Par Julia Itel – Publié le 17/08/2023

Thérèse de Lisieux, aussi connue sous le nom de sainte Thérèse de l'Enfant Jésus et de la Sainte Face, et l'une des figures spirituelles les plus marquantes de l'Église catholique. À travers son ouvrage, Histoire d’une âme, elle expose une spiritualité de la « petite voie », marquée par la simplicité et la confiance en l’amour de Dieu.  


Qui est sainte Thérèse de Lisieux ?

Enfance

Marie Françoise Thérèse naît le 2 janvier 1873 à Alençon dans une famille marquée par la mortalité infantile. Sur neuf enfants, seuls cinq survivent. Thérèse, la cadette, grandit donc entourée de ses quatre sœurs Marie, Pauline, Léonie et Céline. Ses parents, Louis et Zélie Martin, sont respectivement horloger et dentelière et mettent au cœur de leur vie de couple et de famille leur foi catholique. 

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À quatre ans, sa mère meurt d'un cancer du sein, ce qui pousse son père à se rapprocher de sa famille située à Lisieux, en Normandie. Louis Martin installe ses cinq filles dans la maison bourgeoise des Buissonnets. Très affectée par le décès maternel, la petite Thérèse est régulièrement traversée par des crises de larmes, difficiles à calmer. Cinq ans plus tard, lorsque sa sœur aînée Pauline, ayant veillé sur elle comme une mère de substitution, entre au Carmel, les crises s'aggravent et Thérèse tombe malade. Mais alors qu'on pensait ses jours comptés, le 13 mai 1883, elle voit la Sainte Vierge lui sourire : elle est instantanément guérie. 


Naissance d’une vocation

Baignant dans une atmosphère familiale emplie de dévotion et de piété (ses quatre sœurs vont toutes choisir la vie religieuse), Thérèse ressent très tôt l'envie de se dédier à Jésus. Au moment où Pauline entre au couvent, Thérèse qui a neuf ans est certaine que Dieu la veut : « Non pour Pauline, mais pour Jésus seul. » Lors de sa première communion, le 8 juin 1884, elle se donne tout entière à l'amour de Jésus. Mais c'est la nuit de Noël 1886 que Thérèse vit ce qu'elle nomme sa « complète conversion » : d'abord enjouée à l'idée d'ouvrir ses cadeaux au retour de la messe de minuit, elle entend son père fatigué prononcer : « Enfin, heureusement que c'est la dernière année ! ». En larmes, elle monte dans sa chambre. Toutefois, cela la libère d’un seul coup du poids de l’enfance dans laquelle elle était enfermée depuis la mort de sa mère. Elle ravale ses larmes et, pleine de force et de courage, redescend joyeusement au salon pour ouvrir ses présents.

Quelques mois plus tard, elle demande à son père d'entrer au Carmel. Bien que celui-ci approuve sa décision, le supérieur des carmélites l'oblige à attendre ses 16 ans. Loin de se démonter, Thérèse convainc son père de partir en pèlerinage à Rome pour rencontrer le pape et lui demander d'intercéder en sa faveur. L'affaire étant en cours d'étude, le pape Léon XIII ne se prononce pas. Il faut attendre le retour à Lisieux et que le 1 janvier 1888, Thérèse reçoive par courrier une lettre de l'évêque lui annonçant la nouvelle tant espérée. Elle entre au Carmel le 9 avril suivant

Au cours du voyage à Rome, Thérèse prend conscience de sa vocation. Déjà « assoiffée » par le désir d’accompagner la conversion des pécheurs, sa fréquentation des prêtres lui font réaliser que ces derniers peuvent être, eux aussi, faibles. Elle souhaite alors devenir apôtre des apôtres, comme Marie Madeleine, pour « sauver les âmes et surtout prier pour les prêtres ». 


Au Carmel de Lisieux

La vie au Carmel de Lisieux, fondé en 1836 mais dont la création de l'ordre remonte au XIIe siècle, est marquée par un temps long de prière, par l'austérité et le dépouillement. Affectée au réfectoire, Thérèse endure tout et se place dans la continuité de saint Jean de la Croix : « Oui, la souffrance m'a tendu les bras et je m'y suis jetée avec amour ». 

C'est après la maladie mentale de son père, puis sa mort, douloureuse pour la jeune religieuse, que celle-ci se met à écrire, d'abord des petites saynètes de théâtre et de la poésie. En mars 1896, Thérèse tombe malade et crache du sang : elle est atteinte de la tuberculose, incurable à l'époque. Elle qui vit dans la confiance totale en la miséricorde divine subit soudain une épreuve mystique. Elle n'arrive plus à prier et ne ressent plus la présence de Dieu. Elle continue pourtant à accomplir son travail dans la confiance et l'amour, jusqu'à la fin. C'est à cette époque qu'elle découvre la voie de l'enfance spirituelle


La spiritualité de la « petite voie »

Histoire d'une âme

À la demande de sa sœur Pauline, devenue prieure en 1893, Thérèse consigne à l'écrit son expérience et sa pensée. Elle meurt le 30 septembre 1897, dans la souffrance et la peur. Pourtant, ses derniers mots inspirent la confiance et l'espérance : « Jésus, je vous aime ». Ses trois manuscrits autobiographiques son publiés à titre posthume, compilés en un seul volume par les sœurs. Histoire d'une âme paraît en 1898 et devient rapidement un succès littéraire. C'est dans ce récit que nous découvrons la spiritualité de la « petite voie », qui met l'accent sur la simplicité, l'humilité et la confiance en Dieu. 

Thérèse est convaincue que même les actions les plus petites et les plus ordinaires peuvent être offertes à Dieu avec amour. Elle qui souhaite dès le plus jeune âge devenir sainte enseigne que la voie vers la sainteté n'est pas nécessairement basée sur des actes héroïques ou extraordinaires, mais plutôt sur une vie quotidienne vécue avec un cœur pur et une intention d'amour envers Dieu. Malgré les difficultés de la vie qui amènent leur lot de souffrance, Thérèse y voit des opportunités de grandir dans l'amour et l'union avec Dieu. Elle écrit que « tout est grâce » et que même les moments difficiles peuvent être transformés en occasions de croissance spirituelle. Enfin, la petite Thérèse souligne l'importance de la confiance en Dieu comme un enfant confiant en son père. C'est ce qu’elle nomme « l’enfance spirituelle »


Une popularité grandissante

La popularité de Thérèse de Lisieux se traduit dans l'afflux de pèlerins vers Lisieux dès 1913 après que des récits de guérison miraculeuse se diffusent. Celle-ci s'accroît davantage pendant la Première Guerre mondiale quand des milliers de soldats cherchent dans son intercession espérance et confiance. Attirant de plus en plus de fidèles, un projet de construction d'une basilique à Lisieux est démarré en 1929. Elle est aujourd'hui considérée comme le deuxième centre de pèlerinage catholique en France, après Lourdes.

À voir « Dévotion aux reliques de sainte Thérèse »

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Thérèse de Lisieux, sainte et docteur de l'Église

Alors qu'il faut généralement attendre 50 ans après la mort d'un catholique dont la doctrine ou la spiritualité est influente, Thérèse de Lisieux est béatifiée en 1923 par Pie XI puis canonisée en 1925 devant 50 000 personnes. En 1927, elle est proclamée patronne des missions puis, en 1980, Jean Paul II la déclare 36e docteur de l’Église (elle est la troisième femme à recevoir ce titre). En 2008, Benoît XVI béatifient les époux Martin et François décident de les canoniser sept ans plus tard. 

Louis et Zélie Martin : le couple saint

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