Alors que le mistral souffle en Provence et que le feu ravage les alentours d’Avignon, faisant tomber des pluies de cendres sur la cité des Papes, c’est un vent de tempêtes qui secoue le Festival avec deux spectacles : “Shaeirat”, ou “Les Poétesses”, et “La tempesta” d’après “La tempête” de Shakespeare.
Dans “La tempesta”, sorte de digest de “La tempête” de Shakespeare, Alessandro Serra et sa troupe d’incroyables comédiens insufflent toute la tradition du théâtre italien, de la verve de la Comedia del Arte à l’esthétique de Giorgio Strehler, des tréteaux à la grande machinerie baroque. Avec une succession d’images saisissantes, voire stupéfiantes, au gré d’artifices scéniques étonnamment simples, comme l’utilisation de la lumière, d’un voile et d’objets ordinaires, l’intrigue pour le moins obscure chez Shakespeare devient tout à coup incroyablement lumineuse. Le jeu des comédiens, leurs expressions, tragiques, truculentes et poétiques, est tel qu’il permettrait presque - parfois - de se passer du verbe shakespearien - ce qui serait dommage.
À lire également
En fait, Alessandro Serra va à l’essentiel. Tout va vite, très vite, et parfois même un peu trop vite ; c’est un tourbillon de scènes et de saynètes où tout se bouscule et se contredit, se défait et se cache, puis se dévoile quand, suite à une déflagration - en l'occurrence un naufrage - toute chose retrouve finalement sa place lorsque le pardon s’impose, se donne et se reçoit. Dans une histoire d’usurpation de pouvoir qui, finalement se dénoue grâce à l’esprit des songes, voire d’une facétieuse magie, sorte de deus ex machina, l’intrigue anticipe la leçon de la “La vie est un rêve” de Pedro Calderon de la Barca : “nul ne perd rien à faire le bien même en rêve”. Ne n’y trompons pas, loin d’être un simple conte fantastique, autant que le conte puisse être simple, “La tempête” de Shakespeare est d’abord un geste politique, Alessandro Sera l’a bien compris et l’accomplit parfaitement. Une vraie leçon de théâtre !
À lire également
Sheairat, qui signifie poétesses, est un projet dyptique porté par Henri Jules Julien et qui vise à nous faire découvrir les voix féminines de la poésie arabe contemporaine qui s’élèvent dans la tempête d’un monde bouleversé. Quatre autrices portent elles-même leurs textes dans leur langue d’origine. Nous avons pu découvrir deux d’entre elles.
D’abord Carol Sansour avec "À la saison des abricots” nous a accueillis dans le jardin du lycée Saint-Joseph, qui fut comme un verger, une oasis de fraîcheur dans la fournaise d’Avignon. Christelle Saez nous en donnait la traduction française en écho. Cette prose s’ouvrait sur le récit de l’enterrement du Christ du Vendredi Saint, tradition très présente chez les chrétiens de Palestine. Avec son langage puissant et provocateur, Carol Sansour interpelle nos identités dans une dynamique qu’elle définie elle-même comme post-nationales, post-sexe et post-religion. À travers les événements du quotidien, à Jamila ou a Beit Jala, elle traverse la réalité de la guerre à l’écart de nos représentations occidentales.
La seconde performance se tint à l'intérieur du gymnase qui jouxte le jardin, puisque Asmaa Azaizeh, palestinienne d’une génération plus jeune, dans “Ne me croyez pas si je vous parle de la guerre”, convoque la vidéo pour porter les images de la violence de la guerre en Terre Sainte, accompagné par la musique d’Haya Zaatry. Dans une vie faite de ségrégation et d’apartheid, la poétesse cherche à dire honnêtement la complexité d’un monde sacré mais si porche parfois de l’inhumain.
Les frères dominicains en Avignon
Fr. Rémy Vallejo et Fr. Charles Desjobert
Dans “La tempesta”, sorte de digest de “La tempête” de Shakespeare, Alessandro Serra et sa troupe d’incroyables comédiens insufflent toute la tradition du théâtre italien, de la verve de la Comedia del Arte à l’esthétique de Giorgio Strehler, des tréteaux à la grande machinerie baroque. Avec une succession d’images saisissantes, voire stupéfiantes, au gré d’artifices scéniques étonnamment simples, comme l’utilisation de la lumière, d’un voile et d’objets ordinaires, l’intrigue pour le moins obscure chez Shakespeare devient tout à coup incroyablement lumineuse. Le jeu des comédiens, leurs expressions, tragiques, truculentes et poétiques, est tel qu’il permettrait presque - parfois - de se passer du verbe shakespearien - ce qui serait dommage.
À lire également
En fait, Alessandro Serra va à l’essentiel. Tout va vite, très vite, et parfois même un peu trop vite ; c’est un tourbillon de scènes et de saynètes où tout se bouscule et se contredit, se défait et se cache, puis se dévoile quand, suite à une déflagration - en l'occurrence un naufrage - toute chose retrouve finalement sa place lorsque le pardon s’impose, se donne et se reçoit. Dans une histoire d’usurpation de pouvoir qui, finalement se dénoue grâce à l’esprit des songes, voire d’une facétieuse magie, sorte de deus ex machina, l’intrigue anticipe la leçon de la “La vie est un rêve” de Pedro Calderon de la Barca : “nul ne perd rien à faire le bien même en rêve”. Ne n’y trompons pas, loin d’être un simple conte fantastique, autant que le conte puisse être simple, “La tempête” de Shakespeare est d’abord un geste politique, Alessandro Sera l’a bien compris et l’accomplit parfaitement. Une vraie leçon de théâtre !
À lire également
À Avignon, un festival peut en cacher un autre !
Sheairat, qui signifie poétesses, est un projet dyptique porté par Henri Jules Julien et qui vise à nous faire découvrir les voix féminines de la poésie arabe contemporaine qui s’élèvent dans la tempête d’un monde bouleversé. Quatre autrices portent elles-même leurs textes dans leur langue d’origine. Nous avons pu découvrir deux d’entre elles.
D’abord Carol Sansour avec "À la saison des abricots” nous a accueillis dans le jardin du lycée Saint-Joseph, qui fut comme un verger, une oasis de fraîcheur dans la fournaise d’Avignon. Christelle Saez nous en donnait la traduction française en écho. Cette prose s’ouvrait sur le récit de l’enterrement du Christ du Vendredi Saint, tradition très présente chez les chrétiens de Palestine. Avec son langage puissant et provocateur, Carol Sansour interpelle nos identités dans une dynamique qu’elle définie elle-même comme post-nationales, post-sexe et post-religion. À travers les événements du quotidien, à Jamila ou a Beit Jala, elle traverse la réalité de la guerre à l’écart de nos représentations occidentales.
La seconde performance se tint à l'intérieur du gymnase qui jouxte le jardin, puisque Asmaa Azaizeh, palestinienne d’une génération plus jeune, dans “Ne me croyez pas si je vous parle de la guerre”, convoque la vidéo pour porter les images de la violence de la guerre en Terre Sainte, accompagné par la musique d’Haya Zaatry. Dans une vie faite de ségrégation et d’apartheid, la poétesse cherche à dire honnêtement la complexité d’un monde sacré mais si porche parfois de l’inhumain.
Les frères dominicains en Avignon
Fr. Rémy Vallejo et Fr. Charles Desjobert