Par Julia Itel – Publié le 12/09/2024

Bernadette Soubirous (1844-1879) est connue pour avoir été témoin de 18 apparitions de la Vierge Marie en 1858, à la grotte de Massabielle, à Lourdes. Ces visions ont profondément marqué l’histoire religieuse et fait de Lourdes un lieu de pèlerinage mondialement reconnu. Malgré la célébrité qui l'entoura, Bernadette choisit une vie humble et discrète, entrant en religion à Nevers, où elle passa ses dernières années. Canonisée en 1933, elle reste un symbole de foi et d’humilité pour l’Église catholique.

 

Qui est Bernadette Soubirous ?

Une enfance misérable

Bernadette Soubirous naît le 7 janvier 1844 au moulin de Boly, dans la petite bourgade de Lourdes. Se trouvant dans les Hautes-Pyrénées, Lourdes représente une halte sur la route qui mène aux stations thermales de la région. Ses parents, François Soubirous et Louise Castérot, ont neuf enfants dont seulement cinq survivent. Son père est meunier mais en 1854, il se crève l’œil en repiquant ses meules et ne peut plus travailler. Cet événement tragique signe le début d’une longue période difficile pour la famille. 

En 1855, la population de Lourdes est touchée par une épidémie de choléra (dont Bernadette garde sa vie durant un asthme chronique et douloureux). Puis, un an plus tard, les mauvaises récoltes provoquent une famine dans la région ainsi que la faillite du père de Bernadette au moulin d’Arcizac. Contraints de quitter leur domicile, les Soubirous s’entassent au « Cachot », un taudis situé rue des Petits-Fossés au sein d’une ancienne prison désaffectée et insalubre.  

Tandis que Louise Soubirous doit travailler comme blanchisseuse et son père comme brassier, Bernadette garde ses frères et sœurs à la maison. Elle ne fréquente ni l’école ni le catéchisme et est donc illettrée. Mais lorsque son père est arrêté puis emprisonné (huit jours) pour vol de farine en mars 1857, Bernadette doit contribuer à l’économie familiale. D’abord serveuse de cabaret chez sa tante, Bernadette est ensuite placée comme servante de ferme dans une ville voisine, chez son ancienne nourrice.

 

La foi malgré tout

Malgré cette vie de misère, les parents de Bernadette transmettent à leurs enfants une foi inébranlable. En 1858, la jeune Bernadette Soubirous, fascinée depuis toujours par les images de saints habitant l’église paroissiale, souhaite se faire elle aussi une place dans la société. Elle exprime ainsi son désir d’apprendre à lire et de préparer sa première communion. Elle rejoint donc la classe gratuite des religieuses du village. 

 

Les apparitions mariales de Lourdes

Le 11 février 1858, la mère de Bernadette demande à sa fille, alors âgée de 14 ans, d’aller chercher du bois mort. La jeune fille se rend le long de la rivière du Gave, accompagnée de sa sœur Toinette et d’une amie, Jeanne Abadie. Lorsqu’elles arrivent au niveau du rocher de Massabielle, un endroit peu recommandé où l’on garde les porcs, Bernadette se déchausse afin de traverser le cours d’eau. Entendant une rumeur, elle tourne sa tête vers une petite grotte. C'est là qu'elle aperçoit une « dame » (surnommée Aquero qui signifie « cela » en patois) vêtue de blanc, avec qui lui sourit sans lui parler : 

« Je vis une Dame habillée de blanc: elle avait une robe blanche et une ceinture bleue et une rose jaune sur chaque pied, couleur de la chaîne de son chapelet. Quand j’eus vu cela, je frottai mes yeux; je croyais me tromper. Je mis la main dans ma poche; j’y trouvai mon chapelet. Je voulais faire le signe de la croix; je ne pus pas porter la main au front: elle m’est tombée. La vision fit le signe de la croix. Alors, ma main tremblait; j’essayai de le faire et je pus. J’ai passé mon chapelet; la vision faisait courir les grains du sien, mais elle ne remuait pas les lèvres. Quand j’eus fini mon chapelet, la vision disparut tout d’un coup. »

Contrant l’interdiction de sa mère d’y revenir, Bernadette se rend à la grotte une seconde fois. Ce n’est qu’à la troisième que la dame se met à lui parler : 

