Cette multiplication des pains est un récit bien connu des chrétiens dès l’âge du caté. Il est tiré du chapitre 6 de St Jean, et la partie que nous avons entendue n’est que la première des 3 étapes que St Jean veut nous faire traverser. Pour lui, qui ne parlera pas de la sainte Cène du Jeudi Saint à Jérusalem, il est probable qu’il le remplace par cette catéchèse fabuleuse dont nous venons de lire le premier temps. Etape 1 : la multiplication des pains qui est décrite comme une anticipation symbolique de l’Eucharistie du Jeudi Saint (Voyez les termes employés : Jésus rend grâce, il donne les pains et il reste 12 paniers de surplus). Viendra ensuite, dans ce chapitre 6, une 2ème étape : la traversée du lac : en barque –c’est-à-dire en Eglise pour les Apôtres- mais en marchant sur l’eau pour Jésus. Marcher sur les eaux, c’est aussi impossible humainement que marcher sur la mort : c’est pourtant ce que Jésus fera le Vendredi Saint. La mer est ici un symbole de la mort. Et troisième temps : l’immense discours du Pain de Vie, que nous entendrons les 4 dimanches à venir de ce mois d’août, que Jésus prononce dans la synagogue de Capharnaüm : « Je suis le Pain de Vie », « qui mange ma chair » etc… : paroles inaccessibles à la raison humaine, et qui ne s’éclairent qu’à la lumière de la Résurrection du Seigneur, le jour de Pâques. Ce sont des paroles pascales ! Et St Jean nous y prépare en nous disant : « La Pâque, la fête des Juifs, était proche ». Et nous pourrions entendre à la lumière de cette catéchèse symbolique : « la Pâque des chrétiens est toute proche » Oui. Toute proche de la Pâque juive ! Avec Jésus-Christ en plus !

Ce jour-là donc, Jésus voit une foule immense le suivre. « Il lève les yeux » pour la voir : c’est étonnant : comme si elle lui était donnée par le Père ! Et il met à l’épreuve Philippe en lui lançant un vrai faux défi : « Où acheter du pain pour tant de monde ? ». Jésus savait bien ce qu’il allait faire, mais il met à l’épreuve son Eglise qui doit comprendre à un autre niveau ce qui va se passer. Philippe est décontenancé par la question de Jésus et heureusement André intervient : « J’ai trouvé 5 pains et 2 poissons avec un petit garçon, mais c’est vraiment trois fois rien pour tant de gens ». Jésus attendait cette parole, humainement raisonnable pour agir sur un terrain qui transcende la raison, le terrain de la Révélation : « faites –les asseoir ». Comme on s’assoirait à une table. Jésus prend les 5 pains, « rend grâce » à son Père (« eucharistesas» en grec !) et les distribue à la foule. Avec les 3 fois rien de ce petit enfant, Jésus nourrit 5000 hommes !
La foule mange ce pain dont personne ne sait d’où il vient et les disciples en ramassent le surplus : comme par hasard : 12 couffins, 12 comme le nombre des enfants de Jacob, comme les 12 Apôtres et comme les 12 mois de l’année : c’est le Pain pour le temps de l’Eglise, c’est symboliquement l’Eucharistie, nourriture des disciples jusqu’à la fin des temps.
Autrement dit, s’il n’y avait eu cet enfant, ce miracle ne se serait pas déroulé. Et qu’a-t-il apporté ? : 3 fois rien ! C’est comme cela que commence le mystère de l’Eucharistie : si nous n’apportons pas, comme des enfants, nos 5 pains et nos 2 poissons, nos 5 peines et nos 2 joies, nos 5 péchés et nos 2 hontes, nos 5 blocages et nos 2 résistances, le Seigneur ne peut pas faire l’Eucharistie. C’est toute notre vie dont il veut faire une action de grâce. C’est toute sa vie qu’il veut nous donner. Et il le fera, au jour de sa Pâque, en son temps. Aujourd’hui devant cette foule affamée, c’est un symbole, demain c’est un sacrement !

Face à ce signe prophétique, la foule veut le faire roi car s’il est le Prophète attendu, c’est lui qui rétablira la royauté en Israël au détriment des romains. Et Jésus -c’est la fin de notre Evangile- se retire, seul, dans la montagne. Car son heure n’est pas venue. Son heure sera celle de la Croix, car c’est sur la croix et seulement là qu’il acceptera le titre de ROI.

Aujourd’hui, dans notre pays, nous avons aussi une foule qui est venue : une foule de 206 nations, formée d’athlètes, de supporters, de touristes et de spectateurs des Jeux Olympiques de Paris. Notre Eglise va leur apporter ses 5 pains et ses 2 poissons, ses 3 fois rien qui représentent notre don et notre mission. « Holy Games » est ce projet de l’Eglise pour soutenir cette fraternité universelle et ce désir de trêve et de paix qui relève « plus haut, plus vite, plus fort » le sens de ces Jeux. A travers des accueils culturels et cultuels dans nos paroisses, par des concerts festifs et des projets d’évangélisation en Ile de France, par le service et l’écoute des athlètes à l’aumônerie du Village Olympique et par l’accompagnement des personnes en précarité ou handicapées dans des activités sportives et des stades, nous demandons au Seigneur que personne ne soit oublié ; ni les « dieux du stade », ni les petits. La fête est pour tous, car le Seigneur nous comble de ses biens.

 

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