Georges Bernanos est un écrivain français. La religion est au coeur de ses romans, dont l'un des personnages principaux est souvent un prêtre. Il est notamment l'auteur d'un Journal d'un curé de campagne, publié en 1936. Retour sur sa vie, remplie de contradictions.
Qui est Georges Bernanos ?
Georges Bernanos est né en 1888 à Paris et mort en 1948 à Neuilly-sur-Seine. Il a passé de nombreux séjours dans une maison de campagne appartenant à son père, à Fressin (Pas-de-Calais), là où il dit "avoir passé les meilleurs jours de son enfance et de sa jeunesse". Les paysages du Nord de la France l'ont profondément marqué et le lecteur les retrouve dans beaucoup de ses écrits. "Mes grands-parents recevaient beaucoup de prêtres (...) qui venaient passer quelques jours de vacances à Fressin (...)", relate-t-il.
"J'ai été élevé dans le respect, l'amour, mais aussi la plus libre compréhension possible, non seulement du passé de mon pays, mais de ma religion. Comprendre pour aimer, aimer pour comprendre, c'est bien là probablement notre plus profonde tradition spirituelle nationale. (...) Dans ma famille catholique et royaliste, j'ai toujours entendu parler très librement, et souvent très sévèrement, des royalistes et des catholiques. Je crois toujours qu'on ne saurait réellement servir, au sens traditionnel de ce mot magnifique, qu'en gardant vis-à-vis de ce qu'on sert, uen indépendance de jugement absolu. C'est la règle des fidélités sans conformisme, c'est-à-dire des fidélités vivantes." - Extrait de la Révolte de l'Esprit : écrits de combat
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Des études de droit à la Première Guerre mondiale
L'engagement pour la Nation
Après son lycée, il fait des études de droit à l'Institut catholique de Paris. Catholique fervent, il développe à côté son attrait pour l'Action française, un mouvement politique nationaliste et royaliste d'extrême droite, dont il rejoint le groupe d'étudiants en 1906. Dès l'année suivante, il publie sept nouvelles dans Le Panache, une revue royaliste illustrée. Il devient aussi membre du Cercle Proudhon, un groupe de réflexion nationaliste monarchiste. En 1913, il se retrouve à la tête de L'Avant-garde de Normandie, un hebdomadaire nationaliste en Haute-Normandie chapeauté par l'Action française. Ses articles seront repris dans une publication posthume en 1971, Les Essais et les écrits de combat. Il écrit beaucoup sur la Nation, une valeur qui selon lui est suprême, et qui englobe celle de "peuple" et dépasse celle de la "patrie". Selon lui, la France a une mission divine.
La Grande Guerre
Pendant la Première Guerre mondiale, en 1915, l'écrivain part au front, dans les tranchées. Il est blessé à plusieurs reprises. Le thème du combat ressortira beaucoup dans ses futurs ouvrages, mais aussi celui de l'affaiblissement. En 1917, Georges Bernanos se marie avec Jeanne Talbert d'Arc, une lointaine descendante d'un frère de Jeanne d'Arc. Ils ont six enfants ensemble.
Premiers succès littéraires
Bernanos, écrivain
À son retour de la guerre, il travaille dans une compagnie d'assurance, jusqu'en 1926, année de publication de son roman Sous le soleil de Satan. Le personnage principal, l'abbé Donissan, est inspiré du curé d'Ars, un prêtre tourmenté. Le livre sera adapté plusieurs décennies plus tard, en 1987, par Maurice Pialat. Trois ans plus tard, il reçoit le prix Femina pour La joie. En 1926 toujours, il prend la défense de l'Action française condamnée par le Vatican. Mais il finit par quitter le mouvement, en 1930, le jugeant trop sectariste.
En 1931, il publie La Grande Peur des bien-pensants dans lequel il dénonce la domination de l'argent et "la démission de la France". À partir de 1935, il écrit pour l'hebdomadaire Marianne, en étant contre l'opposition gauche-droite. Cela fait alors déjà un an qu'il habite aux Baléares avec sa famille. Là-bas, il rédige un roman policier, Un crime, où on lit, à travers une enquête judiciaire, un cheminement spirituel. L'un de ses plus grands succès est publié en 1936 : Journal d'un curé de campagne, pour lequel il reçoit le Grand prix du roman de l'Académie française. Le personnage principal raconte son arrivée ennuyeuse dans une paroisse, sur un fond constant de spiritualité.
Dénonciation du franquisme
Quand surgit la guerre civile espagnole, Bernanos qui réside toujours aux Baléares, écrit Les Grands Cimetières sous la lune, un livre ouvertement anti-franquiste qui fait bondir l'extrême droite lors de sa sortie en 1938. En effet, s'il a un temps été favorable à Franco au début de la guerre, Bernanos est ensuite révolté par la répression populaire qui sévit, soutenue par une partie du clergé espagnol.
Engagement contre le fascisme
Exil au Brésil
En 1937, l'écrivain retourne en France. Un an plus tard, dégoûté par le comportement des hommes politiques français face à Hitler en Allemagne, il s'exile au Brésil, en Amérique du Sud. Là-bas, il écrit un journal intime, Les Enfants humiliés (publié seulement après sa mort), une ôde à l'esprit d'enfance et l'insoumission qu'il suggère. En 1940, il soutient la France libre après l'appel lancé par Charles de Gaulle depuis Londres, le 18 juin.
Retour en France après la Libération
Il revient en France cinq ans plus tard, en juillet 1945. Charles de Gaulle lui propose d'être ministre, ce qu'il refuse. Il refuse également la Légion d'honneur trois fois, ainsi que de rejoindre l'Académie française. "Quand je n'aurai plus qu'une paire de fesses pour penser, j'irai l'asseoir à l'Académie", avait-il déclaré. En France, il enchaîne les articles et les conférences. Des extraits de ses discours seront publiés après sa mort dans La liberté pour quoi faire ? et Français si vous saviez.
Il passe la dernière année de sa vie en Tunisie, où il écrit beaucoup sur la vie et la mort, des idées que l'on peut lire dans Dialogues des carmélites, un scénario cinématographique. C'est le père Bruckberger qui lui suggère d'adapter La Dernière à l'échafaud de Gertrud von Le Fort en dialogue. Il tombe malade en terminant cet ouvrage, considéré comme le "testament spirituel de Bernanos", et meurt quelques mois plus tard d'un cancer du foie, le 5 juillet 1948 à Neuilly. Il avait 60 ans.
Écrivain et catholique
L'oeuvre de Bernanos contient 24 publications, dont 8 romans, 3 nouvelles et 13 essais de combat. Écrivain anti-conformiste, visionnaire, qui a défendu avec force ses valeurs issues du christianisme et, plus spécifiquement, de la religion catholique. En effet, il écrit sur le Bien et le Mal, avec comme essence la foi chrétienne. Dans Sous le soleil de Satan par exemple, "le prêtre essaye tout : il fait des séances de mortifications épouvantables, se flagelle, etc. Ce prêtre doit se rendre compte à un moment donné qu'il est malgré tout le véhicule de la grâce, à travers même ses faiblesses", explique Benoît Lobet. "Ce prêtre va avoir, en confessant, une capacité à réconcilier les gens avec eux-mêmes et avec la vie qui est extraordinaire (...) Le diable, Satan, n'aura pas eu le dernier mot."