« Elle me dit si je voulais y aller pendant quinze jours; je répondis que oui. Elle me dit que je devais dire aux prêtres d’y faire construire une chapelle; ensuite, elle me dit que je devais aller boire à la fontaine. N’en voyant pas, j’allai boire au Gave. Elle me dit que ce n’était pas là: elle me fit signe avec le doigt, en me montrant la fontaine. J’y fus; je ne vis qu’un peu d’eau sale; j’y portai la main. je ne pus pas en prendre; je me mis à gratter; après, je pus en prendre. Pendant trois fois je l’ai jetée, à la quatrième fois je pus en boire. Ensuite la vision disparut et je me retirai. J’y revins pendant quinze jours; la vision parut tous les jours à l’exception d’un lundi et d’un vendredi. Elle me répéta plusieurs fois que je devais dire aux prêtres qu’il devait s’y faire une chapelle et d’aller à la fontaine pour me laver et que je devais prier pour la conversion des pécheurs. »

Jusqu'alors cachant son identité, la dame se présente le 25 mars en disant : « Que soy era Immaculada Councepcion » (« Je suis l’Immaculée Conception »). Lorsqu’elle rapporte ces propos à l’abbé Peyramale, celui-ci est bouleversé. Jusqu'alors sceptique quant à l’authenticité de ces apparitions, la révélation s’avère être extraordinaire. En effet, non seulement celle-ci précède de quatre années la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception par Pie IX mais la jeune fille, simple et peu instruite, n’aurait pas pu connaître cette expression théologique par elle-même. 

Au total, Bernadette est témoin de 18 apparitions entre le 11 février et le 16 juillet 1858, au cours desquelles la Vierge Marie lui livre trois secrets que Bernadette ne doit révéler à personne. Les apparitions attirent rapidement l'attention, suscitant scepticisme et ferveur, et amènent Lourdes à devenir l’un des plus grands lieux de pèlerinage catholique au monde.

Lourdes, un chemin de résurrection

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La vie religieuse

Après les apparitions, Bernadette est propulsée malgré elle sous les feux des projecteurs. Elle est ainsi « la première sainte photographiée ». Les visions de Bernadette Soubirous fascinent et questionnent. Une enquête pour vérifier la véracité de son témoignage est ouverte. Elle doit répondre aux questions de la justice, de la médecine, de l’Église et de la presse. Pourtant, comme elle le rappelle : « Je suis chargée de vous le dire, pas de vous le faire croire ». Elle ne cherche ni gloire ni reconnaissance. Au contraire, la jeune fille aspire à une vie de simplicité et de recueillement. Elle veut avant tout servir Dieu dans l'humilité et la prière, en restant fidèle au message de la Vierge Marie qu'elle a reçu.

Sa santé fragile la pousse également à rechercher un environnement calme et spirituel. En entrant en 1866 au couvent des Sœurs de la Charité de Nevers, le siège de la maison-mère des religieuses chez qui elle a pris refuge à Lourdes, Bernadette trouve un lieu où elle peut vivre sa vocation dans le silence et l'obéissance, loin de l'effervescence régnant autour des apparitions. Elle prend le nom de sœur Marie-Bernard et accepte humblement les souffrances de sa santé défaillante, offrant ses douleurs à Dieu dans un esprit de sacrifice et de dévotion. La vie religieuse est donc pour elle une manière de répondre à l’appel intérieur qui l’a guidée tout au long des apparitions et de se consacrer entièrement à Dieu, dans l’esprit de pénitence et de service que la Vierge Marie lui avait demandé.

 

Canonisation de sainte Bernadette

Bernadette Soubirous meurt le 16 avril 1879, à l'âge de 35 ans, au couvent de Saint-Gildard à Nevers. Ses dernières paroles auraient été : « Sainte Marie, Mère de Dieu, priez pour moi, pauvre pécheresse, pauvre pécheresse. » 

Après sa mort, son corps est exhumé plusieurs fois et découvert dans un état de conservation intact, un phénomène qui renforce sa réputation de sainteté. Depuis le 18 juillet 1925, celui-ci est exposé au public à Nevers. Bernadette y repose dans une châsse de verre, au sein d’une chapelle du jardin du couvent. Elle est canonisée en 1933 par le pape Pie XI.

Le corps intact de Bernadette : promesse d'éternité pour tous

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Le Sanctuaire de Notre-Dame de Lourdes

En 1862, lorsque l'Église reconnaît officiellement le caractère sacré des apparitions, le diocèse de Tarbes acquiert la grotte de Massabielle et les terrains environnants afin d'y ériger un site de pèlerinage consacré à la Vierge Marie. Traversé par le Gave, le Sanctuaire Notre-Dame de Lourdes s’étend désormais sur 52 hectares et compte 22 lieux de culte. Il abrite tous les ans plusieurs pèlerinages dont le plus connu est celui du Rosaire.