souci a toujours été de permettre à chacun d’être accueilli dans les paroisses et communautés qui acceptent de rendre ce service d’Église qu’est la messe télévisée (comme, ce dimanche, à l’église Sainte Alix).
Je voudrais, ce matin, rendre grâce au Seigneur pour la diversité des situations rencontrées. Il y eut bien sûr les grandes assemblées allant jusqu’à deux millions de jeunes rassemblées autour du Pape comme les Journées Mondiales de la Jeunesse. Mais il y eut aussi ces messes télévisées retransmises depuis des lieux architecturalement plus petits comme cette chapelle de la Fraternité de Tibériade où l’on sentait la prière rejoindre les hommes et les femmes du monde entier. Il y eut aussi toutes ces célébrations qui ont permis de rencontrer l’humain dans sa pauvreté mais d’abord dans sa vérité. Je repense à cette extraordinaire célébration retransmise depuis la prison de Ittre avec des détenus acceptant de partager leur prière sans jamais nier les raisons qui avaient fait d’eux des détenus. Il y eut aussi ce dernier dimanche des Rameaux où la Passion du Christ rejoignait les souffrances de notre temps à travers la liturgie célébrée avec des patients de l’hôpital psychiatrique du Beau Vallon…
Je n’ai évidemment pas choisi ces exemples au hasard. Ils ne font cependant pas partie d’un hit-parade que je me refuse à établir car toutes les messes radio et toutes les messes télévisées étaient, pour moi, des rendez-vous où chaque communauté ou paroisse pouvait donner le meilleur d’elle-même au plan de la foi et de la fraternité partagées. Et ici, il n’y a ni hiérarchie ni classement.
Ce que je voudrais affirmer ici avec force et c’est pour moi le témoignage le plus fort que je voudrais vous partager, c’est que le grand péché que peut commettre l’Église, c’est de ne plus être sainte parce qu’elle ne serait plus humaine. L’abandon de l’humain est toujours une trahison de Dieu.
Arrivé à cette étape du flambeau à transmettre à mon successeur, je voudrais encore remercier tous ceux et celles avec qui ces messes télévisées et ces messes radio ont pu être réalisées. Ce fut bien sûr un travail d’équipe. Avec l’équipe interdiocésaine et avec les Médias Catholiques. Avec la RTBF à laquelle je veux rendre hommage pour son professionnalisme et son souci d’un vrai dialogue à réfléchir sans cesse entre liturgie et télévision. Avec Le Jour du Seigneur, présent ici à Sainte-Alix ce matin, et avec qui des liens de belle collaboration et de grande fécondité spirituelle se sont noués au fil des ans. Avec les autres confessions chrétiennes pour que l’œcuménisme ne soit jamais oublié et avec vous tous, paroissiens et téléspectateurs fidèles ou occasionnels.
Que nos célébrations deviennent toujours plus des lieux de transfiguration… car, au-delà des ondes invisibles qui nous relient, il y a ce souffle imprévisible de l’Esprit-Saint qui vient, comme dit un chant de la liturgie, "tisser les liens de l’invisible et briser les murs de l’impossible".
C’est mon expérience du passé ; c’est mon vœu pour l’avenir.
Références bibliques : Pr 8,22-31 ; Ps8 ; Rm 5, 1-5 ; Jn 16, 12-15
Référence des chants :