L’été est une période privilégiée pour les rencontres, les rassemblements et après les différentes périodes d’isolement que nous avons vécu, nous étions heureux de nous retrouver en famille ou entre amis. Mais dans certaines de ces rencontres, reconnaissons qu’il a été difficile, sinon impossible de pouvoir échanger librement sur différents sujets qui sont devenus très sensibles, tant les positions de certains se sont radicalisées, nous entrainant malheureusement vers un nous toujours plus petit.
Voilà pourquoi, il devient indispensable et urgent de nous interroger sur notre relation à l’autre pour aller « vers ce NOUS toujours plus grand » auquel nous appelle le Pape François.
Les lectures d’aujourd’hui nous rappellent que le penchant de l’homme pour l’exclusion, que son inclinaison à s’attacher à ses privilèges ou ses prérogatives, sont bien antérieurs à notre société actuelle, et que depuis toujours l’homme est naturellement enclin à juger, à condamner et à exclure l’autre pour préserver ce qu’il considère comme des privilèges qui lui reviennent, qu’ils soient spirituels ou matériels.
Jésus et Moïse, face à ces situations n’excluent pas. Ils sont dans l’espérance que Dieu fasse de tout son peuple, un peuple de prophètes et de disciples.
Ils invitent à ne pas se laisser enfermer sur nous-même, dans la méfiance qui isole, dans les certitudes qui excluent, mais au contraire à nous réjouir du don de Dieu offert à tous, à faire confiance à l’autre. Et peu importe l’importance du geste fait, aux yeux de Jésus, comme pour celui qui le reçoit, un simple verre d’eau est déjà beaucoup.
Cette confiance en chacun s’exprime dans la réponse de Jésus, « Ne l’en empêchez-pas ». Cette parole, pleine du dynamisme de l’Evangile, nous appelle à une conversion de nos manières d’agir, de regarder et d’accueillir le monde qui nous entoure avec cette même confiance, pour constituer un « NOUS » toujours plus grand qui ne soit pas simplement l’addition de nos « JE », mais un vrai projet commun où toute personne humaine aura le droit à la même dignité, à la même justice.
Ainsi, « Ne l’empêchez pas », de Jésus, peut se traduire pour nous aujourd’hui de diverses manières :
Ne l’empêche pas de parler celui qui ne pense pas comme toi mais écoute-le, il a peut-être un point de vue différent qui peut t’éclairer et te faire avancer.
Ne l’empêche pas celui qui ne fait pas partie de ton cercle habituel, de venir te rencontrer, de te faire partager ce qui le fait différent de toi, ensemble vous pourrez peut-être construire quelque chose de nouveau.
Ne l’empêche pas, l’étranger, le migrant celui qui a une culture différente de la tienne, une religion que tu ne connais pas, de t’approcher pour découvrir en lui, avec lui, des richesses que tu ne soupçonnes pas et qui vous feront grandir tous les deux.
Ne l’empêche pas ce bénévole, qui ne partage pas les mêmes motivations que toi, mais qui, comme toi, a le désir d’accueillir, de promouvoir toute personne humaine quel que soit son histoire, ses origines. Ensemble vous irez plus loin.
Cette conversion à laquelle nous appelle Jésus peut paraitre radicale, inaccessible,
Et encore plus dans notre diocèse, notre département, touchés par deux fois, par des actes de violence aveugle, traumatisants qui ont suscité peur et colère. Et pour ceux qui ont été plus particulièrement touchés ou blessés par ces actes, cet appel que Jésus nous adresse aujourd’hui peut être encore plus difficile à entendre, douloureux même. Cependant, en tant que chrétien, si nous voulons briser la chaine de la violence, nous ne pouvons répondre à la haine par la haine, à la peur par l’exclusion, mais bien par des gestes d’amour et de solidarité.
Nathalie et Bruno ont répondu à cet appel en accueillant des demandeurs d’asile chez eux, Aline en devenant bénévole pour SOS Méditerranée afin de sensibiliser à ce drame humain, Jannick en récoltant nourriture et vêtements pour les migrants bloqués à la frontière et bien d’autres encore qui sont les maillons de cette grande chaine de solidarité.
Frères et sœurs, demandons à Jésus, pour nous tous, pendant cette eucharistie, de nous donner en abondance son Esprit d’amour, de justice et de paix, pour qu’il apaise nos peurs, guérisse nos blessures, ouvre notre cœur à la richesse de l’autre, à la joie de construire ensemble, un NOUS plus grand, un monde plus juste, une humanité plus fraternelle, ainsi ensemble nous réaliserons ce rêve immense de Dieu, que tous les hommes soient frères en son Fils Jésus. Amen