Jean Paul II, né Karol Wojtyla, est le 264e pape de l’Église catholique. Premier pape non italien depuis 5 siècles, son pontificat (1978-2005) est l’un des plus longs et des plus notables de l’histoire de la papauté.
Qui est Jean Paul II ?
Jeunesse
Karol Josef Wojtyla naît à Wadowice (aujourd'hui Cracovie), en Pologne, le 18 juin 1920. Il est le fils d’un sous-officier de l’armée austro-hongroise, puis lieutenant dans l’armée polonaise. Orphelin de mère à l’âge de 9 ans, il perd ensuite son frère aîné trois ans plus tard de la scarlatine. Il grandit dans une famille catholique pratiquante.
Karol est un élève studieux, brillant, qui se passionne pendant son adolescence pour le théâtre. Enfant de chœur, il voue à la Vierge Marie un culte sans pareil et déclare trouver auprès d’elle le réconfort et la force dont il a besoin. Il est ainsi élu président de la Confrérie de Marie en 1936 et dévoue une partie de son temps libre à la méditation et à la prière.
Seconde Guerre mondiale
Le 1er septembre 1939, la Seconde Guerre mondiale éclate et la Pologne est envahie par l’armée allemande. Karol, qui a commencé des études de philosophie, est initié par Jan Tyranowski au groupe du Rosaire et à la spiritualité carmélite.
En parallèle, il travaille comme ouvrier dans la mine de Zakrzowek puis à l’usine chimique de Solvay. Les conditions de travail sont alors difficiles mais il apprend beaucoup de son passage ici, considérant celui-ci comme la « meilleure école de la vie ». Il continue également le théâtre, de manière clandestine car censuré par l’occupant, et donc élève cet art au rang de lutte contre l’oppression.
En 1941, son père dont il est très proche décède. Cet événement le pousse à confirmer sa vocation sacerdotale.
La voie sacerdotale
En octobre 1942, Karol Wojtyla entre au séminaire clandestin de Cracovie pour y suivre des cours de théologie (l’armée allemande a interdit aux Polonais de former des nouveaux prêtres). Il continue à travailler à l’usine de Solvay. S’il a, un temps, considéré entrer au carmel, un de ses amis l’a encouragé à rester plutôt impliqué dans la sphère sociale.
Fin 1944, Karol est tonsuré selon le rite médiéval et reçoit les ordres mineurs. Après avoir reçu son diaconat, il est ordonné prêtre en 1946 juste avant d’être envoyé à Rome par le cardinal Sapieha pour terminer sa formation. Il y apprend l’italien, le français et l’espagnol et s’intéresse, pendant ce temps d’étude, à la spiritualité de saint Jean de la Croix, à qui il consacre une thèse.
Lorsqu’il revient dans son pays en 1948, la Pologne est passée sous le contrôle des Soviétiques qui exercent une certaine pression sur la religion catholique et ses représentants. Le jeune prêtre, reconnu pour être proche des jeunes, assume d’abord la charge de vicaire aux paroisses de Niegowie et de Saint-Florian à Cracovie, il se consacre ensuite à une deuxième thèse qui lui permet d’obtenir l’habilitation à enseigner à l’université. Enseignant d’éthique sociale à la faculté de théologie de la Jagellonne, fermée par le pouvoir communiste, il obtient ensuite le poste de professeur à la chaire de morale de l’Université de Lublin.
Le 28 septembre 1958, à l’âge de 38 ans, il est nommé évêque de Pologne par Mgr Wyszynski. Il choisit pour devise « Totus tuus » (Tout à toi), empruntée à saint Louis-Marie Grignion de Montfort dont la pensée l’a fortement influencé lorsqu’il était encore séminariste. De 1962 à 1965, il participe activement aux sessions du concile Vatican II. Remarqué pour la défense du texte Gaudium et spes, il est nommé en 1964 archevêque de Cracovie par Paul VI puis cardinal trois ans plus tard afin de le récompenser de sa frénétique activité pastorale en Pologne. En plus de ses publications, de ses conférences et nombreuses interventions, il organise en 1972 le synode de Cracovie qui rassemblent depuis un an plusieurs groupes d’études composés de fidèles sur différentes problématiques auxquelles l’Église est confrontée.
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Jean Paul II, 264e pape
Le 6 août 1978, Paul VI succombe à une crise cardiaque. Il est remplacé par le cardinal archevêque de Venise, Jean Paul Ier. Mais à peine 33 jours plus tard, ce dernier meurt subitement. Un nouveau conclave est organisé : Karol Wojtyla devient le 264e pape de l’histoire catholique le 16 octobre 1978. Il est le premier pape non italien à être élu depuis 5 siècles mais, surtout, il est le premier pape polonais. Dans une période marquée par la guerre froide et l’oppression des catholiques au sein du bloc soviétique, l’élection de Jean Paul II (en hommage à ses prédécesseurs) envoie un signal fort.
