Il est mystérieux notre visage. Toujours offert aux regards, il nous permet d’être reconnu et il traduit nos sentiments. Aussi il est normal qu’il se protège et, souvent, pour avoir bonne figure, il fait de la figuration, il fait semblant.
Mais lorsqu’il livre le plus intime, notre vrai visage apparaît dans toute sa beauté et s’accorde à notre nom propre. Alors nous sommes vraiment nous-mêmes et pas un figurant qui joue un rôle.
Jésus n’est jamais en figuration et il ne se transfigure pas lui-même ; il est transfiguré par son père. Et il nous invite à nous laisser transfigurer. À la Transfiguration, Jésus est en prière avec son Père, et l’Esprit l’illumine de bonheur. Pierre, Jean et Jacques découvrent que la prière de Jésus éclaire son visage de sa force d’aimer.
Cela nous concerne aussi.
Frères et soeurs qui vous préparez au baptême, la merveille de la foi, c’est que le Père nous donne son Fils, Jésus, et que Jésus nous donne son Père. Ce don transfigure nos vies et nous sauve. Et déjà, aujourd’hui, en recevant la prière du Notre Père, vous participez à la joie de ce don vital et vous le réveillez en nous
Le Père nous donne son Fils. Il nous le donne pour qu’il nous transfigure ; pour que nos coeurs abandonnent ce qui nous défigure : mensonge, jalousie, violence, honte, culpabilité. Alors, la voix du Père nous dit : «Écoutez-le». Cet homme transfiguré est mon Fils, le Serviteur souffrant choisi pour donner sa vie pour tous.
Écoutez-le quand il vous appelle à devenir frères, à partager, à bâtir la paix, à pardonner.
Écoutez-le car il dit la même chose que Moïse et Élie, mais il l’accomplit. En vivant les paroles de ces grands témoins de la première Alliance, il les transfigure et scelle la Nouvelle Alliance. Avec eux il parle de sa mort, son départ, son Exode. Il vivra sa Passion et sa Pâque comme un passage douloureux vers la vie.
Écoutez-le quand dans sa sueur de sang et sa mort, sa défiguration, il remet sa vie entre les mains du Père.
Écoutez son visage ressuscité révéler le pardon du Père qui fait renaître.
Le Père nous donne son Fils à écouter, car il est sa vivante Parole. Et en retour, Jésus nous donne son Père pour le bonheur de vivre.
Oui, Jésus nous donne son Père qui devient notre Père. Quand les apôtres demandent à Jésus de leur apprendre à prier, il les invite à dire : «Notre Père». Et c’est toujours sur la parole de Jésus que nous osons dire : Notre Père.
Frères et soeurs catéchumènes, vous allez recevoir cette prière. L’Église vous la transmet, comme elle nous l’a confiée, pour que notre visage soit transfiguré en fils du même Père et en frères.
Et le Père donne toujours la vie, même quand les épreuves, les désespoirs et les souffrances font penser qu’il la reprend et nous oublie… Même à l’heure de la mort, pour que notre dernier exode ne soit pas un exil, mais la rencontre du Visage si ardemment désiré, notre origine et notre fin.
Amis défigurés et souffrants, en ce carême, n’ayez pas peur.
Quand l’obscure nuée nous recouvre et que nous sommes saisis de frayeur, laissons la Parole du Père illuminer nos vies et donner à nos visages leur vraie beauté.
À tout moment, dans un murmure, le Père nous donne sa Parole : « Tu es mon enfant. » Je te donne la vie. Je te pardonne. Je te transfigure.
Références bibliques :
Référence des chants :