Les chrétiens, et tout particulièrement les liturgistes, aiment bien associer trois verbes : vivre, croire, célébrer. Chacun de ces trois verbes mérite d’être ici et aujourd’hui retenu : ne sommes-nous pas en effet réunis pour vivre ensemble une rencontre marquante, pour exprimer et nourrir notre acte de croire, pour célébrer un événement joyeux ? – A ces trois verbes, et surtout en ce jour, nous sommes cependant invités à en ajouter un quatrième : communiquer.

Chers frères et soeurs présents dans cette cathédrale,

Chers téléspectateurs, qui êtes aussi avec nous,

Vivre, croire, célébrer, communiquer : tel sera précisément le thème de cette brève homélie.

Communiquer.

Comment ne pas nous réjouir de l’oeuvre accomplie par l’équipe du Jour du Seigneur, et comment ne pas l’en féliciter chaleureusement ! Il lui a fallu croire fortement à la communication et efficacement la pratiquer pendant cinquante années, pour être ainsi présente dans les médias, pour ainsi pratiquer la télévision ! De fait, cette équipe a su gagner : gagner en professionnalité – et, par là, gagner en notoriété-.

Or tout cela s’est joué, bien évidemment, dans l’ordre de la communication, dans l’espace et par les moyens de la communication. Cela étant, la question vient très vite, et alors elle s’impose : mais à propos de quoi, et même en vertu de quoi cherche-t-on, en l’occurrence, à communiquer ? – C’est ici, bien sûr, qu’il sera éclairant de recourir nos trois autres verbes : vivre, croire, célébrer.

Vivre.

N’avons-nous pas d’abord, de toute manière, à vivre ? Certes, nous sommes vivants : nous sommes des hommes et des femmes pris dans le mouvement de la vie, celle d’hier et celle d’aujourd’hui. Mais, en cette fin de millénaire, nous ne pouvons pas ne pas nous interroger, bien plus encore, sur celle de demain, car la vie ne va pas de soi !

Le cinquantenaire de l’émission le Jour du Seigneur que nous fêtons aujourd’hui nous reporte très exactement aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale. Il nous rappelle donc qu’alors la vie a resurgi des destructions et des hécatombes, et qu’alors des peuples jusque là résolument ennemis ont réouvert ensemble des chemins de vie, et de vie commune. L’Alsace et Strasbourg, qui vous accueillent aujourd’hui, ont vécu dans leur chair, douloureusement mais victorieusement, ce passage de guerre à la paix, de la mort à la vie.

Bienfait et bonheur, ici, de la communication ! Car c’est bien de cela, n’est-ce pas qu’alors il s’agissait : permettre la communication, rétablir la communication – et par là faire oeuvre de vie là précisément où toutes communications, et la vie même, avaient été détruites.

… Mais toutes les communications sont-elles pour la vie ?

Croire.

Pour vivre et pour communiquer la vie, il faut avoir des raisons de le faire. Or les vraies raisons de vivre sont toujours de l’ordre du croire. Un grand médecin me le disait un jour : « Moi, quand ça marche, je prolonge mes malades dans l’existence ; mais je ne leur donne pas de raisons de vivre ; ça, c’est votre boulot, à vous les curés ! » Je laisse bien sûr à son auteur la responsabilité de ce propos. Mais il est bien vrai : 1) qu’on ne peut pas vivre longtemps sans croire : sans croire en ceci ou en cela, sans donner sa confiance à celui-ci ou à celui-là ; et 2) que la foi chrétienne propose bel et bien, pour sa part, des raisons de croire qui sont autant de raisons de vivre, d’aimer la vie et d’espérer en elle.

Dans la première lecture de cette messe, le prophète Isaïe nous a invités à croire que « toutes les nations seront un jour admises au somptueux repas qui inaugurera le fin du règne de la mort ». Formidable message : l’Alliance jadis conclue au Sinaï entre Dieu et son Peuple, et scellée dans un repas, n’est pas réservée à quelques privilégiés ! Et l’Evangile que nous avons entendu ensuite est venu le confirmer : fondée sur la totale prévenance et l’absolue bonté divines, la proposition d’alliance de Dieu est pour la vie : pour la vie de chaque humain et toute l’humanité.

Le Dieu de notre foi est un Dieu vivant, et qui invite à sa table de vie : il veut communiquer la vie, qui est sa vie même. A nous de le croire, si nous le voulons bien ! Je crois en Dieu le Père de la vie, tout-puissant et créateur ; je crois en Jésus-Christ, son Fils unique Notre Seigneur, qui est mort et ressuscité pour notre vie ; je crois en l’Esprit Saint qui est Seigneur et donne la vie, j’attends la résurrection de la chair et la vie éternelle… Et je me réjouis qu’aujourd’hui, comme chaque dimanche depuis cinquante ans, la télévision communique ce message d’une foi qui ne veut elle-même que communiquer la vie.

Célébrer.

Or voici que ce qu’ainsi nous nous efforçons de vivre au nom de ce que nous croyons, il nous est donné de le célébrer, ici et maintenant. De le célébrer : par cette eucharistie d’anniversaire : en un moment de la vie de ce diocèse où celui-ci entre dans une démarche synodale liée à son réaménagement pastoral d’ensemble ; et au coeur d’une Europe dont les Institutions fondatrices viennent elles-mêmes de fêter leur propre cinquantenaire. Cela ne fait-il pas bien des raisons de célébrer et de nous réjouir ?

Que les beaux fruits de la plantureuse et généreuse Alsace, qui seront dans un instant processionnellement apportés en signe d’offrande et qui, à la fin de cette célébration, seront communiqués à tous les participants, soient pour nous le signe et le gage des bénédictions du Dieu qui nous invite à célébrer et à partager dans la foi sa propre vie !

Que grandisse en nous, frères et soeurs, le désir de vivre et de croire, de célébrer et de communiquer- et que le Seigneur Dieu veuille bien nous en faire la grâce ! Amen.

Références bibliques :

Référence des chants :

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