Surnommée "la petite soeur des pauvres", Soeur Emmanuelle a vécu de 1908 à 2008. Enseignante, religieuse et écrivaine, elle a oeuvré pour les plus démunis tout au long de sa vie.

Qui est Soeur Emmanuelle ?

Une vocation religieuse née tôt

Soeur Emmanuelle est née le 16 novembre 1908 à Bruxelles, elle s'appelle alors Madeleine Cinquin. Elle grandit entre la Belgique, Londres et Paris. Son enfance est profondément marquée par le décès de son père à la plage, victime d'une noyade accidentelle en mer alors qu'elle a six ans. Soeur Emmanuelle déclare qu'inconsciemment, sa vocation religieuse est née à ce moment.

Au moment de choisir des études, Madeleine Cinquin veut aller à l'Université catholique de Louvain. Seulement, sa mère est contre : selon elle, elle y serait trop oisive. Alors que sa fille se tourne vers la religion, elle veut l'en détourner et lui fait rencontrer la responsable du couvent de Notre-Dame de Sion, à Londres. Toutefois, cette rencontre renforce la volonté religieuse de Madeleine Cinquin qui devient là-bas postulante à la congrégation de Notre-Dame de Sion, en 1929, dont l'une des missions est d'instruire les enfants pauvres.


Dieu avec nous

Deux ans plus tard, le 10 mai 1931, après ses études de philosophie et de sciences religieuses, elle prononce ses voeux et choisit le nom de Soeur Emmanuelle, "Dieu avec nous" en hébreu. "À ce moment, j'ai le sentiment très fort que ma vie à un sens, alors qu'elle n'en avait pas avant. Où est-ce que j'allais ? Tout ça ne servait à rien. Maintenant je sais ce que je fais, pourquoi je le fais, je vois le résultat, alors je suis toujours enthousiaste", confie au Jour du Seigneur Soeur Emmanuelle, dans une interview de 2006.

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Quarante ans d'enseignement

Le premier poste de Soeur Emmanuelle en tant qu'enseignante est en Turquie, à Istanbul, dans une école pour jeunes filles au sein d'un quartier pauvre. Puis, de 1954 à 1959, elle part à Tunis, en Tunisie, où elle s'occupe des filles de Français. Mais cette place ne lui convient pas car elle lui semble trop déconnectée de sa mission. Soeur Emmanuelle repart à Istanbul plusieurs mois, avant d'aller en Egypte, de 1964 à 1971. Elle enseigne au collège de Sion à Alexandrie. Là-bas, elle décide d'arrêter les cours de philosophie, et de s'occuper des filles d'un quartier égyptien défavorisé.


Une retraite avec les chiffonniers égyptiens

En 1971, Soeur Emmanuelle se retrouve à la retraite. Elle s'installe alors au Caire pour continuer ce à quoi elle a dédié sa vie : aider les plus démunis. Elle voulait, à l'origine, aider les lépreux mais cette volonté fut compliquée par des démarches administratives, alors elle décide d'aller vivre dans un bidonville, auprès des chiffonniers. On peut lire certains passages de sa vie dans son livre "Chiffonnière avec les chiffonniers". Sur place, elle aide les habitants du bidonville au quotidien, en créant notamment des dispensaires, des écoles et même un réseau d'eau et d'électricité. Elle cherche également des médicaments contre le tétanos qui, à l'époque, est responsable de la mort de quatre bébés sur dix en Egypte.


Création de l'Asmae

Afin de financer ses projets humanitaires auprès des enfants du monde entier, elle crée, en 1980, l'Asmae, l'Association Soeur Emmanuelle. À partir de 1984, elle part faire des conférences en Europe et aux États-Unis avec un objectif en tête : réunir 30.000 dollars pour construire une usine à compost et des logements.

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"Noces de diamant" avec la religion

Soeur Emmanuelle fête ses 60 ans de vie religieuse en 1991. C'est à cette occasion que le président d'Egypte, Moubarak, lui offre la nationalité égyptienne, en guise de remerciement pour son engagement au sein du pays. Elle passe en tout 22 ans au sein du bidonville et raconte y avoir vécu les plus belles années de sa vie. En effet, c'est là qu'elle a pu découvrir le vrai sens du mot "amour" et la joie du don.

En 1993, Soeur Emmanuelle rentre définitivement en France. Elle écrit plusieurs livres avec sa nièce Sofia Stril-Rever, elle donne des conférences dans les écoles et vit à la Maison de repos des religieuses de Notre-Dame de Sion à Callian, dans le Var. Elle décède là-bas, le 20 octobre 2008, à 99 ans.