Je remercie aussi Monseigneur Bernard Lagoutte qui, le 7 juin dernier, mâavait écrit pour me donner les détails concernant le déroulement de cette cérémonie. Dâailleurs, Monseigneur Lagoutte, qui était venu au Liban au moment où les reliques de sainte Thérèse recevaient la vénération des fidèles de toutes les communautés chrétiennes, et même de quelques musulmans libanais, a pu constater la ferveur et lâenthousiasme avec lesquels ses reliques ont été vénérées, dans toutes les paroisses du Liban.
Je suis heureux dâêtre à Lisieux en ce temps de festivité, dâautant plus que câest la première fois quâil mâa été donné de visiter ce lieu sanctifié par la vie de cette Sainte, et de prononcer lâhomélie dans cette basilique où de grands Pontifes et dâillustres Prélats se sont succédés. Je ne peux mâempêcher de citer Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II qui, évoquant sa visite de cette basilique, a dit dans sa Lettre apostolique pour la proclamation de la Sainte, Docteur de lâÉglise universelle : « Moi-même, en différentes circonstances, jâeus la joie dâévoquer la figure et la doctrine de la sainte, spécialement à lâoccasion de mon inoubliable visite à Lisieux, le 2 juin 1980, quand jâai voulu rappeler à tous : « De Thérèse de Lisieux, on peut dire avec conviction que lâEsprit de Dieu a permis à son cÅur de révéler directement aux hommes de notre temps, le Mystère fondamental, la réalité de lâÉvangile⦠La « petite voie » est la voie de la « sainte enfance ». Dans cette voie, il y a quelque chose dâunique, un génie de sainte Thérèse de Lisieux. »
Notre liturgie maronite nous fait lire en ce dimanche qui est le second, après la fête de lâExaltation de la Croix, quelques versets de la première épître de saint Paul aux Corinthiens où il parle de la résurrection des morts. Il dit entre autre : « Chaque jour je meurs ». Tout de suite après, il affirme ceci : « Si les morts ne ressuscitent pas, mangeons et buvons, car demain nous mourrons. Ne vous y trompez pas : les mauvaises compagnies corrompent les bonne mÅurs. »
Il me semble, après avoir parcouru lâÅuvre complète de sainte Thérèse de Lisieux, quâelle a mis en application, dans sa vie quotidienne, cette parole de saint Paul. Chaque jour, elle mourait avec le Christ. Pourtant, chaque jour, elle rayonnait de joie. Suivre le Christ, câest porter la croix avec Lui. Câest dâailleurs Lui-même qui lâa affirmé en disant : « Qui ne prend pas sa croix et ne vient pas à ma suite nâest pas digne de moi. Qui aura trouvé sa vie la perdra et qui aura perdu sa vie la trouvera. » (Matthieu X, 38-39)
À parcourir la vie de cette Sainte, on sâaperçoit que dès son enfance, elle semblait être prédestinée à la sainteté. Ses parents avaient créé dans leur foyer un climat de piété. Jamais ils ne laissaient traîner sur les tables, ou les chaises, des journaux ou des revues qui blessent la pudeur chrétienne. Elle nâavait pas encore quinze ans, quand « à lâoccasion dâun pèlerinage en Italie, après avoir visité la Maison de Lorette et la ville éternelle, lors de lâaudience accordée par le Pape aux fidèles du diocèse de Lisieux, le 20 novembre 1887, elle demande avec une audace filiale à Léon XIII de pouvoir entrer au Carmel à lââge de quinze ans »
Son vÅu a été exaucé. Et sa vie de religieuse a commencé sous le signe de la croix. Elle se souciait non seulement de ses sÅurs dans la religion, de sa communauté carmélite, mais aussi de toute lâÉglise. Sa charité nâavait pas de bornes. Elle sâimposait des sacrifices pour tous, afin de les aider à sauver leurs âmes. Elle élevait des prières en faveur des prêtres partis en mission dans des pays lointains. En outre, elle avait un culte particulier à la Sainte Vierge. Câest pourquoi elle a été proclamée, à juste titre, patronne des missionnaires. Elle a même prié pour un condamné à mort pour lâaider à se repentir. « Elle est arrivée à la maturité de la sainteté en pleine jeunesse », a dit Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II.
Douée dâune intelligence exceptionnelle, elle a laissé une Åuvre littéraire très riche : des poèmes, des saynètes, des récits de voyage et dâautres genres littéraires. Son autobiographie « Histoire dâune âme » constitue un récit des plus émouvants. En partant de son pays, la France, pour lâItalie, rien ne lui échappe des beautés de la nature quâelle décrit avec un talent admirable. Bien plus, la description de son audience avec le Pape Léon XIII, lorsquâelle lui demande de lui accorder la faveur dâentrer au Carmel avant dâavoir atteint lââge canonique, a un charme particulier. Mais, lâessentiel nâest pas là. On le trouve dans sa doctrine spirituelle qui a, selon Jean-Paul II, « contribué à la croissance du Royaume de Dieu ». À ce propos, Sa Sainteté sâexprime en ces termes : « Par son exemple de sainteté, de fidélité parfaite à lâÉglise, de pleine communion avec le Saint-Siège de Pierre ainsi que les grâces particulières quâelle a obtenues pour de nombreux frères et sÅurs missionnaires, elle a rendu un service tout particulier au renouvellement de lâannonce et de lâexpérience de lâÉvangile du Christ et de lâexpansion de la foi catholique dans toutes les nations de la terre.»
Le rayonnement que connaît sainte Thérèse de lâEnfant-Jésus et de la Sainte-Face est, croyons-nous, dû à cette enfance spirituelle qui fait venir tout de Dieu et le fait retourner à Lui pour demeurer en Lui qui est le premier et le dernier, « lâAlpha et lâOméga » (Apocalypse I, 8). Quâil soit loué à jamais par ses Saints.
Amen
Références bibliques :
Référence des chants :