« Demeurez dans mon amour.» Cette parole magnifique du Seigneur est comme un résumé de tout son Évangile ! Laissons-nous pénétrer par ce que Jésus veut nous dire.
« Demeurez dans mon amour.» Jésus offre un port à notre errance. Après avoir longtemps navigué, nous cherchons un port où trouver enfin le repos. Beaucoup d’entre nous ont pu connaître ou subissent encore l’errance d’une vie sans but ; certains souffrent de ne pas savoir ce qui fonde leur travail, leur relation avec autrui ; d’autres encore vivent en dehors d’eux-mêmes, en quête continuelle d’une paix intérieure. Jésus veut offrir à tous un port, une demeure : son amour? Tant il est vrai qu’être aimé fonde la vie, et être aimé sans mesure, à la mesure de Dieu, fonde la vie de l’éternité. Comment sortir de l’errance, de la longue attente, pour demeurer dans l’amour de Dieu ?
Jésus lui-même nous explique. Pour demeurer dans son amour, il faut d’abord prendre conscience de ce qu’il nous dit : «Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. » Jésus, investi de tout l’amour, de toute la tendresse, de la miséricorde sans borne de son Père, Jésus ne cesse de nous donner son amour. Tout ce que Jésus a reçu de son Père, il nous l’a donné. Il n’a rien gardé pour lui. Arrêtons-nous un instant ! Nous, si faibles, nous, pécheurs, pouvons-nous imaginer être aimés ainsi ? Jésus fait de nous plus que des serviteurs – « serviteur », ce titre est déjà si grand ? il fait de nous des « amis. » Plus encore : établis dans son amour, il nous élève au rang de fils et filles de Dieu. Alors, mes frères et mes soeurs, n’ayons pas peur, laissons-nous aimer par Dieu ! Nous trouverons le repos.
«Demeurer dans mon amour.» Il y a un autre versant à découvrir dans ce bonheur que Jésus nous offre. Après avoir dit : «Comme le Père m’a aimé, je vous ai aimés.», il ajoute : «Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres.» Voilà l’originalité, la nouveauté de l’amour chrétien. Aimer, comme Jésus aime, aimer comme Dieu aime? Alors monte vite du coeur cette interrogation : est-ce possible ? Aimer sans mesure, aimer d’éternité, nous le désirons bien, mais notre amour est trop étroit ! Désolante constatation ! Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus l’avouait elle-même : « Seigneur, vous savez que jamais je ne pourrai aimer mes soeurs comme vous les aimez». Mais vite elle ajoute en écho à l’évangile de ce jour : «Je ne le pourrai si vous-même, O mon Jésus, ne les aimez en moi» Voilà l’amour chrétien : Dieu aime en moi. Avec notre consentement, il dépose en notre amour tout son amour qui va rayonner sur les autres. Il y a alliance entre son amour et notre amour. Dieu n’a pas peur d’agir ainsi. Rien ne l’arrête, ni la petitesse de notre coeur, ni les résistances, ni les peurs qui nous habitent? Il vient et nous nous ouvrons alors à tous les hommes quels qu’ils soient. Avec lui, en lui, nous commençons à les aimer fraternellement. Voilà la demeure enfin trouvée : l’amour du Seigneur rend fécond notre amour pour nos frères et nos soeurs ! «Rien ne cause autant de joie que d’être aimé», dit le Père Lagrange, écho à l’exultation du Seigneur lui-même : «Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous, et que vous soyez comblés de joie.» Joie de tout recevoir et de tout donner ! Cette joie éclaire aujourd’hui la fête des mères : joie de donner la vie, joie d’accompagner des êtres à travers leurs faiblesses et leurs lumières jusqu’à leur accomplissement. Comme le dit Jésus : «Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux que l’on aime». Ne jamais s’arrêter en chemin conduit à la joie parfaite. Cette joie parfaite sera toujours celle de la croix victorieuse, celle de la résurrection.
Références bibliques :
Référence des chants :