Jean Paul II est un pape charismatique, dévoué à sa tâche, qui a largement contribué à revitaliser l’Église en cette fin de XXe siècle. Fervent défenseur des droits de l’homme, il a replacé au cœur du catholicisme la dignité intrinsèque de l’être humain et a condamné toute forme d’idéologie politique oppressant l’individu et ses libertés.
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Un pontificat dans la continuité de Vatican II
La réforme de l’Église
Jean Paul II, qui s’est beaucoup investi pendant le concile Vatican II, a souhaité pendant son pontificat ouvrir l’Église au monde moderne et d’adapter la doctrine à la vie actuelle des chrétiens.
Il commence ainsi par réformer la Curie romaine, c'est-à-dire l’ensemble des organismes lui servant à gouverner l’Église catholique, par le biais de la constitution apostolique Pastor Bonus en 1988. Il a permis à la Curie de s’internationaliser : 64 pays sont représentés parmi les cardinaux. Ainsi, bien qu’il continue d’affirmer l’autorité de l’évêque de Rome, il reconnaît l’universalité de l’Église.
Le pape a également encouragé la collégialité et a montré le souci de consulter l’ensemble de l’épiscopat mondial pour la rédaction du Code de droit canonique (1983) et le Catéchisme de l’Église catholique (1992) afin de renforcer la place faite aux laïcs et aux femmes dans l’Église.
Dialogue interreligieux
Véritable apôtre de la fraternité, Jean Paul II veille également à établir des passerelles avec le reste du monde. Il a ainsi rétabli un dialogue avec le judaïsme en rencontrant notamment de nombreux représentants des communautés juives ou en effectuant un pèlerinage en Terre sainte.
Le pape a aussi souhaité se rapprocher des autres religions, comme l’islam et le bouddhisme.
Dialogue œcuménique
Dans sa mission apostolique, le pape est chargé d’assurer l’unité chrétienne et donc d’encourager le dialogue œcuménique. Il rencontre ainsi régulièrement des représentants du monde orthodoxe et protestant.
Le pape des droits de l’homme
Ayant grandi dans une Pologne opprimée dans ses libertés les plus fondamentales, le pape Jean Paul II est particulièrement sensible au respect des droits de l’homme. Dès sa première encyclique, Redemptor hominis (1979), il insiste sur la rédemption et la dignité de l’être humain. Il ne s’adresse ainsi pas seulement aux catholiques mais à tous les hommes.
L’humanisme chrétien dont il fait preuve lui permet de dénoncer tout système politique et économique moderne qui porterait atteinte au respect fondamental de la personne. Il condamne ainsi tout autant le communisme que le capitalisme, tous deux vus comme des sources de souffrance et d’aliénation pour l’individu. Il défend une démocratie éclairée et rejette un capitalisme abusif causant la pauvreté et la faim dans le monde. Du côté soviétique, il soutient ouvertement en Pologne le syndicat Solidarnosc et ses nombreuses visites dans son pays natal ayant renforcé l’identité catholique du peuple ont probablement contribué à la chute du pouvoir communiste.
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Dans la mesure où le pape, en tant que « seule puissance morale » reconnue dans le monde, a également développé de nombreuses relations diplomatiques avec les États, avec l’ONU et avec plusieurs organisations internationales, ce qui a contribué à diffuser médiatiquement son message.
L’universalisation de la mission pastorale
Jean Paul II a donc énormément voyagé durant son pontificat : il a visité 129 pays et a rencontré les catholiques sur tous les continents possibles. Cette posture de « pape-pèlerin » lui a permis d’universaliser et d’étendre la mission papale à l’échelle du globe.
Lors de ses voyages, il effectue des visites dans des grands centres de pèlerinage catholiques. Il veille aussi à développer son activité missionnaire dans des endroits peu touchés par le catholicisme, comme l’Asie, les grands centres urbains, ou les jeunes. En 1985, il crée les Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) qui deviennent très populaires et rassemblent encore aujourd'hui des centaines de milliers de participants. Il renforce enfin la foi au niveau local en Amérique latine et en Afrique.
Mort et canonisation de Jean Paul II
Le 13 mai 1981, Jean Paul II est victime d’un attentat à Rome. Gravement blessé, le pape est forcé à une longue convalescence. Sa santé se détériore ensuite au cours des années 1990 ; il subit six opérations et on lui diagnostique la maladie de Parkinson. En 2005, il est hospitalisé pour une laryngotrachéite aigüe, suivie d’un choc septique et d’un collapsus cardiovasculaire. Refusant une hospitalisation, le pape tombe dans le coma et s’éteint le 2 avril à l’âge de 84 ans.
L’annonce de sa mort engendre des rassemblements partout dans le monde et des commémorations de chefs d’État. Lors de ses funérailles à Rome, plus de trois millions de fidèles viennent rendre un dernier hommage au « sportif de Dieu ». Ce jour-là, la foule demande la sanctification de Jean Paul II (« Santo subito ! », Saint tout de suite !) et la cause de béatification et de canonisation est ouverte quelques mois plus tard. Jean Paul II est béatifié le 1er mai 2011 et canonisé le 27 avril 2014 par le pape François.
Benoît XVI lui succède.
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