Dieu est-il avec nous ou bien n’y est-il pas ? Vous me direz : ce n’est pas une question à poser dans une église, voyons ! Vous en êtes sûrs ? Qui a prononcé cette phrase ? Bien sûr, ce sont les Hébreux, dans le désert. Nous venons d’en entendre le récit. Oui, mais parmi nous, qui a prononcé cette phrase ou plutôt, qui, parmi nous, n’a pas prononcé cette phrase un jour ou l’autre ?
Quand on est accablé de malheur. Ou, toi qui es en terminale, tu es le seul de la classe à croire en Dieu. Est-ce toi qui as raison ? Pour cette maman à qui on vient d’apprendre que son cancer ne lui laisse que quelques mois à vivre pour nous, à force de regarder notre monde qui va mal, la question se pose : « Dieu est-il vraiment avec nous ou bien n’y est-il pas ? » Où est Dieu ? Que fait-il ? Pouvons-nous encore lui faire confiance, nous appuyer sur ce Dieu qui semble sourd et muet ?
Oui, il est des jours où espérance, foi, confiance sont des mots qui semblent appartenir à une langue étrangère. Non, je ne dis pas cela pour semer le doute dans les coeurs. Je le dis, parce que nous sommes ensemble dans une église, comme beaucoup de chrétiens, le dimanche, précisément pour fortifier notre foi. Je le dis parce que, parmi vous, chers amis invisibles qui êtes devant votre écran de télévision, il en est sûrement qui se posent cette question radicale de la foi et qui n’arrivent pas à répondre. Je le dis parce que, dans cette église Saint-Thomas, vous êtes là aujourd’hui tous les huit, jeunes et adultes qui allez célébrer votre baptême, à Pâques prochain. À la question que tout le monde se pose Dieu est-il vraiment avec nous ou bien n’y est-il pas vous avez répondu « Oui, je crois » et vous demandez à entrer dans la communauté de ceux qui croient. Je le dis parce que, ce dimanche, deux textes magnifiques sont proposés à notre méditation, pour éclairer cette question de la foi. Deux textes : le premier moins connu, la tentation des Hébreux au désert. Le deuxième très connu, la rencontre de Jésus avec la Samaritaine.
Le premier. L’histoire se passe à Réphidim, en plein désert, quelque part entre l’Égypte et Israël. Moïse guide la marche du peuple, hommes, femmes, enfants, troupeaux, de campement en campement, de point d’eau en point d’eau. Mais à l’étape de Réphidim, l’eau manque. En plein désert, en pleine chaleur, pas d’eau, pour tout ce monde. C’est dramatique. La panique a pris tout le peuple. Ils s’en prennent à Moïse : « C’est bien joli de nous avoir fait fuir l’Egypte, mais si c’est pour nous faire mourir en plein désert ».
La mutinerie contre Moïse vise quelqu’un d’autre : « Qui est ce Dieu dont tu nous as parlé, tu nous as dit qu’il nous conduit à la liberté, ne va-t-il pas plutôt nous faire crever de faim et de soif dans ce désert aride ? ».
Le récit continue. Le narrateur dit que Moïse se mit à crier vers Dieu. Que vais-je faire pour ce peuple qui va me lapider ? Dieu répond : « Prends ton bâton, frappe ce rocher sur lequel je suis. Il en sortira de l’eau pour abreuver le peuple. »
L’intention du croyant qui a raconté cet événement est très claire. Cette eau qui jaillit, c’est la soif apaisée d’abord. C’est encore plus la certitude retrouvée que Dieu est là au milieu de son peuple. Certitude qui nous est proposée à nous aussi : Même au désert l’eau peut jaillir. Même dans nos déserts où nous nous croyons seuls, Dieu est là, avec nous. Même dans le désert terrible de la maladie, dans le désert brûlant de la mort, dans le désert glacial de la solitude, la source de la vie et de l’amour n’est pas tarie.
Marie-Noëlle Thabut, qui commente si bien les textes de la Bible nous dit que le peuple d’Israël se rappellera longtemps cet épisode de Réphidim. En disant de Dieu qu’il est le « Rocher d’Israël ». Et elle ajoute, nous aussi les chrétiens, nous avons une manière de le rappeler lorsque nous disons « Amen ». Ce mot hébreu signifie : oui, je crois, c’est solide c’est ferme comme le rocher. J’y crois dur comme pierre !
Même au désert, l’eau peut jaillir, et même en Samarie ! C’est le deuxième texte. Jésus a proposé « l’eau vive » de sa Parole de Salut à une Samaritaine. Cela a étonné tout le monde, les apôtres les premiers, cela a étonné la Samaritaine elle-même. « Comment toi, un Juif, tu me parles à moi, une Samaritaine ? » En effet, les Juifs détestaient les Samaritains. Ils leur vouaient une haine séculaire. D’abord, parce que les Samaritains étaient pour eux un peuple de bâtards. Les purs Juifs les méprisaient. De plus, ils étaient pour eux un peuple hérétique puisqu’ils ne fréquentaient pas le temple de Jérusalem et qu’ils allaient prier sur le Mont Garizim. Si bien que certains Juifs pieux croyaient rendre grâce à Dieu en détestant les Samaritains. Et c’était une injure de jeter à quelqu’un le nom de Samaritain, à plus forte raison le nom de Samaritaine !
Voilà où Jésus met les pieds. Et c’est cette femme samaritaine que Jésus va aborder Une femme trois fois impure, parce qu’elle est femme, parce qu’elle est samaritaine, parce que c’est une femme légère : les maris se succèdent à la maison. Et vous savez la suite : au terme d’un dialogue que nous n’avons pas le temps de rappeler, il va lui proposer « l’eau vive » de sa Parole. « L’eau que je te donnerai deviendra comme une source jaillissant en toi pour la vie éternelle » Et la Samaritaine n’aura pas de mots assez forts pour inviter les gens de son village : « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait, ne serait-il pas le Messie ? ».
Le message est clair : même en Samarie, l’eau peut jaillir. Jésus propose gratuitement l’eau vive de la Bonne Nouvelle à tous les hommes sans exception, à commencer par les Samaritains et les Samaritaines.
Chers amis catéchumènes qui nous faites l’amitié d’être au milieu de nous, accueillez ce message, cette Bonne Nouvelle. Dans trois semaines, on célèbrera votre baptême. D’ici là, je vous souhaite de marcher joyeusement vers le puits où Jésus vous attend. Il est assis sur la margelle. Vous l’entendrez vous dire ce jour-là : « L’eau de ton baptême, l’eau que je te donnerai deviendra comme une source jaillissant en toi pour la vie éternelle. ».
Références bibliques :
Référence des chants :