Du 7 au 26 juillet, vivez le festival d’Avignon avec les frères dominicains Thierry Hubert (producteur du Jour du Seigneur), Rémi Vallejo et Charles Desjobert, animateurs des rencontres « Foi et Culture ». Spectacles, témoignages, réflexions sur le va-et-vient incessant entre le théâtre et la spiritualité … Chaque jour, retrouvez leur chronique sur cette manifestation du 6e art, qui compte parmi les plus importantes au monde.
Cette année, le premier artiste associé de la 76e édition du Festival d’Avignon, c’est le vent ; un mistral qui ne cesse de s’engouffrer dans les rues, les ruelles et les places, faisant claquer les oriflammes aux armes de la Cité des papes ; un vent dont il est tradition de dire, en Provence, qu’il rend fou.
Pour la première du “Moine noir” d’après une nouvelle d’Anton Tchekov, c’est ce vent de folie qui, tournoyant dans la cour d’honneur du Palais des papes, concourait à offrir aux spectateurs une dimension exceptionnelle à la mise en scène du dissident russe Kirill Serebrennikov.
La folie créatrice a-t-elle encore sa place, dans un monde qui, cherchant à tout « normaliser », n’engendre finalement qu’une stérile idiotie ?
Sous la plume du médecin Tchekov, fin analyste des errances de l’âme humaine, un jeune et bouillonnant écrivain incarne ce dilemme : “Je devenais fou, j’avais la folie au corps, mais j’étais gai, énergique et même heureux, j’étais intéressant et original. Maintenant je suis devenu plus raisonnable, plus grave, mais je suis comme tout le monde : je suis médiocre, la vie m’ennuie…” Dans une diffraction de la nouvelle de Tchekov, selon le regard des différents personnages, le poète, l’épouse, le beau-père et l'apparition hallucinatoire d’un moine noir, véritable danse extatique de moines-derviches, la pièce déplace, ouvre à de nouvelles interprétations, renverse les jugements, comme l’apôtre Paul renverse les paradigmes lorsque la Folie de Dieu renverse la sagesse du monde (1Co1,25).
L’ouverture de ce festival est déjà comme un testament spirituel qu’Olivier Py nous offre avant de passer la main, en tant que directeur, à Tiago Rodrigues. La folie créatrice, consubstantielle au poète, ne saurait se compromettre sans se perdre; et avec elle, notre propre humanité, et c’est bien à ce titre que le dissident s’adresse in fine à tout un chacun : STOP WAR.
Frères Remy Vallejo et Thierry Hubert
“Le moine noir” : une mise en scène exceptionnelle dans la cour d’honneur du Palais des Papes
Cette année, le premier artiste associé de la 76e édition du Festival d’Avignon, c’est le vent ; un mistral qui ne cesse de s’engouffrer dans les rues, les ruelles et les places, faisant claquer les oriflammes aux armes de la Cité des papes ; un vent dont il est tradition de dire, en Provence, qu’il rend fou.
Pour la première du “Moine noir” d’après une nouvelle d’Anton Tchekov, c’est ce vent de folie qui, tournoyant dans la cour d’honneur du Palais des papes, concourait à offrir aux spectateurs une dimension exceptionnelle à la mise en scène du dissident russe Kirill Serebrennikov.
La folie créatrice a-t-elle encore sa place, dans un monde qui, cherchant à tout « normaliser », n’engendre finalement qu’une stérile idiotie ?
Un renversement des jugements
Sous la plume du médecin Tchekov, fin analyste des errances de l’âme humaine, un jeune et bouillonnant écrivain incarne ce dilemme : “Je devenais fou, j’avais la folie au corps, mais j’étais gai, énergique et même heureux, j’étais intéressant et original. Maintenant je suis devenu plus raisonnable, plus grave, mais je suis comme tout le monde : je suis médiocre, la vie m’ennuie…” Dans une diffraction de la nouvelle de Tchekov, selon le regard des différents personnages, le poète, l’épouse, le beau-père et l'apparition hallucinatoire d’un moine noir, véritable danse extatique de moines-derviches, la pièce déplace, ouvre à de nouvelles interprétations, renverse les jugements, comme l’apôtre Paul renverse les paradigmes lorsque la Folie de Dieu renverse la sagesse du monde (1Co1,25).
Folie créatrice et humanité
L’ouverture de ce festival est déjà comme un testament spirituel qu’Olivier Py nous offre avant de passer la main, en tant que directeur, à Tiago Rodrigues. La folie créatrice, consubstantielle au poète, ne saurait se compromettre sans se perdre; et avec elle, notre propre humanité, et c’est bien à ce titre que le dissident s’adresse in fine à tout un chacun : STOP WAR.
Frères Remy Vallejo et Thierry Hubert